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[TOP 10] Mes dix films préférés de 2015 (10-6)

Tout est dans le titre, ma gueule.

10-  Star Wars : le Réveil de la Force.

Le Rey-veil de la Force.

« I’m a poor lonesome cow-girl… »

«  Le Réveil de la Force » est sans doute le meilleur 7 ème épisode de Star Wars qu’on était en droit d’espérer. En effet, il est certain que ce film est un immense « fan service », mais comment pouvait-il en être autrement ? Faire autre chose aurait été un démentiel pari et la bande à Jean-Jacques Abrams n’avait pas d’envie autodestructrice particulière. Alors soit, va pour le « fan service ». Quand il est aussi soigné, je ne peux qu’apprécier. Certes, la base du scénario est une copie quasiment conforme de l’Episode IV, mais c’est uniquement valable pour la base. Ne serait-ce que par ses détails (un clin d’œil, un décor, un dialogue….) et par un inattendu et merveilleux sens de l’humour, le film sait faire la différence.

Les nouveaux personnages ? Tous très bien écrits depuis le trop mignon BB8 jusqu’au très attachant Finn, en passant par le jeune loup du Premier Ordre, le général Hux et le beaucoup trop classe Poe Dameron. Oui, même Kylo Ren, ne vous en déplaise ! A mon sens, ce personnage si controversé est d’une complexité bienvenue et apporte un peu de nouveauté au sein d’une galerie de vilains cinématographique qui (j’en sais quelque chose) a parfois tendance à bégayer quelque peu.

Et nom d’un chien, une héroïne qui dézingue tous les clichés de genre du cinoche, qu’est-ce que ça fait du bien, putain ! Rey, sache que tu as fait une entrée fracassante sur le podium de mes personnages féminins préférés. Ça leur apprendra, aux abrutis phallocentrés, y compris ceux du marketing de Disney qui t’ont grossièrement oublié de la campagne de jouets. Que vous le vouliez ou non, c’est aussi grâce à des personnages comme celui-là qu’on fait avancer la condition féminine, ne serait-ce que parce que dans les cours de récré, les filles (et les garçons !) pourront avoir comme modèle une héroïne qui envoie de l’entrecôte.

Bon le neuf, d’accord, mais quid des anciens ? Et bien, ils sont excellent aussi, parce que le film a su avoir le nécessaire courage d’assumer leur vieillesse. Mention spéciale à la très émouvante Carrie Fisher, n’en déplaise aux imbéciles qui n’ont su que critiquer son physique dans un concours de bassesse méprisable. La relation Han Solo/Leia Organa est ici plus touchante que dans n’importe quel autre Star Wars, parce qu’elle est fragile et offre l’image d’un couple réaliste, au-delà du conte de fées. Harrison Ford respire toujours la classe et que dire de Luke, qui n’a sans doute jamais été aussi charismatique que dans les quelques secondes de cette scène finale….

Bref, il est jouissif de regarder un film où on sent que toute l’équipe a eu vraiment à cœur d’offrir quelque chose d’agréable à son public. Tout cela finit par rendre l’ensemble si sympathique qu’on en vient à facilement pardonner au film ses quelques faiblesses, comme par exemple la carte menant à Luke, l’un des plus bancal « MacGuffin » (un objet uniquement prétexte au déroulement du scénario) de l’histoire du cinéma.

Cependant, au final, Star Wars 7, ses failles et ses points forts, seront avant tout jugés à l’aune des épisodes 8 et 9. Aura-t-il lancé une superbe trilogie ou ne sera-t-il qu’une belle promesse ? Comme le disait joliment le fils de ma marraine : « Ce film, c’est comme le ‘du’ dans la phrase ‘je veux du fromage’ ». Une transition, en somme. Où il était nécessaire de reposer les bases. En espérant que le 8 sache apporter en originalité, en étant autre chose qu’un grossier plagiat du V (avec un petit « je suis ton frère »). D’un côté je redoute ce prochain film. De l’autre je l’attends avec l’impatience d’un gosse. Wait and see.

