cinemaginarium » Top’là Ou comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer les films. Fri, 31 Aug 2018 12:49:58 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.6 [TOP 10] Mes dix films préférés de 2017 /top-10-mes-dix-films-preferes-de-2017/ /top-10-mes-dix-films-preferes-de-2017/#comments Fri, 31 Aug 2018 12:42:04 +0000 licontinovich /?p=859 Continue Reading ]]> Comme chaque année, on me permettra un avis global sur l’année précédente d’un point de vue cinématographique (ben oui ici on ne parle pas de fromages, même si c’est bon le fromage) et totalement subjectif s’entend (je ne me lasse pas de le répéter).

Cette année aura été paradoxale. Plutôt homogène dans l’ensemble, chaque période de celle-ci m’aura offert son quota de très bons films, dans des genres extrêmement différents. C’est d’ailleurs probablement mon « Top 10 » avec le plus de diversité, de la comédie musicale au blockbuster en passant par le documentaire et le biopic historique, sans oublier le policier, le film engagé ou le film de science-fiction. Rien que pour cela, l’année 2017 est notable. Le paradoxe c’est que cette homogénéité m’aura offert de rares fulgurances capables de passer un cap à mes yeux. En bref, il y a eu de bons moments, mais peu d’extraordinaires. D’ailleurs, les deux derniers films du top 10 n’y figureraient sans doute pas une autre année. Attention, ne me faites pas dite ce que je n’ai pas dit : tous les films de ce classement sont au moins de très bons films, y compris le 9éme et le 10éme, en tout cas à mes yeux. Il y eut aussi quelques rendez-vous manqués, comme vous le verrez plus bas. Bref, une année fort agréable, mais à qui il aura manqué un petit quelque chose pour devenir magnifique.

Mais cela, vous n’en jugerez pas vous-même que plus loin dans l’article, car avant le « top 10 », il y a les traditionnelles mentions spéciales aka « les films qui ne sont pas dans le top 10 mais dont j’avais envie de toucher un mot parce que c’est mon blog et c’est moi qui décident ».

Mention « Il a la palme » : The Square.

Et on fait tourner les serviettes !

Et on fait tourner les serviettes !

On peut reconnaître les grandes qualités cinématographiques d’un film et ne pas totalement y accrocher pour autant, aussi étrange que cela puisse paraître. Cela m’est arrivé quelques fois, et ce fut le cas pour « The Square ». Ce film est extrêmement bien filmé, avec des audaces de plans très bien vues. Il possède une véritable singularité qui le distingue et fait sa force, notamment dans son ton pince sans rire extrêmement poussé. Et pourtant, « The Square » ne restera pas à mes yeux comme un de mes moments forts de spectateurs, si ce n’est pour cette incroyable scène du singe (ceux qui ont vu le film comprendront), absolument glaçante. Malgré tout, je ne lui nie pas le mérite de sa palme et conseille de le regarder (ne serait-ce que pour la scène que je viens d’évoquer), un autre que moi, plus sensible à l’humour et à l’esprit du cinéma nordique, y trouverait un chef d’œuvre que cela ne m’étonnerait pas.

Mention « Je ne remercie pas la bande-annonce » : Au-revoir là-haut.

"- Ah, un volontaire pour la corvée de chiottes ! -Mais je... -J'adore les volontaires !"

« - Ah, un volontaire pour la corvée de chiottes !
-Mais je…
-J’adore les volontaires ! »

J’aurai pu vraiment aimer ce film. La réalisation de Dupontel y passe un véritable cap, accédant à la beauté, tout en gardant son état d’esprit canaille. Les comédiens sont impeccables, avec en majesté un de mes chouchous (Niels Arestrup) et la révélation Nahuel Pérez Biscayart. L’histoire est prenante. Les décors sont très beaux. Alors, quoi ? Alors, la bande-annonce. Cette foutue bande-annonce qui, comme beaucoup de bande-annonces, eut le mauvais ton de trop en dire, trop en dévoiler. Le mal était fait et je ne m’en rendis compte qu’en regardant le film : il me manqua un ingrédient essentiel de la découverte, la surprise, pour véritablement être conquis. Si regarder des bande-annonces est un plaisir, il faut parfois prendre garde à certaines d’entre elles, de véritables pièges et c’est pourquoi je refuse obstinément d’en regarder pour certains films. Celui-ci me conforte dans mon choix.

Mention « Pop-Corn » : Spiderman : Homecoming.

Van Damme a fait mieux.

Van Damme a fait mieux.

Un bon petit plaisir bien geek comme on les aime ! Cela en surprendra peut-être certains (et peut-être l’ai-je déjà dit sur ce blog) mais je ne suis pas si friand de films de super-héros (pas au point d’aller mater tous les « Marvel » d’une année par exemple), à l’exception de Batman (parce que c’est Batman), des Avengers, des X-Men et de Spiderman, mais outre le Chevalier Noir, l’Araignée est le seul dont j’ai vu tous les films récents. Bien déçu par les deux volets d’Andrew Garfield (ce mec est un super comédien et sort avec Emma Stone, on peut pas tout avoir non plus !), je me demandais bien ce que ce reboot avec Tom Holland allait donner, un peu inquiet de ne pas trop accrocher à l’esprit résolument « teenage » de l’ensemble (après tout, il se pouvait parfaitement que je me découvre « trop vieux pour ces conneries »). Mais non, « Spiderman : Homecoming » fut une très bonne surprise. Certes, il n’arrive pas au niveau de l’époque Raimi. Certes, barder Spiderman de technologie enlève une bonne dose de charme au personnage. Mais si on excepte ces deux écueils, l’état d’esprit très plaisant du film, entre vannes plutôt réussies et ambiance pas prise de tête, et des seconds rôles bien écrits (notamment le meilleur ami de Peter Parker et un Hibou convaincant joué par Mickael Keaton, qui kiffe décidément les hommes-oiseaux) rendent l’ensemble très cools et surtout, une qualité très importante à mes yeux, honnête.

Mention « Blockbuster bourrin » : Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur.

Coucou, c'est David Beckham.

Coucou, c’est David Beckham.

Pour peu qu’on aille voir un film avec de bonnes dispositions d’esprit, on est parfois agréablement surpris. Certes, cette réinterprétation sur-vitaminée de la vie du Roi Arthur avait de bonnes chances de se transformer en nanar. Mais Guy Ritchie l’a déjà prouvé : il sait comment faire du bon bourrin. Réalisation bien énervée maitrisée, musique excellente, montage parfois astucieux, acteur principal qui paraît y croire à fond, pour peu qu’on le regarde sans trop de réticences et qu’on se laisse porter, ce film vous offrira un très bon divertissement. Si, bien sûr, vous abandonnez avant même le début l’idée d’une grande fidélité au mythe arthurien. De toute façon, vous vous rendrez compte dès la première de bataille que ce n’est pas la peine de l’espérer.

Mention « Séance foirée » : Dunkerque.

Les p'tits bateaux qui vont sur l'eau.

Les p’tits bateaux qui vont sur l’eau.

C’était LE rendez-vous de mon année cinéma. La sortie d’un nouveau film de Nolan, mon réalisateur actuel préféré et le deuxième de tous les temps derrière Kubrick. Un nouveau genre pour voir si le bonhomme était vraiment capable d’envoyer du pâté dans toutes les catégories. Hans Zimmer évidemment de la partie. Un casting avec des habitués et des petits nouveaux. Un événement historique dont l’ambiance étouffante semblait parfaitement convenir à la maitrise de Nolan et à l’une de ses obsessions : les différents niveaux de temporalité (encore une fois magistralement menés d’ailleurs). Bref, tout était réuni pour une séance mémorable. Mais non. Car à côté de moi avaient décidé de s’assoir une mère et son fils adolescent, dont les disputes incessantes me firent complétement sortir du film. Changer de siège, leur demander plusieurs fois le silence fermement ne changea rien, je ne parvins plus à m’y replonger. Voilà donc comment une séance qu’on a tant attendue peut se gâcher magnifiquement. Malgré mon caractère patient, je fus à deux doigts d’aller m’engueuler avec les responsables à la fin de la séance, mais un seul regard sur la fatigue perdue de la mère et sur la stupidité bornée de l’adolescent, me convainquit que c’était un combat qu’il ne servait à rien de mener.

Mention « Feel Good » : A voix haute : La Force de la parole.

Un hommage à Jean-Pierre Coffe ?

Un hommage à Jean-Pierre Coffe ?

Petit documentaire pas piqué des hannetons, « La Force de la parole » s’intéresse à un concours d’éloquence dans le département de la Seine Saint-Denis. Des entraînements jusqu’aux différentes étapes du concours, on suit différents candidats, tous plus attachants les uns que les autres, chapotés par leurs trois coachs, un impressionnant prof de slam, une metteuse en scène et un avocat grande gueule. Ici, contrairement au « bullshit » et aux effets de manches qu’on peut trouver dans certains concours d’éloquences, l’occasion est belle de redonner, redistribuer la parole à des gens, des profils qu’on n’entend pas ou peu. De cette libération de la parole naît un film plaisant, avec certains discours en forme de morceaux de bravoure, et nécessaire. L’ensemble reste malgré tout un peu trop convenu et « gentil » pour être véritablement magnifique et d’ailleurs, plus que les phrases bien écrites, plus que les exercices, je retiendrai avant tout le moment où l’on découvre la vie de famille des deux finalistes, un véritable moment d’humanité au naturel, extrêmement touchant.

Mention « Petit mais costaud » : Petit paysan.

"Un p'tit café ?"

« Un p’tit café ? »

Film sans prétentions, « Petit paysan » est de ses œuvres qui conquièrent son public par son mélange de force et de modestie. Porté par un impressionnant Swann Arlaud, César du meilleur acteur archi-mérité, c’est l’histoire de la lutte perdue d’avance d’un petit agriculteur pour préserver son troupeau d’une maladie. Plongée sans fard et concession dans le quotidien des éleveurs d’aujourd’hui, « Petit paysan » raconte, au travers du destin du personnage principal, un monde où la logique d’un individu et celles des institutions se confrontent violemment et parle en toile de fond de la fatigue profonde d’un univers où le rapport entre le travail et les récompenses devient de plus en plus injuste et où vivent à côté exploitations familiales et fermes informatisées, des gens qui ne font presque plus le même métier. Aux portes de mon top.

Le top 10 maintenant :

10- Star Wars : Les Derniers Jedis.

Haters gonna hate. Lovers gonna love.

Warhammer 40 000, un peu.

Warhammer 40 000, un peu.

« Les Derniers Jedis » est sans doute l’épisode de « Star Wars » qui aura le plus divisé son public, plus encore que la prélogie ou « Le Réveil de la Force », ce qui est déjà en soi un bel exploit. D’un côté, ce qui ont été séduits par ce nouvel opus, y trouvant une belle revitalisation de certains aspects du mythe et un spectacle fort convainquant. De l’autre, ceux qui l’ont purement et simplement détesté, bien souvent les puristes, au point de même exiger pour certain un bannissement pur et simple de l’œuvre du « Star Wars Universe ». Les voix « contre » criant beaucoup plus fort que les voix « pour », comme souvent d’ailleurs, notamment car on trouvera plus facilement quelqu’un qui hait « Star Wars VIII » que quelqu’un qui l’adore, j’en suis même venu à douter de mon premier jugement sur le film, qui était plutôt positif. Je suis donc retourné le voir, pensant que j’allais me rendre compte des grossiers défauts qui m’avaient échappé. Mais non. Mieux, certaines critiques que j’avais contre le film ce sont adoucies en deuxième visionnage. Les fans les plus inconditionnels de « Star Wars », dont certains vont même jusqu’à rejeter « Le Retour du Jedi » (parce que les Ewoks c’est un truc commercial), étant pour quelques-uns des gens assez fermés d’esprit (pas tous heureusement) que je n’inviterai pas à ma table, j’abandonne l’idée de les convaincre de revoir leurs jugements. Pour les autres, voici l’explication des deux raisons principales qui font que j’ai aimé « Les Derniers Jedis ». Primo, c’est fun et c’est quand même aussi ce qu’on demande à un « Star Wars » : l’histoire, et la course poursuite qui tient presque tout le film nous tient bien en haleine et les combats sont très badass (même le non-combat de fin). Secundo c’est intéressant : en étant un peu iconoclaste, le film redonne des forces au mythe au lieu de l’affaiblir par une trop grande fidélité qui le ferait tourner en rond. Le personnage de Luke Skywalker en est le meilleur exemple, lui qui accède enfin à une grande profondeur et lui avoir donné un côté torturé est une excellente idée. Tertio : c’est un film qui fait la part belle à des personnages féminins variés et originaux, et putain ça fait du bien ! Quarto : c’est très bien réalisé et visuellement très beau à quelques moments (mamma mia, la scène où le vaisseau résistant détruit la flotte du Premier Ordre en passant en vitesse lumière). Bon, bien sûr qu’il y a aussi des mauvais côtés : l’humour passe bien moins bien que dans l’épisode précédent, l’intrigue Finn / Rose est naze (mais vraiment naze) et en plus elle sert globalement à rien à part jouer du violon avec la subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, les quelques révélations sont plutôt décevantes et il y a quand même un côté foutage de gueule sur certains trucs qui passe mal (genre la mort de Snoke, bordel, ce mec sort de nulle part, il est censé être super fort et il meurt avant même qu’on connaisse le prénom de son chien !). Il y a aussi des critiques que j’ai du mal à comprendre : genre les pouvoirs de Leïa, d’accord la scène est plutôt mal mené, mais il était quand même temps qu’on voit les pouvoirs jedis de ce personnage dont on nous parle depuis « Le Retour du Jedi ». Ah, et ne me sortez pas l’argument du réalisme, vous étiez en train de regarder un film où des vaisseaux vont en vitesse lumière, il ne semble pas que ça vous posait souci. Bref « Les Derniers Jedis » a ses défauts, mais reste un très bon divertissement. Il faut croire que je défendrai contre vents et marées tous les opus Star Wars sans exceptions (bon, pas trop à fond « Rogue One » et pas « Solo », faut pas déconner non plus mais c’est des « spin-offs » donc c’est différent).

9- Wind River.

Rester sur sa fin.

Froide tension.

Froide tension.

Jusqu’à ses dernières minutes, « Wind River » avait tout fait pour me convaincre. Déjà, le film cochait avec brio toutes les cases du bon polar moderne bien ficelé : un environnement véritable personnage de l’intrigue (les neiges du Wyoming) et un contexte social bien amené en toile de fond (les communautés amérindiennes) pour surligner une enquête prenante et une ambiance bien travaillée. Ensuite il y avait des acteurs convaincants à l’heure de prouver qu’ils peuvent faire autre chose que des blockbusters (Jérémy Renner et Elizabeth Olsen) et une partie du film franchement puissante, qui prend aux tripes, avec un (spoiler, ne lisez pas plus loin si vous voulez voir le film, vous êtes prévenu) flashback complétement inattendu, véritablement glacial car on comprend très bien la lente montée en tension qui va amener au drame. Mais voilà, plutôt que de rester sur ces belles intentions et de chiader la fin, v’là t’y pas que « Wind River » me pond quelque chose qui me fatigue grandement dans le cinéma américain, à savoir un moment de justice expéditive « œil pour œil, dent pour dent » en mode « t’es un connard de toute façon, tu l’as bien cherché ». Cette fascination peu subtile pour la vengeance privée de beaucoup de productions américaines commençant à me saouler (parce qu’outre son côté dérangeant moralement, ce qui est le gros point noir, elle est en plus une manière beaucoup trop facile de terminer une histoire), cela m’a presque gâché mon plaisir, mais par égard pour les quatre cinquième restant, vraiment très très bons, je met « Wind River » neuvième.

8- Patti Cake$. 

Nine Mile.

"Que toutes les crèmes hydratantes lèvent le bras !"

« Que toutes les crèmes hydratantes lèvent le bras ! »

Une très bonne séance, voilà ce que je retiens de « Patti Cake$ » dont l’enthousiasme communicatif m’a véritablement conquis. L’histoire ? Une fille en surpoids veut devenir rappeuse, et les deux mots que j’ai employé pour la qualifier vous font bien vous douter que ce n’est pas simple, surtout si on ajoute à cela un milieu social bas et une mère en roue libre. Oui, mais voilà, à la force de son flow et de son immense détermination, aidé par son crew improbable, Patricia ne va pas se laisser faire. Bien sûr, c’est du « feel good movie » classique et c’est toute la limite assumée du film, à savoir un côté prévisible dans le cheminement du « un personnage en difficulté arrive à faire des trucs que tout le monde pensait qu’il pouvait pas faire, et bah si, il peut, cheh ! » et « on s’entend pas bien avec ma famille, mais en fait si, on s’aime ». Voilà, c’est du classique, mais honnête et bien fait. De plus quelques trucs donnent à « Patti Cake$ » ce supplément qu’il faut pour marquer les esprits : une actrice incroyable, Danielle MacDonald, pour laquelle on ne peut avoir que du respect rapport au travail demandé par le rôle, des personnages originaux et / ou badass, quelques moments surprenants (la rencontre avec la star O-Z, complétement à l’opposé de ce qu’on attendrait d’un « feel-good movie » classique) et des morceaux de rap franchement chant-mé, comme ne disent plus les jeunes, dont certains ont même rejoint ma playlist globale Spotify.

7- 120 battements par minute. 

Rainbow warriors.

Gai Pride.

Gai Pride.

Comme je l’ai déjà dit à propos de « Winter Sleep » autre part sur ce blog, on se rend parfois compte d’à quel point un film a été fort après la séance, dans le métro ou en quittant le cinéma. C’est en marchant dans la rue après « 120 battements par minute », en ayant du mal à revenir à la normalité, presque en décalage avec les gens autour de moi, presque hébété, que je me suis rendu compte que j’avais vraiment été marqué par ce film. Peut-être pas autant que par d’autres, mais tout de même, ce fut une expérience notable de cinéma. Tout a été dit, ou presque sur « 120 battements par minute », qui restera l’un des films événements de l’année précédent, alors il ne me reste presque plus qu’à confirmer ce qui a déjà été exprimé : oui, c’est très bien joué oui, c’est très puissant, oui, c’est un film nécessaire qui nous ramène à une époque pas si lointaine où des gens crevaient dans la presque indifférence, oui, c’est un film qui fait réfléchir sur le « pourquoi du comment » de la lutte par l’exemple et qui se révèle très intelligent dans sa manière de présenter la lutte « coup de poing » non-violente mais énergique, comme quelque chose de nécessaire dans certains combats. Il y a ceux qui sont pour moi les acteurs des deux sexes les plus prometteurs de leur génération (l’incroyable Nahuel Pérez Biscayart et l’intense Adéle Haenel), c’est sans tabou mais sensible, notamment dans sa manière de présenter le sexe entre deux hommes, quelque chose qui, si on y réfléchit, n’est pas non plus si courant au cinéma. Bref, c’est une belle réussite qui mérite la grande majorité de ses éloges et de ses récompenses.

6- Visages Villages.

Voyages, voyages.

Au Nord, c'était les chorons...

Au Nord, c’était les chorons…

C’est l’histoire de JR qui rencontre Agnès et ils décident de faire un film en partant un peu partout sur les routes françaises, poser leur caméra et faire des photos. Ce film, que j’ai eu la chance de voir en avant-première, avec d’autres intentions, aurait pu n’être qu’un délire d’artistes en goguette en décalage complet avec ce qu’ils filment dans une ambiance de malaise social prenante. C’est ce dont j’avais un peu peur. Mais pas du tout. Loin d’être une expédition boboïsante dans le mauvais sens du terme et aux bonnes intentions faciles et mièvres, le voyage de Varda et JR se révèle une franche réussite et qu’ils me pardonnent d’avoir un instant douté de cela. On les sent franchement concerné par les territoires qui visitent et pas simplement en représentation. L’impression d’une déambulation presque au hasard, loin de faire fourre-tout, donne au film une grande fraîcheur et permet une grande diversité d’histoires et de témoignages humains, tous plus beaux les uns que les autres. Sans oublier Jean-Luc Godard dans le rôle de l’absent, dans une séquence mémorable. Et même quand les deux se filment simplement entre eux, on ne sent quasiment pas d’artificiel, mais bien un laisser-faire naturel et une sincérité qui fait du bien. La rencontre entre les deux artistes fait de sublimes étincelles, malgré ou grâce à l’écart de génération, c’est selon, et la conférence qu’ils donnèrent après l’avant-première confirma l’esprit de cette rencontre, drôle et touchante. JR chambre Agnès, Agnès râle pour faire genre, et leur duo provoque une belle dose de bonne humeur. On en sort conquis.

5- Patients.

Et longueur de temps font plus que force ni que rage.

Posé avec les fraté.

Posé avec les fraté.

Inspiré de l’histoire de Grands Corps Malade et d’ailleurs co-réalisé par le slameur avec Mehdi Idir, « Patients », l’histoire de la rééducation d’un jeune homme dans un centre pour handicapés,  pourrait être un énième « feel good movie » sur la reconquête du bonheur face aux aléas de la vie et sur la tolérance, une œuvre gentillette qu’on regarde déjà d’accord et qu’on oublie vite. Seulement, « Patients », dans la présentation de ce sujet qu’on ne connaît pas si bien, a le grand mérite de chercher une véritable singularité, dans son ton, dans son naturel. Pas de gros sabots, pas de grands violons, le film ne cherche la démonstration que par l’exemple, laissant faire ses situations et ses personnages, incarnés par des acteurs inconnus au bataillon mais franchement attachant. Dézinguant tout misérabilisme et toute pitié mal placée sur le sujet du handicap, c’est un film cru, souvent très drôle, très émouvant, juste. Les messages passent sans besoin de trop en faire et à cet égard, ce film est un exemple. On s’attache beaucoup à ses personnages, bourrés d’émotions, certaines mal dissimulées par une pudeur maladroite et brusque. Hymne à l’amitié, à l’amour, déclaration enflammée à la vie, présentations de luttes qui nous font relativiser comme il faut et nous rendre compte de notre chance, « Patients » est presque passé trop inaperçu par rapport aux mérites de ce film bourré d’une humanité « cabossée » mais évidemment pas moins humaine. Cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant.

4- Blade Runner 2049. 

On s’était donné rendez-vous dans 30 ans.

Orange Dynamique.

Orange Dynamique.

Ce n’est pas un secret pour ceux qui suivent mon blog : Denis Villeneuve est un de mes chouchous, le genre de réalisateur dont je suis avec attention chacune des sorties. C’est donc peu dire si j’étais emballé à l’idée de le voir réaliser une suite du grand classique « Blade Runner » et je pense que j’étais l’un des rares à aller la voir avec beaucoup de confiance. Je ne fus pas déçu. Visuellement hallucinant, c’est le sommet à ce niveau d’un réalisateur dont le travail sur l’image est une force et dont les films sont toujours marqués par une superbe photographie. « Blade Runner 2049 » a de plus le grand atout de chercher des images qui resteront, à travers le jeu des couleurs et des maquettes, plutôt qu’une orgie de CGI qui vieillira sans doute mal. Si cet aspect visuel magnifique, de l’impressionnant blanc-gris jusqu’au très marquant ton orange en passant par le bleu-noir de la pluie et le déluge des couleurs des publicités, avec des décors très inventifs et parfois sublimes (l’appartement en bois très épuré de Wallace notamment) est vraiment la grande qualité du film, l’histoire n’en est pas moins vide d’intérêt. Tout à la fois respectueux de l’original et cherchant son propre apport, le scénario de « Blade Runner 2049 » continue d’interroger sur les thématiques classiques de la science-fiction (les robots à conscience humaine, la destruction de l’écosystème…), développe intelligemment certains thèmes du premier film (les souvenirs par exemple), amène d’autres pistes à certains d’entre eux même plus intéressantes (l’histoire d’amour avec l’hologramme est autrement plus passionnante que celle, très « culture du viol », du premier opus, déso pas déso) et révèle des choses potentielles qu’on ne soupçonnait même pas (une possible révolte politique des répliquants). Bref, le challenge était très grand, mais il est relevé de très belle manière, et ce n’est pas toujours qu’on voit la suite d’une œuvre culte en être à la hauteur.

3- Battle of the sexes.

Jeu, set et match contre le patriarcat.

Non sans forcer.

Non sans forcer.

Le biopic historique est un exercice périlleux qui, souvent, ne comporte pas un grand intérêt cinématographique. L’histoire est connue, les acteurs ont du mal à dépasser la simple imitation, bref il manque souvent un supplément d’originalité, voire même une véritable vision artistique, pour en faire une œuvre notable. « Battle of the sexes » est un excellent contre-exemple. Déjà, c’est le duo de « Little Miss Sunshine » (Jonathan Dayton et Valerie Faris, un homme et une femme, tiens, tiens !) aux manettes, ce qui pose sacrément les bases quand on connaît le talent des deux pour faire des histoires incroyables d’émotions et d’humanité, ce qui se vérifie magnifiquement ici. Les sujets (l’égalité des sexes et l’homosexualité) sont évidemment très forts et surtout pris à travers un angle original (le match entre le clown machiste Bobby Riggs et la militante Billie Jean King). De plus vu que beaucoup de combats féministes et homosexuels sont encore loin d’être gagnés et absolument pas acquis, ils résonnent encore aujourd’hui malgré les années passées. Ensuite le casting est brillant : savoureuse Sarah Silverman en Gladys Herman, véritable meneuse de revue, délicieux Alan Cumming en Ted Tinling, découverte d’Andrea Riseborough (récemment éclante dans Black Mirror) et bien sûr Emma Stone, mais qui n’est (attention les yeux) même pas la plus éclatante, même si elle est formidable (et oui, je l’ai dit). Non, les deux plus extraordinaires performances du film sont celles de Steve Carell en Bobby Riggs et de Austin Stowell en mari, et qu’on ne me fasse pas l’injure de penser que j’écris cela parce que ce sont des hommes. Carell, dont on sousestime la subtilité du jeu, réussit magnifiquement à ne pas faire de Riggs une caricature mais bien un homme, certes souvent énervant, mais aussi touchant, dont on comprend bien que ce n’est pas lui le vrai problème (ce que dit d’ailleurs Billie Jean King). Quant à Stowell il campe un des plus beaux personnages que j’ai pu voir à l’écran (c’est dit), ce mari magnifique, conscient que sa femme l’a épousé par convention, mais qui continue à l’aider, vaille que vaille. Il y a une scène dans le film, et c’est d’ailleurs la plus belle, qui est une leçon de cinéma et qui mérite à elle seule le détour : c’est celle où, après avoir compris que Billie Jean l’a trompé, mais sans lui avoir rien dit, il attend un instant, dans la pénombre, les mains sur les hanches avec ses valises, avant de repartir vers une autre chambre. C’est simple et c’est émouvant aux larmes. Reste à dire que la musique est géniale, que le match de fin est filmé nickel, que le film comporte pleins de touches subtiles pour renforcer son propos (l’attitude paternaliste, main sur l’épaule, du journaliste mâle envers sa collègue femelle), que l’ambiance de l’époque est très bien rendue et que la fin m’a donné des larmes aux yeux. Nécessaire et sublime.

2- Le Concours.

Vous avez 119 minutes.

Heure de pointe.

Heure de pointe.

Sorti en 2016, mais vu en 2017 (et oui, c’est comme ça que ça marche ici), « Le Concours » est l’un des documentaires les plus forts et les plus fascinants que j’ai vu dans ma vie. Pourtant, son sujet, le concours de la Fémis, principale école de cinéma française n’est pas particulièrement un sujet-choc. Mais qu’importe. « Le Concours » est passionnant parce qu’il s’attaque à un sujet original et dont beaucoup d’entre nous ont eu une expérience en tout cas approchante (car les logiques du concours, quel qu’il soit, sont souvent similaires). Il provoque donc un grand intérêt à la fois par la curiosité et l’indentification, faisant de certaines scènes des moments de malaise presque éprouvants, tant on a de la peine pour les candidats. De plus, le film de Claire Simon, bien sûr, ne se contente pas d’avoir un bon sujet. Il le traite très bien. La caméra, ultra-discrète qui paraît filmer de manière clinique et sans filtre la face visible comme les coulisses du concours, le très bon choix des scènes, avec un déroulé chronologique attendu mais justifiée, tout cela questionne avec une grande intelligence la logique de cet événement socialement complétement admis mais en même temps si particulier. Car c’est là le grand mérite de cet œuvre, montrer ouvertement les limites du concours, limites notamment humaines, du fait de la subjectivité inhérente à la correction (d’autant plus dans un concours artistique), tout en amenant à ce qui paraît être une impasse : certes le concours est imparfait, mais quelle alternative ? Comme la démocratie, dont la citation dit qu’elle est le plus mauvais système à l’exception de tous les autres, on est forcé de se demander si malgré ses défauts, le concours n’est pas inévitable, mais ce film a le mérite d’aussi nous faire réfléchir sur le fait qu’il est sans doute possible de l’améliorer. Les questions sont posée, et c’est le rôle d’un bon documentaire que d’en ouvrir et non d’asséner des solutions dogmatiques. A charge pour le spectateur de se faire penseur.

1- La La Land.

Musique ! Et que chacun se mette à chanter !

"Un phare breton ?"