9-   The Lobster.

Homard m’a tuer.

« J’hésite toujours entre le papillon et le dos-crawlé… »

OFNI. Objet Filmé Non Identifié. Cette catégorie de films regroupe ces productions qui ne ressemblent à aucunes autres et dont vous sortez en vous disant : « what the fuck did I just see ? ». Les OFNI peuvent être désarmants, savoureux ou les deux à la fois, mais il est rare qu’ils laissent indifférents. « The Lobster » est un très bel OFNI. Ce film développe son style si particulier en l’assumant jusqu’au bout, sans complexe. Il vous entraîne dans un monde étrange avec un rythme calme et lent, puis il vous dit : « voilà, c’est fini ». En plein milieu d’un doute, évidemment. Si « Inception » avait le monopole de la fin ouverte, ça se saurait. Et vous restez dans la salle de cinéma, un sourcil relevé et un mince sourire aux lèvres. « What the fuck did I just see ? »

Dans « The Lobster », il est question d’amour et d’homards. On doit trouver l’amour, sinon on est transformé en animaux. Et c’est facile de se marier : il suffit de justifier d’au moins un truc en commun avec le partenaire. Si se marier était aussi anodin, ça se saurait, non ? Bref. Malgré tout, certains échouent et en sont réduits à espérer un animal noble pour leur nouvelle vie. Seulement, parfois pas de bol, on tombe sur la palourde. C’est couillon.

Le film développe une contre-utopie du sentiment amoureux avec une finesse ironique appréciable. Ce sentiment dont on fait des pages et des pages, des chansons et des chansons, des films et des films….j’ai nommé l’amour, « The Lobster » le fait descendre de son piédestal pour le mettre en scène dans un univers dysoptique où il a perdu toute sa flamme, mais pas pour autant toute sa beauté. L’amour, semble nous dire, « The Lobster », c’est un peu plus compliqué qu’une chanson cul-cul la praline et, sans lui enlever sa force, on en fait parfois beaucoup trop à son sujet. C’est assez iconoclaste, comme discours, mais c’est sacrément intéressant.

L’histoire, d’une intelligence certaine, se développe en chapitre, avec à chaque fois une particularité, tout en gardant une bonne cohérence d’ensemble. Elle est bien servie, il faut dire, par deux choses. Premièrement, une lumière automnale impeccable, qui donne à tout ce triste foutoir une couleur particulièrement adapté. Deuxièmement, un humour pince-sans-rire du meilleur effet, qui donne à la grande absurdité du film tout son piquant et sa saveur. Reste à signaler un casting impeccable, emmené par un Colin Farell dont les yeux de chiens battus semblaient fait pour ce rôle. Et oui, même Léa Seydoux se débrouille pas trop mal dans son personnage insupportable, ce qui aide bien. Comment ça, je suis méchant ?

En tout cas, après « The Lobster », vous risquez fort de ne plus voir les homards de la même façon. Ce qui est déjà notable.

8-   Marguerite.

Laissez-moi chanter, chanter en liberté.

« Ah, je ris, de me voir si belle, en ce miroir ! »

C’est un beau film, que ce « Marguerite ». Un film touchant, humain. A la fois triste et joli. C’est un beau film sur les rêves, sur la passion, sur l’amour, sur les défauts. C’est un film qui a le bon ton de ne se complaire ni dans l’apitoiement, ni dans la caricature. Il prend à bras les corps la complexité des sentiments humains et s’en sort plutôt bien. J’en suis ressorti songeur, les yeux dans le vague. C’est plutôt bon signe.

Marguerite adore chanter. Problème : elle chante horriblement mal. Ou plutôt, elle chante magnifiquement mal, et elle n’en sait rien, car comme Madame est une grande bourgeoise qui n’est avare ni en fêtes, ni en dons, il ne se trouve personne pour lui avouer la vérité. Une histoire lointainement inspirée de la véritable vie de Florence Foster Jenkins (hop, un petit lien Wikipédia ici ).