« Un phare breton ? »

Même si j’étais passablement saoulé par les affiches proclamant en gros « le film de l’année », reprise d’une critique de presse quelconque, alors que nous n’étions qu’en Janvier, « La La Land » me paraissait être un « must see » de ce début d’année pour de nombreuses raisons, les principales étant la présence d’Emma Stone (oui, je suis une groupie) au casting et le fait qu’il s’agissait là de la nouvelle œuvre de Damien Chazelle, qui m’avait totalement conquis avec « Whiplash ». J’y allais donc avec des amis, me demandant si ce film dont on me promettait « monts et merveille » allait vraiment réussir à m’emporter. C’est peu, très peu dire, que je ne fus pas déçu. Emporté par une tornade d’émotions et de beauté, j’en sortais carrément en larmes, époustouflé par ce que je venais de voir. Un contexte de fatigue rajouta sans doute à ce « lâcher-prise », mais il ne fit que l’amplifier, le vrai responsable était « La La Land ». Tant pis pour tous ceux qui trouveront cela exagéré, ce film est un de mes plus grands moments de cinéma passé dans une salle obscure. Dès le départ, « La La Land » nous entraîne pour ne plus nous lâcher, depuis cette scène d’ouverture incroyable et déjà culte, jusqu’à cet épilogue extraordinaire et déchirant. Les atouts de cette œuvre sont immenses. Commençons par la musique évidemment, puisqu’on parle là d’une comédie musicale : Justin Hurwitz, ex-coloc’ de Chazelle devenu son collaborateur privilégié et l’homme qui l’a révélé (les rencontres d’une vie, c’est parfois quelque chose) signe en collaboration avec les paroliers « Pasek and Paul » une BO de malade, dont je suis capable d’écouter les chansons des dizaines de fois sans me lasser (et je sais que je ne suis pas le seul). « Another day of sun », « Someone in the crowd », notamment, mais aussi « City of Stars », « Audition », « Start a fire » (par John Legend) ou « A Lovely Night » sans parler de cet « Epilogue » reprenant quasiment tous les thèmes du film… c’est fou à quel point toutes ces musiques donnent la pèche, émeuvent… Bien sûr, la capacité de ses musiques à durer ne peut par définition se juger tout de suite et il est trop tôt pour savoir si « Another day of sun » atteindra le niveau culte de « Singin’ in the rain ». En tout cas, dans mon cœur, c’est déjà le cas. Ensuite, il y a le travail sur l’image. La réalisation de Damien Chazelle, virevoltante, met parfaitement en valeur un soin du détail impressionnant, permettant de composer des tableaux visuels sublimes et souvent pleins de références. Continuons notre éloge en parlant du rythme, un thème cher à l’auteur du film (qui l’a écrit alors qu’il avait 25 ans soi-dit en passant !) qui dose parfaitement folie des chorégraphies et tranquillité des moments d’émotions. Et puis il y a ce duo d’acteur, Ryan Gosling et Emma Stone, dont l’alchimie impeccable donne toute sa saveur à l’histoire d’amour et dont il faut saluer l’immense travail préparatoire en chant et danse (mais aussi piano pour Gosling), pour que l’ensemble sonne crédible. Enfin, « La La Land » n’est pas que du fun. C’est aussi une très belle œuvre sur la confrontation des rêves avec la réalité, sur la célébrité, sur les idéaux artistiques et sur parfois la trahison qu’on leur inflige, sur les artistes, sur le quotidien qui abîme les histoires d’amour, un très bel éloge aux idéalistes et un film qui a l’intelligence de construire une relation de couple moderne qui (spoiler, attention !) nous brisera le cœur en ne terminant pas en conte de fée. Extrêmement triste et surprenant, mais d’autant plus fort et beau. Voilà donc « La La Land », ma merveille de 2017. L’année commençait fort.

Voilà, je vous dis probablement à l’année prochaine !

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Mes 200 films préférés (75 – 51). /mes-200-films-preferes-75-51/ /mes-200-films-preferes-75-51/#comments Tue, 21 Aug 2018 17:08:40 +0000 licontinovich /?p=827 Continue Reading ]]> N’hésitez pas à lire les « précisions avant de commencer » présentes dans le premier article du top !

75. Pinocchio (Hamilton Luske et Ben Sharpsteen, 1940) : 

"Mais c'est de la Kro' ?!"

« Mais c’est de la Kro’ ?! »

Coucou, revoilà un Disney ! Oui, mais là, on commence à toucher à la crème de la crème car à mes yeux, le travail réalisé sur l’adaptation du conte de « Pinocchio » est tout bonnement incroyable. Déjà, le film date de 1940 (c’est seulement le deuxième « classique d’animation » du studio), autant dire que pour l’époque le travail d’animation est à se taper le cul par terre (ensemble, réhabilitons les expressions désuètes). Ce dessin-animé est encore aujourd’hui, presque 80 ans après, une merveille du genre et ce n’est pas pour rien qu’il est considéré par beaucoup comme LE chef d’œuvre technique de Disney. Voilà pour l’aspect visuel, ce qui pose déjà bien les bases. Ensuite l’histoire. Certes, elle est édulcoré par rapport au conte originel, mais elle n’en reste pas moins extrêmement marquante et avec des passages d’une grande noirceur, surtout si on compare à la jauge « Disney » classique. Il y a le terrifiant Stromboli bien sûr, la baleine qui n’est pas mal non plus, mais le summum reste la scène de l’Ile des plaisirs, un moment absolument terrible et ô combien traumatisant. Rajoutons à cela qu’il est presque impossible de ne pas ressentir de sympathie pour Gepetto, son chat et son poisson, que Jiminy Cricket est quand même un super personnage, que la fin est super touchante et que « When you wish upon a star » est juste sublime (il fut un temps où je ne pouvais pas l’écouter sans verser une larme, si, si !), voilà pourquoi « Pinocchio » mérite vraiment d’être aussi haut dans ce classement !

La scène : celle de l’Ile des plaisirs donc, quand tous les enfants se transforment en âne. Difficilement soutenable même aujourd’hui, alors imaginez quand on était gosses !

74.  Hunger (Steve McQueen, 2008) : 

Le moment de discuter.

Le moment de discuter.

L’audace cinématographique n’est pas morte, ça se saurait, et s’il faut une nouvelle preuve pour s’en convaincre, il suffit de regarder « Hunger ». Film de Steve McQueen (pas l’acteur, l’autre, le réalisateur, celui de « 12 years a slave ») à propos de la grève de l’hygiène des membres de l’Armée Républicaine irlandaise provisoire, suivie par la grève de la faim de Bobby Sands, « Hunger » est le premier long de son réalisateur et c’est un coup de maitre. Film coup de poing, l’œuvre enchaîne les audaces et les prises de risques, sans que jamais elles ne paraissent gratuites. Plan fixe de 17 minutes sur une discussion ( !), plan fixe sur un homme en train de nettoyer l’urine renversé par les grévistes et autres originalités cinématographiques… Vous vous dites que c’est ennuyant, que c’est snob ? A mes yeux, vous avez tort.  C’est là toute la force d’ « Hunger » : refuser le conformisme, mais pas pour rien, au service d’une véritable puissance narrative et visuelle. Et en plus, c’est le film qui a révélé Michael Fassbender. Du très grand cinéma.

La scène : Qui l’eut cru ? On peut être hypnotisé et chamboulé par un long plan d’un homme au lointain, nettoyant de la pisse, sans que cela fasse de nous un snob.

73. Les Feux de la rampe (Charlie Chaplin, 1952) : 

"Salut toi".

« Salut toi ».

C’est l’un des derniers films de Charlie Chaplin, et c’est peut-être ce qui clôture le mieux une telle carrière. Empreint d’une mélancolie sublime, cette histoire d’un vieux comédien désabusé qui tente d’aider une danseuse de ballet ne vaut pas que pour le duo entre Chaplin et Buster Keaton (la seule collaboration audiovisuelle de ces deux génies !), même si ce moment est évidemment mémorable à plus d’un titre. « Les Feux de la rampe », avec son parfum d’adieux déchirants (c’est plus ou moins le film des adieux à son personnage fétiche, Charlot), prouvent à quel point l’immense Chaplin était un artiste de tous les sentiments, pas seulement comique, et une illustration que souvent l’humour est « la politesse du désespoir ». Film magnifique sur l’art de la scène et le succès qui est là, puis qui s’en va, autobiographique à bien des égards, « Les Feux de la rampe » montre que Charlie Chaplin pouvait aussi sublimer une ambiance de fin de règne.

La scène : la rencontre entre Charlie Chaplin et Buster Keaton, un moment de cinéma comme il y en a peu.

72. Ressources Humaines (Laurent Cantet, 1999) : 

"-Et celle du manchot qui veut se gratter, vous la connaissez ? -Roh putain..."

« -Et celle du manchot qui veut se gratter, vous la connaissez ?
-Roh putain… »

Faire du cinéma social est une chose, bien souvent louable. Le transcender en est une autre. C’est ce que parvient à faire Laurent Cantet (le réalisateur d’ « Entre les murs »), avec « Ressources Humaines ». Pourtant, l’histoire est toute simple et les moyens du film sans prétention. Mais qu’importe, car l’œuvre a l’essentiel : l’humanité. Une humanité criante, brûlante, réaliste, bouleversante. C’est l’histoire d’un jeune qui après de brillantes études, choisit de travailler dans l’usine du coin où bosse son père, plutôt que d’aller dans un grand groupe. Cet idéalisme va se retrouver bientôt mis à mal lorsqu’il découvre un plan de licenciement. Histoire extrêmement crédible, psychologie des personnages subtile, interprétation magnifique, réalisation sans chi-chi, la recette est belle et le résultat magnifique. Un film à l’heure actuelle plus que jamais nécessaire et d’une grande beauté.

La scène : La confrontation entre le fils, qui a rejoint la grève, et le père pourtant licencié qui refuse de la faire : une friction qui donne des étincelles capables d’immensément me chambouler. Une scène qu’on pourrait qualifier de toute simple, et pourtant sublime.

71. Snatch : tu braques ou tu raques (Guy Ritchie, 2000) : 

"-Vous devez prendre une tasse de thé ! -Oh oui une tasse de thé, du bon thé bien préparé !"

« -Vous devez prendre une tasse de thé !
-Oh oui une tasse de thé, du bon thé bien préparé ! »

Guy Ritchie, que l’on a croisé plus haut dans le classement pour sa version survitaminé de Sherlock Holmes, est un homme qui aime les films pleins de peps, avec montage énervé, personnages déjantés, répliques d’allumés et rythme enlevé. A cet égard, « Snatch » est à mes yeux sa masterpiece. Véritable œuvre maitresse du « cinéma pop-corn », ce film enchaîne les moments cultes avec un tempo qui laisse groggy de plaisir. On y croise Brad Pitt en gitan bagarreur, des surnoms improbables, un méchant avec des grosses lunettes qui aime nourrir les cochons, des punchlines mémorables (« Mary fuckin’ Poppins »), Jason Statham qui fronce les sourcils, l’ancien footballeur Vinnie Jones en gros bras, des gros zooms et ralenti qui tâchent et pleins d’autres plaisirs. A déguster sans modération, et s’il vous reste de l’appétit, « Arnaque, crime et botanique », du même auteur, est moins mémorable mais franchement pas mal non plus.

La scène : « Do you like dagz’ ? ».

70. Winter Sleep (Nuri Bilge Ceylan, 2013) : 

"-Bah reviens, Gégé, il pleut et tu vas louper la meilleure partie ! -Je préfère la pluie à ta soirée diapo', Patrick !"

« -Bah reviens, Gégé, il pleut et tu vas louper la meilleure partie !
-Je préfère la pluie à ta soirée diapo’, Patrick ! »

Il m’arrive souvent de dire que selon les moments, je suis capable aussi bien d’apprécier un blockbuster bien foutu qu’un film d’art et d’essai contemplatif. « Winter Sleep » est une très belle manière d’illustrer cette déclaration. La Palme d’Or de Nuri Bilge Ceylan, c’est plus de trois heures de film, une histoire qui prend son temps, des plans sur des paysages, de longs dialogues, un rythme tranquille. De quoi en rebuter plus d’un, et je le dis sans jugement. Mais pas moi. Plongée magnifique dans la psyché humaine, tourné dans un cadre sublime qui donne envie de faire le tour du monde, inspiré de Tchekhov, « Winter Sleep » est une merveille de film. Une œuvre majeure, qui mérite amplement sa Palme. Je me suis rendu compte à quel point ce film m’avait marqué lorsque j’ai senti une larme couler de mes yeux dans le métro du retour alors que sa musique résonnait dans ma tête. C’est parfois sur le chemin du retour qu’on se rend compte qu’on vient de passer une séance de cinéma mémorable.

La scène : Le grand dialogue entre le frère et la sœur.

69. Inception (Christopher Nolan, 2010) : 

Encore un coup d'Hidalgo pour bloquer la circulation parisienne.

Encore un coup d’Hidalgo pour bloquer la circulation parisienne.

On le pressentait depuis ses premiers films, on en avait eu la démonstration éblouissante avec « The Dark Knight », « Inception » fut la confirmation définitive : Christopher Nolan est un véritable maître et un homme capable de donner aux films très grands publics une profondeur et une noblesse incroyable. On le savait depuis « The Dark Knight », « Inception » nous montra que ce n’était pas une réussite isolé. N’en déplaise aux grincheux et aux méprisants, Nolan en a apporté la preuve : blockbuster ne veut pas forcément dire action sans cervelle, et rien que pour cette démonstration, on peut lui dire un grand merci. Le reste, nombreux sont ceux qui le connaissent avec entre autres : le casting impeccable (c’est tout de même le film qui a révélé Joseph Gordon-Levitt et Tom Hardy au grand public), la musique époustouflante d’Hans Zimmer bien sûr, la montée en tension mémorable de l’histoire (le moment où l’histoire se démultiplie en plusieurs strates est juste fabuleux, il vous attrape pour ne plus vous lâcher) et la fin devenu mythique.

La scène : La dernière scène bien sûr.

68. La Classe Américaine : Le Grand Détournement (Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette, 1993) : 

Jean-Michel Classe.

Jean-Michel Classe.

« La Classe Américaine » c’est une des histoires les plus savoureuses de l’histoire du cinéma. Rembobinons : pour ses 70 ans, la Warner refile à Canal + tout son catalogue (à l’exception des films d’Eastwood et de Kubrick) et commande un petit film promotionnel. Malheureusement pour le studio et heureusement pour l’humour, à l’époque un certain patron n’a pas flingué l’esprit Canal, et le tout tombe entre les mains de Dominique Mézerette et un certain Michel Hazanavicius. Et là, ça part en couille. Voyant là une occasion unique de s’affranchir du copyright pour faire un joyeux n’importe quoi, les compères récupèrent la plupart des doubleurs des stars des films du catalogue et par la magie du re-doublage et du montage, tout ce beau monde va créer une histoire improbable avec l’homme le plus classe du monde, des indiens, des dinosaures partouzeurs de droite, Julien Lepers en black et j’en passe et des meilleurs. Et voilà une comédie extraordinaire, aux dialogues et aux citations cultissimes. C’est simple « Le Grand Détournement : La Classe Américaine » semble fait pour se balancer les répliques entre potes. Un bijou.

La scène : « Bonjour, c’est Orson Welles… ».

67. Little Nemo : Adventures in Slumberland (William Hurtz et Masami Hata, 1989) : 

La fine équipe.

La fine équipe.

De tous les dessins-animés cultes de mon enfance, il s’agit sans doute du plus original. « Little Nemo : Adventures in Slumberland » est en effet un dessin-animé scénarisé entre autres par Chris Columbus, réalisé par un japonais, Masami Hata, et un américain, William T. Hurtz, à partir d’une bande-dessiné américaine du tout début du 20éme siècle, crée par Winsor McCay (à laquelle je vous conseille de jeter plus qu’un coup d’œil, si vous tombez dessus, elle est géniale). L’histoire est la suivante : Little Nemo, un petit garçon rêveur, est invité au pays des rêves par le Roi Morphée. Mais, mal influencé, il ouvre la porte des cauchemars et plonge le pays dans le chaos. A lui d’aller, accompagné d’une petite équipe, dans le royaume des cauchemars pour réparer son erreur. Voilà pour les bases. Si je suis si sensible aux aventures oniriques, c’est sans doute en partie grâce à ce dessin-animé magique, à l’histoire incroyable et aux scènes très marquantes (le début, l’arrivée dans le monde des rêves, l’invasion des cauchemars, tout le passage dans le monde des cauchemars….).

La scène : la confrontation finale avec le Roi des cauchemars.

66. La Guerre des Mondes (Steven Spielberg, 2005) : 

L'invasion.

L’invasion.

J’ai du mal à comprendre ce que certains reprochent à ce film. C’est à mes yeux une des pièces maitresses de la filmographie de Spielberg. En termes de réalisation, et plus particulièrement d’immersion, il est absolument incroyable. On est happé dans cette course pour la survie d’un père et de sa fille, entraîné au plus près d’eux, et on en sort abasourdi, presque fiévreux, tant on était comme avec eux. En terme de « film coup de poing », d’ « immersion totale », c’est pour moi une réussite incroyable et le talent de Spielberg y est pour beaucoup. Photographie magistrale, Tom Cruise dans un de ses meilleurs rôles, « La Guerre des Mondes » est un must du « survival movie ». Son gros point fort est de suivre obstinément un cap intimiste, pour ne nous faire que deviner le chaos global, ce qui rend subtilement son ressenti encore plus fort, car au cinéma, parfois, ne rien dévoiler, c’est beaucoup dire. Certes, le film se termine en « happy end » presque convenu, mais le reste est d’une noirceur folle et, étant un peu « maso » niveau film et série (comprendre que j’aime bien ce qui me retourne la tête), je ne pouvais que l’apprécier.

La scène : Le moment dans la cave, climax du film en terme de drame.

65. Là-Haut (Pete Docter et Bob Peterson, 2009) : 

"Non, je ne vais pas adopter ce gros oiseau !"

« Non, je ne vais pas adopter ce gros oiseau ! »

L’histoire de mon visionnage de ce film suffirait presque en terme de commentaire. A l’époque, ma mère me propose de venir au cinéma voir ce film. Je n’ai pas encore 18 ans et un dans un moment de bêtise adolescente je refuse, arguant que « les dessins-animés type Disney / Pixar, c’est plus de mon âge ». Oui, je sais, c’est une réflexion absolument stupide, mais il nous arrive à tous d’en avoir. L’essentiel, c’est que je finis finalement par y aller, peut-être par désœuvrement, peut-être parce que je pressens que quand même, c’est idiot d’agir de cette façon. On va au cinéma et là, je me mange une grande claque. Dès la première scène, je suis en larmes. Moi, l’adolescent qui faisait le malin pas si longtemps avant, je pleure comme une madeleine. De quoi me servir de durable leçon. Merci donc à « Là-Haut », merveille d’humanité et de poésie, l’un des plus grands chefs d’œuvres de l’animation, de m’avoir remis les idées en place.

La scène : l’histoire d’amour du début donc, tout bonnement extraordinaire en termes de sensibilité et d’émotions. Dire qu’elle est touchante est un gros euphémisme, c’est une merveille qui prouve qu’on peut raconter une sublime histoire d’amour sans être cliché ni « nian-nian ».

64. Léon (Luc Besson, 1994) : 

"Allez, ouvre la bouche : une balle pour papa, une balle pour maman..."

« Allez, ouvre la bouche : une balle pour papa, une balle pour maman… »

Que t’est-il arrivé, Luc Besson ? Que s’est-il passé pour que tu ne sois aujourd’hui capable que de nous vendre des bouses à la « Lucy », étron de première catégorie ? Tu étais pourtant capable de faire de très bons trucs dans le temps. « Léon », Luc, tu te souviens de « Léon » ? Là, c’était du lourd, du solide. Une bonne grosse dose de fun, mené sans se prendre la tête, porté par un Jean Reno impeccable dans le rôle-titre et un Gary Oldman plus que fabuleux en policier ripou et camé. Une véritable performance de dingo pour l’ami Oldman, avec moult moments et répliques cultes (« I haven’t got time for this Mickey Mouse bullshit », putain, mais qui a écrit cette réplique ? C’est du génie), depuis sa première apparition jusqu’à la fin. Il y avait là un talent certain pour le fun, pour le divertissement, c’était bien mené, on suivait le tout avec kiff’. Qu’est-ce qui s’est passé ? A défaut de le savoir on peut revoir « Léon », en étant averti sur son côté provocateur, et aussi un peu limite, limite aussi sur certains aspects moraux (la relation entre Léon et Matilda notamment), il faut quand même le dire.

La scène : l’extraordinaire première apparition de Gary Oldman, une apparition de méchante bien puissante et badass comme on les aime.

63. Paprika (Satoshi Kon, 2005) : 

"On est pas là pour se faire engueuler, on est venu pour voir le défilé..."

« On est pas là pour se faire engueuler, on est venu pour voir le défilé… »

Pour ceux qui en douteraient, les dessin-animés japonais ne se limitent pas à Ghibli. « Paprika » en est la preuve. J’ai vu cette œuvre pour la première fois dans un contexte particulier : une séance du soir, en solo et c’est peu dire que je suis rentré dedans. Bourré d’invention et de détail, c’est un petit bijou à l’animation impeccable et à l’histoire complétement folle. Le principe ? Des scientifiques ont inventé une machine pour soigner les gens à partir de leur rêve, mais celle-ci est volée et les ennuis commencent. Avec ses voyages oniriques si prenants et son excellente musique, « Paprika » est à découvrir, avec des mises en garde néanmoins : il faut parvenir à rentrer dans ce foisonnement cherchant à restituer au mieux l’ambiance des rêves (avec ce que cela comporte de WTF) et plusieurs visionnages sont nécessaires pour comprendre bien tous les tenants de l’histoire et les nombreuses références. Si cela ne vous arrête pas, foncez, vous allez probablement vous régaler ! Seul point noir, une fin qui dénote un peu en terme de simplisme par rapport au reste du film, mais rien de dramatique non plus ! Au fait, « Paprika » a inspiré « Inception » (et oui !) !

La scène : L’arrivée dans l’appartement d’Himuro, très marquante à mon goût.

62. Requiem for a dream (Darren Aronofsky, 2000) : 

Le calme avant la tempête.

Le calme avant la tempête.

Une bonne grosse tarte dans la gueule. Voilà ce qu’est « Requiem for a dream ». C’est simple à la fin du film, je suis resté en état de choc, tremblant et des larmes coulant sur mes joues, tandis que résonnait cette musique de Clint Mansell malheureusement trop utilisé aujourd’hui, mais qui pourtant a gardé toute sa force. Difficile de rester insensible face à cette descente aux enfers impitoyable subie par les personnages. Bien plus efficace que n’importe quel spot gouvernemental, « Requiem for a dream » ne retient pas ses coups pour dénoncer l’horreur des phénomènes d’addiction et de manque et le côté extrêmement vicieux de ce qui les provoque. Difficile de dire ce qui est le plus traumatisant dans toutes ces histoires sordides mêlés, mais celle de la personne plus âgé est tout de même particulièrement affreuse, parce qu’elle touche un type de personnage qu’on voit rarement touché par l’addiction. Ceci dit, en terme de choc, la scène finale du personnage de Jennifer Connelly est difficile à battre. Bref, à voir, mais préparé.

La scène : la fin du film, d’une hallucinante noirceur.

61. Orange Mécanique (Stanley Kubrick, 1971) : 

Lui aussi sort de nulle part une frappe de bâtard, mais c'est pas le même type que celle de Pavard.

Lui aussi sort de nulle part une frappe de bâtard, mais c’est pas le même type que celle de Pavard.

Quand on dit d’un film qu’il est l’un des plus grands chefs d’œuvre de Stanley Kubrick, on a déjà beaucoup dit. « Orange Mécanique » étant un des films les plus commentés de l’histoire, il est difficile d’en parler sans tomber dans la redite de chose déjà dites maintes fois. Oui, le film est une claque aussi profond que perturbant. Oui, la performance de Malcom McDowell en Alex est démentielle et va chercher très haut au panthéon des interprétations de « méchant ». Oui, la musique est dingue. Oui, la réalisation est impeccable (en même temps on parle de Kubrick quand même !). Oui, certaines scènes sont éprouvantes, même selon les standards d’aujourd’hui. Bref, on en ressort K.O debout, fortement marqué par cette réflexion sans concession sur la violence, sociale comme individuelle. Si vous ne l’avez toujours pas vu, il est temps de prendre votre courage à deux mains, tant « Orange Mécanique » fait figure d’indispensable.

La scène : Le travelling arrière du début qui pose les bases.

60. Ran (Akira Kurosawa, 1985) : 

Ceci n'est pas une version vintage des Power Rangers.

Ceci n’est pas une version vintage des Power Rangers.

Chef d’œuvre du maître japonais Akira Kurosawa, « Ran », s’il est pourtant moins connu que « Kagemusha, l’Ombre du guerrier » ou « Les Sept Samouraïs », n’en reste pas moins une merveille. A la manière de ce qu’il avait réalisé presque trente plus tôt avec Macbeth dans « Le Château de l’araignée », Kurosawa adapte ici la tragédie du « Roi Lear » dans un Japon plutôt médiéval. Force de l’histoire shakespearienne mêlé à l’esthétique japonaise, le combo est magnifique. « Ran » est un film d’une puissance hallucinante, un tour de force cinématographique. On comprend aisément en le voyant pourquoi de nombreux réalisateurs extrêmement talentueux comme Lucas ou Coppola. Si l’on en croit Wikipédia, Akira Kurosawa l’aurait même qualifié comme son meilleur film, lui qui avait l’habitude de répondre « le prochain » quand on lui posait la question. De quoi poser les choses.

La scène : la bataille de fin avec le roi fou perdu.

59. Le Ruban Blanc (Michael Haneke, 2009) : 

En cage.

En cage.

Après avoir vu ce film avec ma mère, il nous fallut de longue minutes avant de pouvoir échanger un mot. C’est dire l’effet produit par « Le Ruban Blanc ». Pourtant, rien de visuellement horrible, pas vraiment de moments d’angoisse. Juste une ambiance, malaisante et oppressante,  avec ce « noir et blanc » si fort, pour raconter l’histoire de ce village, où pèse la chape de plomb d’une morale et d’une hypocrisie rampante. Haneke, que j’ai un jour qualifié de « cinéaste de la joie », est un génie pour restituer des atmosphères étouffantes et sordides. Ici, le cinéaste autrichien raconte un monde de privations et de violence sourde, face auquel l’enfance se pervertit et même si Haneke ne l’a jamais clairement admis, beaucoup ont justement commenté qu’il y avait une partie de terreau qui allait mener au nazisme et aux totalitarismes des années 30. Eprouvant à voir, mais terriblement intelligent.

La scène : le moment où l’on devine les violences sexuelles subies.

58. Le Nom des Gens (Michel Leclerc, 2010) : 

"Oh ben, vous ici !"

« Oh ben, vous ici ! »

Quel plaisir ce film ! Quel kiff’ ! Un bon gros « feel good movie » comme on les aime. Le pitch en soi est déjà très savoureux : une femme a sa propre de l’engagement politique, à savoir coucher avec des gens de droite pour les faire devenir de gauche. Quand elle rencontre Arthur Martin (oui, comme l’électroménager, c’est d’ailleurs une blague du film) qu’elle considère chiant comme la pluie, elle en est sûr : le mec est de droite et c’est pour elle le client parfait. Manque de bol, le type est socialiste et fan de Lionel Jospin, et peut-être plus intéressant qu’il en a l’air de prime abord. Originalité du scénario, enchainement de moments délicieux, réquisitoire malin contre les préjugés, acteurs au top (notamment Jacques Gamblin, magnifique), c’est une petite pépite et la preuve que le cinéma français sait encore faire des œuvres pleines de sens mais pas trop pédantes non plus. Et en plus, y a Lionel Jospin en guest dans une scène magique !

La scène : Celle avec Lionel est bien sûr incroyable, mais la plus belle scène du film reste le moment où Arthur Martin, qui est resté d’une grande retenue tout le long du film, péte un câble face aux questions inquisitrices à propos de sa mère.

57. Prisoners (Denis Villeneuve, 2013) : 

Sous tension.

Sous tension.

« Prisoners » fut ma découverte du réalisateur Denis Villeneuve et après son visionnage, il ne me fallut pas longtemps pour comprendre qu’il y avait là un homme à suivre, un futur grand. « Prisoners » reste relativement méconnu, pourtant presque tous les gens que je connais à l’avoir vu le dise : c’est un film incroyable. Au rang des thrillers et des films qui retournent la tête, il est très haut. Enquête sur une disparition d’enfant, doté d’une ambiance incroyable, souligné par une photographie impeccable (un classique de Villeneuve, on le sait maintenant), il nous prend à la gorge pour ne nous lâcher qu’après un direct du droit dans l’estomac. Porté par un Jake Gyllenhaal qui est probablement un des acteurs actuels les plus sous-estimés, je le maintiens, et par un Hugh Jackman qui trouve ici la redoutable occasion de prouver qu’il n’est pas seulement « Monsieur Wolverine », porté aussi par des seconds rôles au diapason (dont le toujours marquant Paul Dano), « Prisoners » est un récit glaçant sur ce dont sont capables les hommes ordinaires en état de détresse, et comment traquer des monstres peut nous changer en monstre. Car « quand tu regardes au fond de l’abîme, l’abîme aussi regarde en toi ». Un film puissant et magistral.

La scène : la terrible torture du personnage de Paul Dano.

56. Birdman (Alejandro González Iñárritu, 2014) : 

Chemise versus slip, le duel au sommet.

Chemise versus slip, le duel au sommet.

J’ai eu la chance d’aller voir ce film en avant-première et je ne me suis pas privé de dire à de nombreuses personnes que sortait dans quelque temps un film incroyable. J’ai eu la chance de le voir de nouveau en ciné-concert, une superbe expérience. A chaque fois, j’en suis sorti plus que conquis. L’histoire ? Un homme qui a connu la célébrité avec une série de films de super-héros tente de reconquérir le succès par une pièce beaucoup plus sérieuse à Broadway. Les thèmes abordés par le film (rien de moins que l’art et la gloire, notamment) sont traités avec une très grande justesse, les comédiens, dans une sorte de semi-parodie d’eux-mêmes, sont saisissants, Michael Keaton en premier lieu évidemment. Et que dire de cette réalisation, avec ce « vrai-faux » travelling qui paraît durer presque tout le film et qui nous embarque de manière extraordinairement virtuose ? Que dire, à part que c’est un coup de génie ? Et puis il y a ces dialogues, ciselés, acérés, qui relève le tout comme de bonnes épices. Ajoutez à cela Emma Stone et n’en jetez plus, je suis conquis. Bref, une recette impeccable et un de mes plus grands plaisirs cinéphiliques récents.

La scène : le dialogue avec la critique, savoureux au possible.

55. La Saga Toy Story (John Lasseter, 1995 et 1999, Lee Unkrich, 2010) : 

"Je ne vois que l'herbe qui verdoie..."

« Je ne vois que l’herbe qui verdoie… »

On dit souvent qu’il est difficile de réussir une suite, surtout quand elle n’est pas prévue. On estime régulièrement que faire une trilogie où tous les films sont bons est un bon gros challenge. De tout ceci, la saga « Toy Story » s’en fiche comme de sa première chaussette. Ce n’est même pas que les trois sont impeccables, c’est que chacun d’entre eux est meilleur que le précédent, ce qui paraissait presque impossible au visionnage de chacun. Mais voilà, les « Toy Story », de dessin-animé fun, ont réussi à accéder au statut de meilleure représentation de l’esprit Pixar, avec un quatuor plaisir-profondeur-références-beauté qui calme bien comme il faut. Et au-delà des aventures géniales de toute la bande, c’est aussi une magnifique évocation de l’enfance, à travers le concept universel du jouet, jusqu’au déchirant troisième, qui arrachera de chaudes larmes à quiconque un peu sensible. Vous voulez savoir comment faire du pathos sans faire du pathétique ? Matez un bon Pixar et si vous voulez un excellent exemple, matez un « Toy Story ».