On y trouve Catherine Frot, qui a le bon goût de nous rappeler de temps en temps à quel point c’est une actrice délicieuse. Elle incarne avec une grande justesse cette Marguerite cette femme victime de l’ennui, de l’hypocrisie. Elle aime tant chanter, même si elle le fait si mal, sans s’en rendre compte. Sans s’en rendre compte, vraiment ? Et si l’essentiel était ailleurs ? Comme elle le dit si bien, dans la scène la plus touchante du film, c’était chanter ou devenir « folle ». Une peinture délicate et complexe du rapport de chacun à sa passion. Ou pointe aussi la place des femmes dans la société bourgeoise de l’époque.

Une époque d’ailleurs particulièrement bien reconstruite, entre dadaïsme et salons bourgeois et dans laquelle le casting se fond à merveille. C’est particulièrement vrai pour le comédien Sylvain Dieuaide, remarquable en jeune journaliste qui finit par prendre en affection Marguerite. Mention aussi à Denis Mpumba pour son étrange Madelbos, à Aubert Fenoy pour son décalé Kyrill Von Priest ou à André Marcon, très bon dans un rôle pourtant difficile : celui du mari.

Cependant, celui qui trône en majesté de ce casting exquis, n’est autre que Michel Fau, immense dans le rôle du ténor en déclin devenu mentor par besoin d’argent. Comment a-t-on pu ne pas lui donner le César du meilleur acteur dans un second rôle ? Sa performance, tout bonnement extraordinaire, trouve son sommet au moment où il écoute pour la première fois Marguerite chanter. Son corps ne fait rien. Son visage ne fait rien. Seuls ses yeux parlent. Cela dure une dizaine de secondes et c’est une véritable leçon de jeu.

7-   Vice-Versa

Pix’art.

Quand tu hésites pour ta boule au bowling…

Ils sont forts, chez Pixar, quand même. Quatre années d’affilé, 2007, 2008, 2009,2010, les mecs parviennent à envoyer du très lourd avec la régularité d’un métronome. Ça commence avec les très sympathiques « Ratatouille » et « Wall-E », ça se termine avec deux chefs d’œuvres, le sublime « Là-Haut » et l’excellent « Toy Story 3 ». Puis les gars, peut-être pour ne pas trop tuer le game, se calment un peu. Pendant trois ans, ils produisent du moins notable, le temps pour le critique moyen de se demander : « terminado la magie ? » Nullement. Les « Pixar Boys » ont plus d’un tour dans leur sac. Ils se posent deux ans pour préparer la prochaine merveille et calment une nouvelle fois tout le monde. Au calme.

Non, « Vice-Versa » n’est pas, à mon sens, le « meilleur Pixar ». Dans mon cœur, ce titre reste occupé par l’immense « Là-Haut ». Ça n’empêche pas que « VV » (pour les intimes) fait partie des tous meilleurs et tape probablement podium. Avec sa singularité mais aussi grâce à une recette qui a fait ses preuves depuis le premier « Toy Story » : des bons sentiments sans niaiserie et un mariage impressionnant d’aisance entre volonté « grand-public », exigence artistique immense et finesse du scénario. « Vice-Versa », comme les meilleurs Pixars, a deux principales qualités. Primo, ses personnages sont incroyablement touchants. Secundo, il est beaucoup plus intelligent qu’il n’en a l’air de prime abord.

Mais là où « VV » se démarque des autres productions du studio, c’est par son audace. Car  l’idée de départ est aussi bonne que périlleuse. Représenter l’esprit des gens à travers différents personnages, c’est un excellent point de départ… pour un court-métrage et cela a d’ailleurs donné matière à de savoureuses bande-annonce. Mais faire tenir cette idée sur une heure et demie sans qu’elle s’essouffle ? Plus compliqué. « Vice-Versa » y arrive pourtant, et sans temps morts.