La scène : la scène finale du troisième, un mélange fabuleux de tristesse et de joie qui réveillera bien des souvenirs à n’importe qui.

54. RRRrrrr !!! (Alain Chabat, 2004) : 

Le meilleur morceau c'est la trompe, ne vous y trompez pas (ah ah).

Le meilleur morceau c’est la trompe, ne vous y trompez pas (ah ah).

Que les rageux ragent, puisque c’est leur rôle, je vais lancer une bombe qui fera hurler tous ceux qui trouvent « « RRRrrrr!!!  » débile : ce film est ce que les français ont fait qui se rapproche le plus d’un film des Monty Pythons. Oui, messieurs, dames. « RRRrrrr !!! » est un petit bijou d’absurde, que ce soient dans les répliques ou dans les situations : le mec qui dit que ça va être tout noir, « vous connaissez ma femme ? », les mecs qui s’appellent tous Pierre, « donne pas la patte », « tous à l’Hippopotamouth »… Et comme certains Monty Pythons, la base du fun est de prendre une situation historique précise, pour la parodier joyeusement avec un esprit de folie jouissive quasiment sans limites. C’est culte que ça n’en peut plus et certes, il y a quelques temps morts, mais quand c’est bon, et c’est souvent bon, c’est à en tomber du canapé de rire. Alors laissez-vous faire et emporter par ce bon gros délire en compagnie des Robins des Bois et de leurs compères, Alain Chabat s’y connait, vous pouvez lui faire confiance. A mes yeux une des meilleures comédies françaises, et si vous êtes pas contents, c’est pareil.

La scène : « On lui a cousu tous les orifices ! –Même les doigts de pieds ? – C’est pas des orifices. –Ah oui, et pourquoi on dit ‘se faire coudre les doigts de pieds par tous les trous’ ? –On le dit pas, ça. – Ah. »

53. Shutter Island (Martin Scorcese, 2010) : 

Tout ne va pas se passer comme prévu.

Tout ne va pas se passer comme prévu.

La crème de la collaboration Scorcese / DiCaprio (rien de moins !) est à mes yeux « Shutter Island ». L’occasion de parler du grand paradoxe qui anime mes goûts de spectateur : si j’ai beaucoup de mal à apprécier les films d’horreurs purs, j’adore en revanche énormément les thrillers qui retournent le cerveau, même quand ils flirtent avec le genre horrifique, comme c’est le cas ici. Dites « scénario mindfuck », « twist bouleversant », « ambiance travaillée », « dédales psychologiques » et pour peu que ce soit bien fait, vous avez toutes les chances de me voir conquis, quand bien même je dois passer certains moments difficiles en terme d’angoisse (oui, je suis un grand fragile et assumé). Question de dosage sans doute et à condition de ne pas avoir trop de « jump scare », cet effet qui cherche à faire bondir le spectateur. Bref, dans les quatre atouts évoqués, « Shutter Island » se pose là et bien là : le scénario est impeccablement mené, la (les) révélation(s) vous mettront presque en état de choc, l’ambiance est magistrale et ce film est autant une torture qu’un plaisir pour votre cerveau. L’illustration, s’il en fallait une, que Scorcese n’est pas seulement excellentissime pour les films de truands.

La scène : la scène finale, une bonne grosse claque qui vous fera réfléchir longtemps sur le vrai sens du film.

52. Fantasia (James Algar, Samuel Armstrong, Ford Beebe, Norman Ferguson, Jim Handley, Thornton Hee, Wilfred Jackson, Hamilton Luske, Bill Roberts et  Paul Satterfield, 1940) :

Un film magique.

Un film magique.

L’idée même à la base de « Fantasia » est déjà merveilleuse et c’est peu dire que d’affirmer que le résultat est plus qu’à la hauteur. Mettre « en animation » des chefs d’œuvres de la musique classique, c’est-à-dire les « illustrer » par des dessins-animés, il fallait y penser ! Et voilà donc « Fantasia », cette œuvre de génie complétement à part dans la mythologie Disney en particulier et dans l’histoire du cinéma en général, un bijou d’imagination et de poésie, d’une qualité visuelle qui, encore aujourd’hui (à l’exception peut-être du tout début), laisse pantois et encore plus quand on sait que tout cela a été fait en 1940 ! Des moments magiques s’enchaînent et s’enchaînent, sous le son sublime de morceaux incroyables, à tel point que certains d’entre eux (« L’Apprenti sorcier » et une « Une Nuit sur le Mont Chauve », notamment) sont intimement liés à mes yeux à leur passage dans « Fantasia » et je ne peux presque pas les écouter sans en revoir des images. Une suite, « Fantasia 2000 », a fini par sortir mais, si elle reste très belle, elle n’en atteint pas moins le degré d’émerveillement du premier, comme s’il manquait un « je ne sais quoi » de magique. En tout cas, le talent visuel de Disney et la beauté des grands morceaux classiques, cela reste l’un des plus beaux mariages qu’on puisse imaginer.

La scène : Il est incroyablement difficile de choisir entre quasiment tous les fragments (les dinosaures, « Une Nuit sur le Mont Chauve », le ballet des animaux, « L’Apprenti sorcier »…) mais, en hommage au jeune mordu de mythologie grec que j’étais (et suis d’ailleurs en grande partie encore !), je choisi le fragment la concernant, sur la « Symphonie Pastorale » de Beethoven.

51. J’ai toujours rêvé d’être un gangster (Samuel Benchetrit, 2007) : 

Vertiges de la cafét'.

Vertiges de la cafét’.

Il y a des films dont vous n’attendez rien, ou du moins pas grand-chose, et qui vous marquent énormément. Il y en a aussi qui vous attirent d’instinct, et vous n’êtes pas déçu. Cette dernière affirmation s’illustre parfaitement, à mes yeux, par « J’ai toujours rêvé d’être un gangster ». Des souvenirs que j’en ai, j’avais vu juste une bande-annonce ou peut-être même pas, une affiche, mais j’avais envie de voir ce film. Et, parfois, certaines de nos plus belles aventures de spectateur se font avec un être cher. Je convainquis ma mère de le regarder avec moi et ce fut extraordinaire. Aux moments de fous rires immenses (comme j’en ai rarement eu !) ne succédait que des instants touchants. Nous en sortîmes tous les deux plus que conquis et nous nous en souvenons encore aujourd’hui avec un sourire aux lèvres. Films à « fragments », qui vont du savoureux au sublime, reliés par une cafétéria, « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » est une pépite, rempli d’humour absurde et d’un délicat mélange de « doux-amer ». On y croise une escouade de choc : Jean Rochefort, Bouli Lanners, Serge Larivière, Laurent Terzieff, Edouard Baer, Anna Mouglalis, Alain Bashung, Arno, entre autres, qui épousent parfaitement l’ambiance de film. Après une telle réussite, j’ai surveillé les autres productions de Samuel Benchetrit mais aucune d’entre elles ne m’a paru à la hauteur de « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » et j’ai préféré ne pas le voir, par peur d’être trop déçu.

La scène : le passage avec notamment Jean Rochefort est sublime mais le plus génial de tous reste celui avec Bouli Lanners et Serge Larivière et particulièrement une conversation téléphonique à tomber de son canapé de rire.

Les articles précédents : 

De la 200éme à la 176éme place.

De la 175éme à la 151éme place.

De la 150éme à la 126éme place. 

De la 125éme à la 101éme place. 

De la 100éme à la 76éme place. 

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Mes 200 films préférés (100 – 76). /mes-200-films-preferes-100-76/ /mes-200-films-preferes-100-76/#comments Tue, 17 Apr 2018 21:27:52 +0000 licontinovich /?p=796 Continue Reading ]]> N’hésitez pas à lire les « précisions avant de commencer » présentes dans le premier article du top !

100. La Cité de la Peur (Alain Berbérian, 1994) : 

Quand ce n'est pas un tango, ni un cha cha.

Quand ce n’est pas un tango, ni un cha cha.

Autre comédie française culte de ce classement, « La Cité de la Peur » est pour moi comme pour tant d’autres, une mine à moments et répliques légendaires. Si je l’ai vu relativement tard par rapport à d’autres membres de ma génération, il ne m’a pas fallu longtemps pour prendre le train en marche et partager avec mes amis le délice de lancer ici et là des lignes du film. « Vous voulez pas un whisky d’abord ? », « monsieur est commissaire de police », « meurs, pourriture communiste », « c’est une véritable boucherie à l’intérieur », « barrez-vous cons de mimes », « quand je suis content, je vomi », « prenez un chewing-gum Emile » et bien sûr la plus célèbre d’entre toutes, la tirade sur « on peut tromper », il est extraordinaire de constater à quel point les répliques de « La Cité de la Peur », malgré leur côté franchement décalé et absurde, parviennent à trouver leur place dans nos vies quotidiennes. Bref, le talent d’écriture et l’interprétation tout en merveilleusement « trop sérieux »  des « Nuls » est à son apogée et le public, ravi.

La scène : très très difficile de choisir, mais on va dire la scène où Kara’ va chercher Odile à l’aéroport.

99. Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl et Pirates des Caraïbes : Le Secret du coffre maudit (Gore Verbinski, 2003 et 2006) : 

"Putain, j'crois qu'il y a un mec dans mon dos..."

« Putain, j’crois qu’il y a un mec dans mon dos… »

On a tendance à l’oublier aujourd’hui (le premier volet est tout de même sorti il y a quinze ans… outch le coup de vieux) mais à l’époque, l’arrivée de « Pirate des Caraïbes » sur les écrans fut une énorme claque en terme de fun et un dépoussiérage bienvenu dans le monde des blockbusters. On découvrait émerveillé ce mélange si réussi entre action et humour, cette musique incroyable, cette histoire réveillant habilement des mythologies si prenantes comme les pirates, ces décors qui nous faisaient voyager dans les Caraïbes et surtout, surtout, cet anti-héros sublime, Jack Sparrow, à la fois merveilleux et ridicule, incarné avec une maestria immense par un Johnny Depp habité. Alors certes, la série s’est perdue dans les suites (seul le deuxième accompagne le premier dans mon classement, car il est à mes yeux le seul à en être digne, même si le troisième comporte sa dose de fun) et « Sparrow » a parfois du mal à quitter un Johnny Depp désormais bien enclin au cabotinage, mais tout de même, quel kiff’. Comme quoi, ce peut être une bonne idée de faire un film sur une attraction de parc.

La scène : la première arrivée de Jack Sparrow au port.

98. Chicken Run (Nick Park et Peter Lord, 2000) : 

"Salut ma poule, moi c'est la poule !"

« Salut ma poule, moi c’est la poule ! »

A travers l’excellentissime « Chicken Run », « grande évasion » des poules ultra-savoureuse, c’est ici l’occasion pour moi de rendre un hommage appuyé et ému aux studios Aardman Animations, ces génies qui, avec de la pâte à modeler et beaucoup de patience, créent du rêve, image par image. Les courts-métrages « Wallace et Gromit » ne pouvant être présents dans ce classement (il a en effet fallu me limiter aux longs-métrages, sans quoi la tâche aurait été trop dure et les longs de « Wallace et Gromit », s’ils restent excellents, n’atteignent pas pour moi le niveau de génie des courts et de « Chicken Run »), voilà les poules en porte-drapeau du travail extraordinaire de ce studio. Car tout de même, continuer le pari de la pâte à modeler à l’heure du « tout numérique », continuer à nous apporter des univers vibrant de singularités, toujours remplis de références passionnés au reste de la culture audio-visuelle, c’est un magnifique courage d’artiste. Alors bravo et merci.

La scène : l’évasion volante.

97. 20 000 lieues sous les mers (Richard Fleischer, 1954) : 

Quand t'as pété et que tout le monde t'as cramé, sauf un mec.

Quand t’as pété et que tout le monde t’as cramé, sauf un mec.

Un grand classique VHS de ma jeunesse, m’émerveillant enfant et jeune adolescent et présentant aujourd’hui à mes yeux la douce poésie « vintage » de ces vieux films qui ont su captiver notre jeunesse, ces vieux films avec tout leur rituel : le magnétoscope, les bandes annonces d’avant film qu’on connaissait par cœur, le rembobinage ou l’avance rapide avec les raies sur l’écran, ces cassettes qu’on manipulait avec précaution… Et ici, cette histoire de sous-marin si forte : la tension lorsqu’on pense encore qu’il s’agit d’un monstre marin, l’enterrement sous-marin, ces décors magnifiques, l’orgue du capitaine Nemo, la classe de Kirk Douglas… Un must.

La scène : le très connu combat contre la pieuvre géante, un souvenir très fort pour moi.

96. La Vie est belle (Roberto Begnini, 1997) : 

"Dis papa..."

« Dis papa… »

Ce film est extraordinaire ne serait-ce que parce qu’il existe. Il repose en effet sur un pari fou : faire rire au sein des camps de la mort nazis. Le résultat : une comédie qui fait pleurer, un mélodrame qui fait sourire, où un père courage tente de divertir son fils en plein milieu d’un camp, en lui faisant croire que tout ceci n’est qu’un jeu. Film résolument à part, mêlant violence et tendresse, c’est un déchirement qui nous fait du bien, un irrésistible cri d’optimisme et d’amour s’élevant depuis le plus profond de l’horreur. Benigni est merveilleux, la fin nous laisse en larmes comme rarement. « La Vie est belle », de par son risque immense, a instauré un incroyable précédent et a rappelé que oui, envers et contre tout, le rire peut être médecin, le rire peut être sublime, si on l’amène bien. Puissant et nécessaire.

La scène : la découverte du charnier, incroyable ascenseur émotionnel où le spectateur prend en pleine figure le rappel du contexte dans laquelle se déroule l’histoire entre ce père et son fils.

95.  L’Illusionniste (Sylvain Chomet, 2010) : 

"J'aime les panoramas. Celui-ci est magnifique."

« J’aime les panoramas. Celui-ci est magnifique. »

Dès son premier long-métrage, « Les Triplettes de Belleville », Sylvain Chomet a su imposer avec une audace tranquille une patte franchement singulière dans le monde de l’animation. A l’époque, peut-être encore un peu jeune, j’avais été respectueusement intrigué par cette bizarrerie qu’était « Les Triplettes de Belleville » mais pas non plus si transcendé. Des années plus tard, « L’Illusionniste », deuxième long animé du même Chomet, m’emporta en revanche véritablement. Je me souviens encore de cette journée où j’avais convaincu un ami d’aller tenter l’aventure. Nous sortîmes tous deux ravis, émerveillé par ce film d’une immense tendresse, sublimement nostalgique. Basé sur un inédit de Jacques Tati, c’est l’histoire d’un vieil illusionniste qui, se sentant dépassé, tente de continuer sa carrière en Ecosse. Là-bas, une petite fille le prend pour un vrai magicien. Magique, c’est un qualificatif qui convient plutôt bien à ce petit bijou de dessin animé aux images magnifiques, sans prétention et si touchant.

La scène : l’arrivée dans le petit village écossais.

94. 4 mois, 3 semaines, 2 jours (Cristian Mungiu, 2007) : 

Merci Simone Veil.

Merci Simone Veil.

Une ahurissante claque, aussi froide et implacable que ce titre segmenté et chirurgical. Dans la Roumanie de Ceaucescu, deux jeunes colocataires. L’une doit aider l’autre à avorter clandestinement. Bien sûr, tout ne va pas fonctionner parfaitement, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est donc un film sur l’avortement bien sûr, mais aussi sur le dévouement à autrui. « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » prend aux tripes comme peu de films peuvent le faire, de manière glaciale. Témoignage d’une force immense pour balayer la rhétorique de « l’avortement de confort » et un bon paquet des arguments anti-IVG, le film de Cristian Mingiu sait être choc tout en restant d’une très grande subtilité. A l’image de cette réalisation virtuose de simplicité, maniant magnifiquement l’art du détail. Ainsi, par exemple, dans « 4 mois, 3 semaines, 2 jours », l’arrière-plan n’est jamais anodin. Reste à saluer l’interprétation ultra-puissante des deux interprètes principales, chacune dans leur style, pour incarner ces deux figures de femmes aussi fortes que peu clichés.

La scène : la difficilement soutenable scène avec l’homme chargé de l’avortement.

93. La Belle et la Bête (Gary Trousdale et Kirk Wise, 1991) : 

Let's dance !

Let’s dance !

On continue donc ce classement avec un autre petit Disney des familles. On y retrouve tous les ingrédients qui font la force des meilleures œuvres du studio d’animation, comme par exemple une histoire solide aux thématiques universelles ou des personnages secondaires amusants, avec un supplément d’épique et de force qui le place à mes yeux dans le peloton de tête des films Disney. Autres grands atouts de « La Belle et la Bête » : des chansons géniales, même pour les standards de la bande à Mickey, et un univers graphique, certes dans la pure lignée des créations du studio, mais avec un quelque-chose en plus en terme de puissance visuelle. Bref, un classique et pas pour rien.

La scène : « C’est la fête », peut-être ma chanson Disney préférée.

92. Habemus Papam (Nani Moretti, 2011) : 

Discussion "privé".

Discussion « privé ».

La fumée est blanche : après de nombreux jours de conclave, le cardinal Melville a été élu pape. Mais celui-ci ne veut pas de ce rôle et est pris d’une attaque de panique avant de se présenter à la foule. Le collège des cardinaux, bien que sceptique, accepte de demander l’aide d’un psychiatre. Voilà donc la base du scénario (et quel scénario !) d’ « Habemus Papam ». Porté par un Michel Piccoli absolument extraordinaire, l’œuvre de Nanni Moretti aborde de très belle manière des thèmes pourtant très complexes, sans jamais verser dans la caricature. Film à l’ambition rare mais tranquille, « Habemus Papam » est une petite merveille d’humanité et de subtilité. Où il arrive que, l’espace d’une scène (celle de « Todo Cambia », la sublime chanson de Mercedes Sosa ou celle où on demande innocemment à Melville ce qu’il fait dans la vie), la beauté irradie de l’écran, à tel point que j’en ai été par deux fois ému aux larmes, non pas parce que c’était triste, mais parce que c’était beau.

La scène : difficile de choisir justement entre les deux qui m’ont faites pleurer, la première étant le moment où Melville est élu de manière inattendu et tous les cardinaux applaudissent alors qu’un gros plan sur le visage de Piccoli révèle de si belle manière le trouble intérieur du cardinal, la deuxième étant le moment du tournoi international de volley entre cardinaux, où ceux de l’Océanie, qui ne sont que trois, réussissent finalement à marquer un point. A choisir, je dirai la deuxième, pour son côté surprenant et incroyable d’émotions.

91. La Vie et rien d’autre (Bertrand Tavernier, 1989) : 

"-On s'fait un beer pong ? Cette table est super ! -Ecoutez monsieur, je ne suis pas sûr que ce soit le moment et je ne sais même pas si on a déjà inventé ce jeu."

« -On s’fait un beer pong ? Cette table est super !
-Ecoutez monsieur, je ne suis pas sûr que ce soit le moment et je ne sais même pas si on a déjà inventé ce jeu. »

Philippe Noiret est à mes yeux un acteur immense. Une légende. Un monument. C’est d’ailleurs mon acteur français préféré, toutes époques confondues. Alors comment ne pas aimer « La Vie et rien d’autre » de son vieux complice Bertrand Tavernier, où il fait une véritable démonstration de son talent dans le rôle de ce vieux commandant chargé du recensement des soldats disparus après la Première Guerre Mondiale et troublé par deux femmes à la recherche de leurs amoureux perdus. Extrêmement touchant de rude pudeur, il illumine ce film fort sur l’après de cette boucherie insensée que fut cette guerre. César du meilleur acteur à l’époque, évidemment.

La scène : le sublime monologue final avec la voix chaude de Noiret qui résonne en voix off.

90. Les Nouveaux Sauvages (Damián Szifrón, 2014) : 

"-Non pas Patrick Sébastien, noooooon ! -Et on fait tourner les serviettes tralala..."

« -Non pas Patrick Sébastien, noooooon !
-Et on fait tourner les serviettes tralala… »

Revoir un film peut pousser à l’apprécier encore plus. C’est exactement ce qui s’est passé dans mon cas avec « Les Nouveaux Sauvages », juste aimé au premier visionnage et dont je n’ai réalisé le caractère franchement génial qu’il avait à mes yeux qu’en le revoyant avec des amis. C’est une pépite pleine de fureur et de sauvagerie (sans déconner !) enchainant plusieurs fables sur la violence contemporaine quotidienne, non pas celle du crime, mais celle de tous les instants, une violence amplifiée jusqu’à devenir grotesque. C’est souvent hilarant, parfois cruellement jouissif, parfois juste malaisant et même touchant de temps à autre. Comme souvent dans ce genre de films, le côté « film à sketch » rend les segments au final assez inégaux, mais la moyenne est très haute et les meilleurs moments sont franchement extraordinaires (Pasternak, Bombita, l’accident de voiture dans un style tout à fait à part et surtout l’incroyable mariage, bouquet final génialissime). L’autre coup de génie du film est de parler de l’Argentine contemporaine avec des thématiques qui frapperont quiconque connaît bien ce pays, tout en gardant suffisamment d’universalisme pour parler à beaucoup de monde.

La scène : le final du mariage, meilleur segment du film.

89. The We and the I (Michel Gondry, 2012) : 

"-Quoi, elle te plaît pas ma frange ? -Gros, c'est chaaaaaud."

« -Quoi, elle te plaît pas ma frange ?
-Gros, c’est chaaaaaud. »

Avant tout connu pour « Eternal Sunshine of the Spotless Mind », Michel Gondry poursuit sa carrière tranquillou depuis, en affirmant film après film une patte faite d’hommages au bricolage, d’effets spéciaux souvent volontairement enfantins, de ton humaniste et de bonnes musiques. En 2012, Mich’ réalise un film passé plus ou moins inaperçu : « The We and the I ». C’est un véritable bijou discret. On y voit le (long) parcours d’un bus ramenant chez des élèves d’un lycée du Bronx pour le début des vacances. Au fur et à mesure que le bus se vide, les comportements évoluent, se font plus sincères. Démonstration implacable mais aussi très touchante du changement des comportements humains selon qu’on soit en groupe ou solitaire (le titre du film annonçant bien la couleur), « The We and the I », porté par ses acteurs amateurs, avec son huis-clos original (puisqu’il s’agit d’un bus, l’intérieur est évidemment connecté à l’extérieur) et sa bande-son géniale, est une pépite de subtilité. Avec en cerise sur le gâteau, un faux Donald Trump en guest du récit mythomane d’un des passagers, savoureux à regarder aujourd’hui.

La scène : l’inattendue nouvelle finale.

88. Le Loup de Wall Street (Martin Scorcese, 2013) : 

"-Hubert Bonisseur de la Bath, mais ici je suis Lucien Bramard."

« -Hubert Bonisseur de la Bath, mais ici je suis Lucien Bramard. »

Quand Scorcese s’attaque au monde de la finance en adaptant l’autobiographie de Jordan Belfort, cela donne un film de fou furieux de presque 3H quasiment sans temps mort, une œuvre sur-vitaminé, une déflagration déguisée en cinéma, une bombe. Une véritable folie, à la hauteur du monde qu’elle dépeint, cette finance démiurgique, en roue libre, où les Jordan Belfort de tous styles s’en donnent à cœur joie. Le seul reproche qu’on pourrait éventuellement faire à ce film, c’est d’un peu noyer sa dénonciation dans la démesure, mais en terme de pur plaisir de spectateur, quel pied ! L’une des meilleures perf’ de DiCaprio pour laquelle il méritait largement plus un Oscar que pour sa démonstration masochiste et baveuse dans « The Revenant ». Manque de bol, cette année-là, McConaughey (présent aussi au générique du « Loup de Wall Street ») faisait très fort dans « Dallas Buyer Club » et le voir remporter le prix n’avait rien de scandaleux. Reste donc à réapprécier cette performance démente de Léo’ non pour les récompenses, mais pour ce qu’elle est : hallucinante.

La scène : celle, culte, où Matthew McConaughey fait sa fameuse musique en se frappant le torse.

87. Aladdin (John Musker et Ron Clements, 1992) : 

Mister Tiger is not amused.

Mister Tiger is not amused.

Un nouveau Disney pour poursuivre, avec donc « Aladdin », le chef d’œuvre de 1992, l’un des plus beaux porte-étendards du « nouvel âge d’or » du studio, auquel les enfants des 90’s dont je fais partie, doivent une enfance dont les classiques sont pour beaucoup estampillés « Mickey » (même si j’ai la chance d’avoir pu m’ouvrir à d’autres dessins-animés comme vous le constaterez tout au long de ce classement). Histoire entraînante, animation chiadé, méchant charismatique, personnages secondaires excellents, tout y est pour passer un super moment. Mention spéciale au délirant Génie, peut-être le meilleur personnage de Disney, ce qui n’est pas peu dire, messieurs dames !

La scène : « Prince Aliiiii, oui c’est bien lui… ». Une chanson qui fait partie de la crème de la crème de la musique Disney.

86. Soyez sympas, rembobinez (Michel Gondry, 2008) : 

Maïté et l'anguille, le remake suédé.

Maïté et l’anguille, le remake suédé.

Autre pépite de l’ami Michou’ Gondry, « Soyez sympas, rembobinez » a de attirer l’attention rien que par son pitch délirant : suite à un accident, l’ami du fils d’un propriétaire de magasin de location efface toutes les VHS dudit magasin. Sans se démonter des genoux, les deux compères décide de masquer la catastrophe en « suédant » tous les films perdus, c’est-à-dire en les tournant avec les moyens du bord. SOS Fantômes, Rush Hour 2… tout y passe pour notre plus grand bonheur, émerveillé que nous sommes par ce bricolage tout à la fois ridicule et magique. C’est évidemment un délicieux hommage au cinéma, qui a lancé la souvent savoureuse mode du « suédage », le remake amateur de films.

La scène : les événements finaux, pleins d’émotions.

85. Spartacus (Stanley Kubrick, 1960) : 

Quand ton prof de peinture t'aime pas trop.

Quand ton prof de peinture t’aime pas trop.

A l’heure de dresser la liste des chefs d’œuvres de Kubrick, il ne faut pas laisser de côté « Spartacus ». Porté par la plume d’un Trumbo et la force évocatrice de son inspiration historique, habité par le charisme immense d’un Kirk Douglas et le génie artistique de Stanley, « Spartacus » est un film immense, un sublime péplum bien sûr, mais également bien plus que cela : une épopée aux valeurs superbes, qui malgré tout, semblent ne pas avoir pris une ride. Un film d’une incroyable force mais aussi d’une terrible dureté, où la destinée individuelle vient rejoindre l’histoire pour affirmer, qu’importe les siècles, le combat au nom de l’humanisme. On en sort groggy et pensif. L’épique au service des valeurs, tout « simplement ».

La scène : la scène finale.

84. The Truman Show (Peter Weir, 1998) : 

Marcher sur les nuages.

Marcher sur les nuages.

Si aujourd’hui, nous sommes tous familier avec le célèbre pitch du « Truman Show » (pour ceux qui ont passé les vingt dernières années à chasser les manchots en Antarctique, c’est l’histoire d’un mec dont toute la vie n’est en réalité qu’un show TV), il faut imaginer la déflagration que ce film a représentée à sa sortie. Certes, le ton est plus tragicomique que véritablement dramatique au sens âpre du mot, mais cela n’enlève rien au côté incroyablement glaçant de cette histoire, d’autant plus marquante qu’elle reste malgré tout plutôt crédible (ce qui amène d’ailleurs l’écrasante majorité des spectateurs à se poser des questions, quasiment tout le temps seulement pour rire, certes, mais tout de même). Film d’un impact immense, dénonciation ultra bien-vue des dérives de la télé réalité et de la publicité et en même temps plaidoyer touchant pour la liberté de l’homme, avec un Jim Carrey prouvant au monde entier qu’il n’est pas seulement un pitre, certes génial, « The Truman Show » garde, vingt ans après, toute sa force.

La scène : celle où Truman atteint pour la première fois les limites, peintes, de l’immense studio.

83. Mulan (Tony Bancroft et Barry Cook, 1998) : 

"Hop, hop, hop, test d'alcoolémie surprise ! Combien j'ai de doigts ?"

« Hop, hop, hop, test d’alcoolémie surprise ! Combien j’ai de doigts ? »

Au sein des Disney, on commence à toucher à mes chouchous parmi les chouchous. Si « Mulan » me plait autant, ce n’est pas seulement pour l’inénarrable Mushu, pour son héroïne attachante et forte, pour son récit si prenant, pour sa chanson « Comme un homme » qui rentre dans le crâne, pour le charisme des ennemis, pour l’incroyable scène finale mené à un rythme trépidant, pour le fait que Disney casse son stéréotype de princesse pour mon plus grand bonheur, pour l’animation encore excellente, pour les répliques savoureuses… en réalité, si « Mulan » me plait autant, c’est tout simplement pour tout cela à la fois, et quelques autres choses encore.

La scène : le fabuleux combat contre les Huns dans les montagnes.

82. Sound Of Noise (Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson, 2010) : 

"-Ceci est un métronome, que personne ne bouge !"

« -Ceci est un métronome, que personne ne bouge ! »

L’un de mes OFNI (Objet Filmé Non Identifié) préféré, un bijou de chez bijou, dont je serai probablement passé à côté si lors d’un festival de court-métrage organisé par l’association TILT à Marseille (j’en profite pour rendre un hommage extrêmement appuyé à cette association, responsable de projections en plein air mémorables et de découvertes d’une grande somme d’extraordinaires courts-métrages) ne m’avait pas fait visionner « Music for One Appartment and Six Drummers », le court qui a inspiré le long, qui m’avait à l’époque beaucoup marqué. Voyant au hasard d’une critique de presse ou d’Allo Ciné, que sais-je, qu’un film tout entier par la même équipe et sur un principe semblable, sortait confidentiellement dans les salles françaises, j’y ai trainé quelques amis et nous sommes tous sortis enchantés. Le scénario est délirant : une bande de bandits musicaux sème la terreur dans une ville au hasard de concerts improvisés avec des objets du quotidien, comme par exemple dans une banque. Ils sont traqués par un inspecteur qui déteste la musique. C’est iconoclaste, jouissif, c’est un hommage canaille à la liberté de l’art et un manifeste contre le conformisme, c’est méga-punchy, bref on se rrrrrrégale.