Bien sûr, tout le film n’est pas un monument de créativité, mais Pixar a toujours préféré la poésie simple au foisonnement. Bien sûr, l’esprit humain est plus complexe que les relations entre cinq émotions, mais personne parmi les auteurs n’affirme le contraire. Il s’agit simplement d’une parabole agréable derrière laquelle se cachent des thèmes traités avec plus de finesse qu’il n’y paraît : le déracinement, la famille… ou encore la fin de l’innocence absolue. Ce sujet, abordé à travers le meilleur personnage du film, l’ami imaginaire, risque fort de vous arracher des pleurs dans une des scènes les plus tristes des films Pixar. C’est là aussi une des très grandes forces de ce studio : parvenir à me faire encore pleurer à chaudes larmes.

Que vous soyez enfants ou grands enfants, « Vice-Versa » vaut donc le détour et restera vraisemblablement parmi les plus belles réussites d’une équipe dont on attend avec impatience la prochaine merveille.

6-  Les Nouveaux Sauvages.

Introduce a little anarchy.

Vive les mariés !

Le film dit « à sketches », où se succèdent plusieurs histoires reliées par une même thématique globale, est un genre compliqué. Deux écueils principaux le menacent : une manque de cohérence de l’ensemble et surtout une quasi-inévitable inégalité entre les différentes parties. S’il n’esquive pas vraiment ce deuxième souci, c’est peu dire que « Les Nouveaux Sauvages » s’en sort remarquablement bien dans cet exercice de style périlleux.

Le film est un impitoyable « jeu de massacre » dont le fil rouge est l’ultra-violence pouvant surgir du quotidien. Réquisitoire féroce et acide, « Les Nouveaux Sauvages » essaye de présenter par le pire à quel point notre société que l’on dit civilisé peut facilement basculer dans la sauvagerie.

L’excellent sketch d’ouverture, « Pasternak », annonce bien la couleur. Il est suivi par celui qui est peut-être le plus faible du lot, « Las Ratas », avant que le film nous expédie un gros direct du droit avec le furieux « El mas fuerte ». Suivent « Bombita » et « La propuesta », le premier étant aussi savoureux que le deuxième est déprimant. Le film se termine en apothéose avec la partie du mariage, « Hasta que la muerte nos separe », véritable morceau de bravoure en forme de crescendo impitoyable.

« Les Nouveaux Sauvages » parle d’abord et avant tout de l’Argentine. C’est une gigantesque exagération de certains des problèmes les plus graves de ce pays (violence automobile, relation pour le moins délicate avec l’administration…). Si tout cela reste une caricature explosive, reste que quiconque ayant vécu dans ce pays devrait s’apercevoir à quel point le film frappe juste. Les argentins eux-mêmes, qui sont parfois d’une grande lucidité sur leur contrée, semble d’ailleurs nombreux à le reconnaître. Parlez de « Bombita » à l’un d’entre eux et régalez-vous, ça ne va pas être triste.

Pour autant, malgré son attachement à la réalité argentine, tout le monde peut apprécier « Les Nouveaux Sauvages », même quelqu’un ne connaissant absolument rien au pays des gauchos. Le film est à la fois ultra-local et universel, ne serait-ce que parce que la violence qu’il décrit est bien loin de nous être étrangère. Tour à tour plaisir coupable ultra-jouissif à l’ironie mordante, puis démoralisant au possible, « Les Nouveaux Sauvages » est une tornade, un coup de poing, qui a du mal à laisser son public indifférent. Et qui, en ce qui me concerne, s’apprécie encore mieux au deuxième visionnage.

Médaille de bronze derrière mes deux films argentins préférés : l’excellentissime « Nueve Reinas » et ce fabuleux chef d’œuvre qu’est « El Secreto de sus Ojos ». Si vous voulez vous essayer au cinéma argentin, voilà déjà trois pistes géniales pour commencer.

licontinovich

Passionné par le ciné, tout simplement.

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