La scène : au milieu de toutes les scènes plus marquantes les unes que les autres, je détacherai celle dans la banque, qui lance véritablement le concept du film.

81. Robin des Bois (Wolfgang Reitherman, 1973) : 

"Mais euh, j'avais dit pouce !"

« Mais euh, j’avais dit pouce ! »

Disney encore, grand classique de l’enfance again (et oui, je suis un kid d’une génération plutôt biberonné à Disney, faut-il le rappeler ?), au point de demander des tonnes de jouets venus du film au Père Noël (en étant évidemment déçu), voilà donc ce génial « Robin des Bois » animalier, ses personnages savoureux, son air musical entêtant, son histoire entrainante et son état d’esprit très gentiment voyou. Pourquoi « Robin des Bois » aussi haut par rapport à d’autres Disney ? Sans doute parce que pour le gosse que j’étais, il y avait là, outre les ingrédients Disney classiques, quelque chose de très attirant dans cette rencontre entre un monde médiéval qui, comme beaucoup d’enfants, me fascinait et la représentation des personnages en animaux. Voilà pour l’explication partielle, car tout non plus ne s’explique pas dans les coups de cœurs, ce serait un peu dommage.

La scène : la fin du tournoi de tir à l’arc.

80. Match Point (Woody Allen, 2005) : 

"-Et là, c'est un lift ! -Moui, continue... -T'écoute ce que je dis ? -Moi, continue..."

« -Et là, c’est un lift !
-Moui, continue…
-T’écoute ce que je dis ?
-Moui, continue… »

C’est le premier Woody Allen que j’ai vu de ma vie, autant vous dire que je n’ai pas commencé par un film véritablement représentatif de l’état d’esprit du bonhomme. Mais c’est aussi mon film préféré de ce réalisateur. Thriller sensuel et asphyxiant, au suspense dément, révélant au passage Scarlett Johansson (au passage, hein), « Match Point » est un film à la mécanique implacable, qui emporte son spectateur dans une lente escalade parfaitement maitrisé, le prend soudainement à la gorge pour ne plus le lâcher ensuite. Œuvre amère sur l’hypocrisie et l’arrivisme (le personnage de Jonathan Rhys Meyer agit exclusivement pour sauvegarder son nouveau statut social) c’est un coup d’éclat en forme de thriller remarquable.

La scène : la scène finale.

79. Duel (Steven Spielberg, 1971) : 

"Dans cette situation : A- Je freine brusquement. B- J’accélère.  C- Je change de voie. D- Je maintiens mon allure."

« Dans cette situation :
A- Je freine brusquement.
B- J’accélère.
C- Je change de voie.
D- Je maintiens mon allure. »

Dès son tout premier film, Spielberg frappait fort. Très très fort. La réussite de « Duel » est prodigieuse. Rendre passionnant le duel entre un immense camion dont on ne voit jamais le conducteur et un simple quidam au volant de sa voiture ? Pour un bon court-métrage, passe encore, mais pour un long… Entre d’autres mains, tout cela tournait facilement au nanar. Et pourtant, avec trois fois rien, Steven, en exploitant incroyablement bien toutes les ressources de son terrain de jeu (la route) parvient à créer une ambiance incroyable de suspense et de tension, prouvant dès son premier film sa capacité impressionnante à transporter son public. Il ne se passe rien d’hallucinant visuellement, le budget est dérisoire par rapport à n’importe quelle production grand public actuel, et on est tenu en haleine du début jusqu’à la fin par ce combat de David et Goliath routier. Plus qu’un excellent film, une démonstration de cinéma.

La scène : celle avec les gosses dans le car scolaire, révélateur de la relation pas toujours si tendre que Spielberg entretient avec l’enfance.

78. Chantons sous la pluie (Stanley Donen et Gene Kelly, 1952) : 

"Et sauter dans les flaques, pour la faire râler..."

« Et sauter dans les flaques, pour la faire râler… »

Le classique des classiques de la comédie musicale, et ce n’est pas peu dire que ce n’est pas pour rien. Ultra-divertissant au sens noble du mot, « Chantons sous la pluie » enchaîne les numéros devenu culte avec une aisance superbe, tout en développant, derrière son bon esprit agréable, une histoire loin d’être inintéressante sur une période charnière de l’histoire du cinéma : le passage au parlant, qui brisa véritablement la carrière de certaines stars du muet. De « Good Morning » au cultissime « Singin’ in the rain », en passant par le démentiel « Make ‘em laugh », le public est pris dans une danse génialissime, et ne reprend son souffle que le temps d’être touché par la belle histoire entre les magnifiques Gene Kelly et Debbie Reynolds. Un film enchanteur.

La scène : le véritable génie de « Chantons sous la pluie », c’est Donald O’Connor, il suffit de regarder le moment de « Make ‘em laugh » pour s’en convaincre, et de rester bouche bée et les yeux écarquillés pendant un long moment, face à une performance aussi démentielle (et le mot est faible), qui tint d’ailleurs l’acteur alité quelque temps après au moment du tournage. Haut, très haut, dans le palmarès de mes scènes cultes.

77. Le Livre de la jungle (Wolfgang Reitherman, 1967) : 

"-Mais y a pas d'ours dans la jungle... -Roh chut, espèce de rabat-joie !"

« -Mais y a pas d’ours dans la jungle…
-Roh chut, espèce de rabat-joie ! »

Oh tiens, un Disney ! Cela faisait longtemps ! Et bien sûr, on parle ici d’abord d’un grand classique de mon enfance, spammé un fort grand nombre de fois par mes yeux de bambins. Pour « Le Livre de la jungle », la base de la recette du succès est la même, mais avec une qualité globale encore au-dessus que ce soit dans les personnages secondaires forts (Colonel Hathi, Kha, le Roi Louie…) et les chansons trop stylés (« Un homme comme vous », « La Patrouille des Eléphants »…). La diff’ ? Ce combat haletant avec Shere Khan (un méchant qui impose), une fin émouvante, le nombre de scènes cultes et surtout Baloo. Vive Baloo. Baloo forever. Le moment où on croit qu’il meurt, j’étais en PLS. Heureusement que c’était faux, putain.

La scène : « Il en faut peu pour être heureux », pardi !

76. Dumbo (Ben Sharpsteen assisté de Norman Ferguson, Samuel Armstrong, Wilfred Jackson, Bill Roberts et Jack Kinney, 1941) : 

"I believe, I can fly !"

« I believe, I can fly ! »

Nooooon, un Disney ? Incroyable, il n’y en a pourtant pas beaucoup dans ce classement ! Mais blague à part, et sans faire injure aux productions de ce studio déjà évoquées, je dois dire qu’il y a dans « Dumbo » à mes yeux, un petit quelque chose en plus par rapport à elles. Comme un supplément d’âme dans l’histoire si touchante de cet éléphanteau volant, décrié pour ses grandes oreilles, qui cherche sa mère enfermée pour avoir rossé un gamin qui se moquait de son petit. Pour un peu, il y aurait là comme une critique du traitement animalier… Alors certes, dans « Dumbo » les cigognes apportent les bébés, mais l’histoire de ce pauvre éléphanteau moqué qui finit par se servir de son handicap pour imposer le respect, ce moment où sa mère lui chante cette chanson déchirante, « Mon tout petit », toute cette histoire, tout cela me fait un grand quelque chose. On a peine à croire que ce dessin animé date de 1941.

La scène : Le moment des éléphants roses et de leur chanson délirante, « La Marche des Eléphants », une de mes scènes Disney les plus cultes et par ailleurs assez osée pour l’époque.

Les articles précédents : 

De la 200éme à la 176éme place.

De la 175éme à la 151éme place.

De la 150éme à la 126éme place. 

De la 125éme à la 101éme place. 

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Mes 200 films préférés (125 – 101). /mes-200-films-preferes-125-101/ /mes-200-films-preferes-125-101/#comments Thu, 04 Jan 2018 16:55:11 +0000 licontinovich /?p=757 Continue Reading ]]> N’hésitez pas à lire les « précisions avant de commencer » présentes dans le premier article du top !

125. Flubber (Les Mayfield, 1997) : 

What a catch !

What a catch !

Le film culte de mon enfance, tout simplement. Impossible de compter le nombre de fois où j’ai spammé ce VHS. Cette histoire de pâte à modeler qui prend vie, c’est l’œuvre à l’origine de mon amour pour Robin Williams. Ai-je envie de le revoir aujourd’hui ? Non, pas vraiment, car à chaque fois que j’en parle avec un ou une pote qui l’a revu avec des yeux d’adultes, la réaction est la même : « en fait, c’est assez naze ». Alors tant pis, je préfère préserver la magie. Et me rappeler avec tendresse de cette canaille de boule vert fluo rebondissant dans tous les sens devant ce bon vieux professeur et son robot volant. Oui, y avait un robot volant.

La scène : Celle où Robin Williams confond sa classe avec celle de peinture : « je remercie celui ou celle qui m’a offert ce faisan mort… ».

124. Le Bon, la Brute et le Truand (Sergio Leone, 1966) : 

"Coucou, tu veux voir mon flingue ?"

« Coucou, tu veux voir mon flingue ? »

LE classique des classiques du genre western spaghetti, voire sans doute du genre western tout court. Un incontournable dont la recette fonctionne encore à 200%. Une recette à base de gueules, de punchlines, de musique exceptionnelle by Monsieur Morricone et de gros plans. Porté par la maestria de Leone et par le charisme hallucinant des trois interprètes principaux (chacun dans leur style on fait difficilement mieux), « Le Bon, la Brute et le Truand » nous embarque depuis l’apparition glaçante de la brute jusqu’à l’archi-mémorable duel final. Un film où on trouve beaucoup de poussière mais qui ne l’a pas du tout pris. Comme dirait Michel de « Faux Raccord » : « du lourd, du très très lourd ».

La scène : « Quand on doit tirer, on tire, on raconte pas sa vie ». Tuco aurait des leçons à donner à énormément de méchants de films.

123.  C.R.A.Z.Y (Jean-Marc Vallée, 2005) : 

C'est un chapeau ou un miroir ?

C’est un chapeau ou un miroir ?

Si depuis quelques années, Denis Villeneuve est en train de devenir le canadien le plus trendy du grand écran (pour mon plus grand bonheur), un autre réalisateur du pays à la feuille d’érable poursuit un petit bonhomme de chemin bien sympathique : Jean-Marc Vallée (c’est le mec de « Dallas Buyer Club »). En 2005, son film « C.R.A.Z.Y » annonçait déjà la couleur.  Petite merveille « indé » à voir en québecois sous-titré français (ça ne s’invente pas), « C.R.A.Z.Y » raconte la relation entre un père très attaché à la religion et aux valeurs masculines et son fils en doute sur sa sexualité dans le Québec des sixties et seventies. On y croise David Bowie et Charles Aznavour (beau combo) dans une soundtrack excellente, c’est super touchant, bref, vous pouvez foncer. Signalons simplement que quand on connaît le goût du Québec pour la traduction française, se dire qu’un des plus grands succès de leur cinoche s’appelle « C.R.A.Z.Y » (initiales des enfants du film), c’est cocasse.

La scène : Celle avec « Space Oddity », musique que j’ai sans doute découverte grâce à ce film.

122. La Chute (Olivier Hirschbiegel, 2004) : 

"Y a forcément une amicale d'anciens nazis, un club, une association... Un mémorial nazi peut-être ?" (OSS 117)

« Y a forcément une amicale d’anciens nazis, un club, une association… Un mémorial nazi peut-être ? » (OSS 117)

Le cinéma, et l’art en général, ne sont pas toujours faits pour nous faire du bien. A cet égard « La Chute » est un modèle. Troublant, malaisant même, il n’en reste pas moins un excellent film. A titre personnel, je ne comprends pas vraiment le reproche qui lui est fait, à savoir montrer Hitler et ses proches sous un jour humain. J’ai bien dit « humain » et non « positif ». Impossible à mon sens d’accuser « La Chute » de sympathie à l’égard du nazisme. Il me paraît au contraire redoutablement efficace dans sa dénonciation. Car ce qui rend les crimes nazis d’autant plus horribles et qui nous appelle à la plus grande vigilance, c’est qu’ils ont été faits par des hommes et non par des monstres. Il me paraît important de se confronter à cette vérité, même si elle est terrible. « La Chute » est donc à voir, averti certes, mais à voir.

La scène : Goebbels et sa femme qui, avant de se suicider, forcent leurs enfants à avaler un cachet pour mourir aussi. Une scène absolument horrible.

121. Phantom of the paradise (Brian de Palma, 1974) : 

Fan du club de synthé.

Fan du club de synthé.

Quand j’ai décidé de regarder « Phantom of the paradise », DVD obtenu grâce au journal Le Monde, qui fut un temps offrait de grands classiques avec son journal week-end (je dois d’ailleurs une bonne partie de ma culture cinéphile à cette idée lumineuse), je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Une fois le visionnage effectué, je me suis rendu compte qu’il était illusoire de s’attendre à quelque chose de spécifique avec ce film, délirant et ultra-jouissif melting-pot de références littéraires (l’histoire mêle « Le Fantôme de l’Opéra », « Faust », « Le Portait de Dorian Gray » et « Frankenstein », ce qui n’est pas rien) et de clins d’œil cinématographiques divers. C’est dingo, c’est grinçant, ça envoie un gros tacle aux producteurs qui trahissent la volonté des artistes, c’est superbement porté par des acteurs qui n’ont malheureusement jamais atteint la renommée, bref c’est du grand art.

La scène : La délirante parodie de la scène de la douche de « Psychose ».

120. Dans la peau de John Malkovich (Spike Jonze, 1999) : 

La théorie du genre.

La théorie du genre.

J’ai rarement vu film plus étrange. Le scénario pose bien les bases : un marionnettiste découvre un portail menant directement à la psyché de John Malkovich (joué par ce grand fou de John Malkovich himself, qui atteint ici un niveau d’auto-dérision rarement expérimenté). Ledit portail permet de prendre le contrôle du corps de la star pendant quinze minutes. Voilà. A partir de là, le film part dans une immense folie croissant de minutes en minutes où chacun essaye d’utiliser cette découverte à son avantage. Un bon gros délire, aussi barré que génial. Parfois, il ne vaut mieux pas demander « pourquoi ». Le duo à l’origine du truc, c’est Spike Jonze (fameux réalisateur de clips et plus récemment auteur du film « Her ») à la réal’ et Charlie Kaufman au scénar’ (le mec de « Eternal Sunshine of the Spotless Mind »), ce qui explique peut-être certaines choses.

La scène : « Tu trouves pas ça bizarre que John Malkovich ait une porte ? » : à mes yeux une des meilleures répliques de l’histoire du cinéma.

119. Le Dernier métro (François Truffaut, 1980) : 

On va répéter, poêle au nez.

On va répéter, poêle au nez.

Aaaaaah le duo Depardieu / Deneuve, on a rarement fait mieux dans le cinéma français. Un des plus grands chef d’œuvre francophone parmi les chefs d’œuvres francophones, « Le Dernier Métro » est une merveille de jeu, d’émotions, d’hommage au théâtre et de grands sentiments. C’est l’histoire d’un théâtre qui tente de continuer à vivre pendant l’occupation allemande. C’est le film où Catherine montre toute sa force et Gérard toute sa sensibilité dans un couple dont l’alchimie est hallucinante. Un bijou, on vous dit. A réserver pour les éternels critiques du cinéma français, cela devrait à priori les vacciner de leur scepticisme vis-à-vis du genre pour un petit moment.

La scène : « C’est une joie et une souffrance ». Je fonds.

118. Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (Alain Chabat, 2001) : 

Quand tu pars niquer des mères.

Quand tu pars niquer des mères.

A l’heure d’évoquer les comédies françaises cultes, difficile de laisser de côté « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre ». Si celle-ci est moins chère à mon cœur que d’autres que vous découvrirez plus loin dans ce top (ceux qui me connaissent voient sans doute au moins en partie de quoi je parle), il était difficile pour quelqu’un de ma génération d’échapper à la hype « Mission Cléopâtre » (ah les innombrables fois où on a sorti une des répliques légendaires du film…). Reconnaissons-le, le père Chabat sait y faire niveau humour. En choisissant, contrairement au premier volet cinématographique de Claude Zidi, plus accès aventure, d’amplifier l’aspect comique des aventures d’Astérix pour faire de son film une véritable comédie, il frappe juste. Souvenons-nous en avec tendresse et laissons tomber un voile pudique sur les adaptations live qui ont suivi.

La scène : « C’est une bonne situation, ça, scribe ? »

117. Delicatessen (Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, 1991) : 

"PTDR".

« PTDR ».

Bizarre, bizarre, que cette histoire d’un immeuble dans une France parallèle en guerre, où les gens disparaissent sans laisser de traces. Bizarre mais géniale aussi, car s’y déploie tout le coté inquiétant du style Jeunet  / Caro, en même temps que la douceur poétique propre à ce duo. A l’équilibre entre l’étrange « La Cité des enfants perdus » et le bonhomme « Amélie Poulain » (les deux autres réalisations notables des deux lascars), l’onirique « Delicatessen » se dessine entre rêve et cauchemar mais toujours avec saveur, bien soutenu par son casting impeccable (mention à Jean-Claude Dreyfuss, extraordinairement monstrueux). Une patte si singulière qu’on aimerait voir plus souvent à l’affiche du cinéma français.

La scène : le tourbillon qu’est la scène finale.

116. Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2001) : 

Nan mais allô, quoi.

Nan mais allô, quoi.

Deux Jeunet pour le prix d’un (en solo cette fois) ! Car oui, comme beaucoup d’autres, j’ai été emporté, transporté par cette petite merveille qu’est « Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain ». Un exploit que ce film qui se déguste comme un bonbon avec juste ce qu’il faut de sucre. Un gramme de plus et c’était la catastrophe, mais non, « Amélie Poulain » sait être incroyablement tendre sans être niais, cliché juste ce qu’il faut. On se demande parfois comment, mais le fait est là. Polisson, optimiste, exquis, amoureux, « Amélie Poulain » incarné par une Audrey Tautou presque fondu dans le rôle, est un film qui veut faire du bien et qui y réussit, vraiment. Pour cela, on peut lui dire merci. Et puis, cette musique de Tiersen, cette musique…

La scène : celle avec les petits événements dans les lieux différents au même moment est super, mais l’histoire des nains de jardin est trop touchante pour ne pas la sélectionner.

115. Entre les murs (Laurent Cantet, 2008) : 

Que tout ceux qui sont dans la vibe, lève le doigt !

Que tout ceux qui sont dans la classe, lève le doigt !

Vous dites éducation, je réponds « pilier de l’amélioration de la société », n’en déplaise à ceux qui n’aime pas l’emphase. A ce titre, quel coup de maitre qu’ « Entre les murs », palme d’or archi-mérité, film brut de décoffrage sur la vie des classes d’aujourd’hui, avec les luttes, les hauts, les bas, les échecs, les réussites. Passionnant, touchant, humain, rempli de vie, le film de Laurent Cantet a, il faut bien le dire, un atout majeur : la classe (dans tous les sens du mot) de son casting. Hallucinant, les jeunes comédiens (même s’ils étaient amateurs à l’époque impossible de les qualifier autrement) explosent l’écran presque comme le ferait de la dynamite. Leur énergie, leurs mots hypnotisent littéralement le public.

La scène : le foot de fin d’année.

114. Metropolis (Fritz Lang, 1927) : 

"Hey ! Teacher, leave that kids alone".

« Hey ! Teacher, leave that kids alone ».

Monumental à plus d’un titre, « Metropolis » représente un jalon vis-à-vis duquel il y a un avant et un après dans le monde de la science-fiction. Au-delà même du genre, la réalisation de Fritz Lang a marqué la culture populaire bien au-delà du cinéma. Source d’inspiration insondable, il fait partie de ces films qui font un peu mieux comprendre ce qu’on entend par chef d’œuvre. Le plus incroyable restant malgré tous ces décors vis-à-vis duquel tout qualificatif élogieux condamne à l’euphémisme et dont on a l’impression, fait incroyable, qu’ils n’ont presque pas vieillis. Seule ombre au tableau de cet œuvre démiurge pour son époque, un fond idéologique assez confus et énigmatique qui brouille parfois l’ensemble.

La scène : le célébrissime plan sur la tour géante de la ville.

113. James et la pêche géante (Henry Selick, 1996) : 

Garde la pêche.

Garde la pêche.

Bien que traumatisé gamin par le début de ce film (cette histoire de rhinocéros d’orage, brrrr, terrible), je n’en garde pas moins dans mon cœur « James et la pêche géante », réalisation du trop sous-estimé Henry Selick, « l’autre Tim Burton ». Fable savoureusement étrange avec ses personnages attachants, ce dessin animé à l’esthétique pour le moins particulière est une belle parabole sur l’enfance et plus spécifiquement sur le deuil à cette époque de la vie. Affrontant avec courage des thèmes pour le moins difficiles, donc, en plus d’être vraiment entraînant, « James et la pêche géante » est, si l’on me pardonne le jeu de mot, un film à croquer.

La scène : celle du rhinocéros au début du film donc, mauvais souvenir d’enfance, mais très impactante.

112. Un Prophète (Jacques Audiard, 2009) : 

Quand t'es en zonzon.

Quand t’es en zonzon.

Si le cinéma d’Audiard laisse parfois transparaître un appétit pour la violence pas très bien dosé, comme dans « Dheepan » (n’est pas Scorcese ou Tarantino qui veut), force est de constater que cette fascination se marie superbement avec « Un Prophète ». Film intense au sens fort du mot, porté par un duo Tahar Rahim / Niels Arestrup (Niels <3) en état de grâce, c’est une œuvre qui emporte, qui attrape, pour ne vous libérer qu’au générique. Et encore… A conseiller pour calmer quiconque pense que le cinéma français se limite à des films parlant de cul sous couvert de philosophie.

La scène : celle du rasoir.

111. Les Infiltrés (Martin Scorcese, 2006) : 

"Y aura des cafés ?"

« Y aura des cafés ? »

De la dynamite, du plaisir de cinéphile pur. Voilà en substance, ce que m’inspire « Les Infiltrés ». La patte Scorcese au meilleur d’elle-même, tout en maitrise et en coup de poing, un savant dosage de suspense et d’âpreté, une histoire fascinante de double infiltration qui vous tient en haleine tout le long du film et cerise sur le gâteau, un trio d’acteur d’exception excellentissime (DiCaprio, Nicholson, Damon, bordel de merde !). Peut-être que l’un des seuls trucs qu’on peut reprocher à Martin sur ce coup, c’est de n’avoir pas eu l’idée lui-même (et oui, le film est un remake d’un autre film coréen, que je confesse d’ailleurs n’avoir pas vu). Franchement, qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? Alors avant de regarder, oubliez pas de vous mouiller la nuque.

La scène : l’affrontement final.

110. Les 12 travaux d’Astérix (René Goscinny et Albert Uderzo, 1976) : 

Bienvenus à la CAF.

Bienvenus à la CAF.

En 1976, le duo Goscinny / Uderzo décide de réaliser un dessin animé ayant pour base une histoire non conté dans un précédent album (à l’exception d’une publication exclusive dans « Sud-Ouest »), ladite histoire reprenant à leur sauce (riche) les « Douze travaux d’Hercule ». Le résultat ? Un concentré de tout le meilleur de l’esprit « Astérix » et sans doute l’une des toutes meilleures aventures du duo gaulois. Les scènes géniales s’enchaînent dans une belle montée en puissance, certaines devenues légendaires (la maison qui rend fou bien sûr mais aussi « Tu es un sanglier »), d’autres plus sous-estimés mais tout aussi savoureuses (la lessive des Dieux, la plaine des trépassés…). Porté par un esprit subtilement voyou rarement aussi poussé dans les planches, « Les 12 travaux d’Astérix » est une superbe réussite. Un des dessin-animés les plus cultes de mon enfance.

La scène : « Midi douze » est devenu pour ma famille une réplique culte mais rien n’égale évidemment la « fabuleuse » maison qui rend fou et son « laissez-passer A38 », critique délicieuse des tracas administratifs.

109. La Saga Die Hard (John McTiernan, Renny Harlin, John McTiernan, Len Wiseman et John Moore, 1988, 1990, 1995, 2007 et 2013) : 

"Oui, c'est bouché, attendez, je vais vous faire un devis".

« Oui, c’est bouché, attendez, je vais vous faire un devis ».

Parfois l’attachement porté à un film ou à une saga dépend en grande partie du délire et / ou du visionnage presque rituel commun qu’on a avec un ou une bande de potes. C’est exactement mon cas en ce qui concerne la sage « Die Hard ». Sans enlever aux cinq films leur côté délicieusement pop-corn, sans renier le charisme tranquille de l’ami Bruce Willis, en leur laissant le fait qu’ils sont souvent au-dessus de la moyenne niveau film d’actions et en admettant d’ailleurs que les trois premiers sont de très bonnes factures, je ne sais pas si je serai allé voir le 5 au cinéma ou si j’aurai autant apprécié le 4 (qui est quand même objectivement assez « what the fuckesque » quand on y pense), premier film de la série que j’ai vu, sans l’attachement communicatif qu’éprouve un de mes meilleurs potes pour cette saga et qui l’a fait m’amener voir ledit 4 au cinoche. Comme quoi, les goûts cinématographique dépendent de beaucoup de choses.

La scène : bon, outre les « yippie-kai yeah motherfucker » (traduits pour le moins audacieusement par « youp-la boum enfoiré » en français…) ma scène préférée, n’en déplaise aux puristes, elle se situe dans le 4 : « -vous avez dégommé un hélicoptère avec une voiture ! –j’avais plus de balles ». Merci, bonsoir.

108. Océans (Jacques Perrin, 2009) : 

Viser le poisson-lune, ça me fait pas peur.

Viser le poisson-lune, ça me fait pas peur.

Si le documentaire animalier est généralement un genre assez uniforme, il est malgré tout certains artistes qui arrivent à le transcender. Jacques Perrin est de ceux-là. Son « Océans » est une déclaration d’amour sublimissime au monde marin et sous-marin, un hymne vibrant, souvent de beauté, parfois de dénonciation. C’est une merveille rempli d’images folles, hypnotisantes, au son d’une musique absolument fabuleuse (peut-être la meilleure partition du génial Bruno Coulais). Pour quelqu’un qui, comme moi, est autant attaché à la mer et à la vie qu’on y trouve, « Océans » ne peut être qu’un film majeur, qui m’aura touché jusque dans mon âme.

La scène : c’est absolument terrible à écrire, mais au milieu de toute cette beauté, la scène dont on se souvient le plus est celle, vraiment abominable, où l’on voit les dérives de la pêche actuelle.

107. Inside Job (Charles Ferguson, 2010) : 

La cravate.

La cravate.

Autre documentaire, mais d’un tout autre genre, « Inside Job » analyse un monde impitoyable : la finance. Et plus spécifiquement, la crise des subprimes de 2008, qui a si fortement secoué la planète. Le coup de génie du film ? Faire intervenir uniquement des acteurs du système financier pour mettre en lumière les dérives dudit système financier. Comme il est compliqué d’accuser des gens comme Christine Lagarde de propagande socialiste, difficile de décrédibiliser ce film en le caricaturant en manifeste gauchiste. On reste ainsi bouche bée et avec des frissons dans le dos face à ces déclarations qui se succèdent pour nous montrer petit à petit à quel point tout cet univers-là a d’immenses limites. Une oeuvre toujours d’actualité, car bien peu de choses ont au final changé depuis 2008. De plus, si on me permet d’introduire ici un chouïa de politique, avec les gouvernements actuels rien ne garantit que le peu de régularisation amené par la crise sera préservé. Avant peut-être une nouvelle catastrophe du même acabit. Mon documentaire préféré et un modèle du genre.

La scène : la partie sur le quotidien des traders est assez marquante.

106. Mary et Max (Adam Elliot, 2009) : 

Le bon timbre.

Le bon timbre.

Un superbe petit bijou que ce dessin animé basé sur une histoire vraie : la correspondance entre un autiste américain et une petite australienne mal dans sa peau. Avec son esthétique type pâte à modeler qui évoque sans vraiment rappeler « Wallace et Gromit », « Mary et Max » nous happe magnifiquement à l’heure de nous conter cette fabuleuse histoire d’amitié entre deux personnes si dissemblables et qu’au début seuls rassemble la solitude et un émouvant besoin d’affection. C’est extraordinairement touchant d’humanité, ça s’attaque avec maestria à des thèmes pour le moins complexes, c’est subtil, c’est malin, bref, c’est très haut dans le panthéon des dessin-animés pour « adultes ». A découvrir d’urgence.

La scène : la fin, à la hauteur de la beauté du reste du film.

105. Kirikou et la Sorcière (Michel Ocelot, 1998) : 

30 millions d'amis.

30 millions d’amis.

On reste sur le dessin animé avec un tout autre style, mais pas moins beau, ni moins touchant. « Kirikou », le conte africain réalisé par Michel Ocelot, a provoqué en son temps une véritable « hype » et c’est à mes yeux plus que mérité. Franchement original, superbement dessiné, extrêmement poétique (la scène de la grotte m’a fait forte impression, petit), rempli de paraboles sans être trop moralisateur, ce film a aussi le mérite pas si évident pour une production occidentale de présenter l’Afrique sous un jour neutre, sans apitoiement, ni condescendance. « Kirikou », son héros aussi petit que charismatique et son extraordinaire méchante, voilà une franche réussite qui émerveilla mon enfance.

La scène : « tremblez d’effroi, tremblez de joie, elle arrive, elle est là. Tremblez d’effroi, tremblez de joie, car voici : Karaba ».

104. Kingsman : Services secrets (Matthew Vaughn, 2015) : 

Suit up !

Suit up !

Pour moi l’une des plus belles définitions du cinéma pop-corn, « Kingsman » fut au visionnage une dose de plaisir pur. Il n’y avait qu’à voir les sourires affichés par mes potes et moi à la sortie de la séance pour s’en convaincre. Passé une scène d’introduction convaincante, le film s’endort pourtant un petit peu avant, passé un certain cap (la scène des burgers) de partir sur une montée en puissance hallucinante, jusqu’à un final de dingo. La musique ? Géniale. La réalisation ? Un truc de fou furieux. L’humour ? Savoureux. L’état d’esprit ? Un délicieux mélange de classe et de provoc’ voyou. « Kingsman » c’est un punk en costard. Et dire que la bande-annonce, si peu représentative, m’avait laissé présagé un mauvais ersatz de « James Bond »… Dommage que le « 2 », s’il garde la plupart des atouts du premier (la surprise en moins), soit un cran au-dessous et n’apporte rien de vraiment nouveau (à part un fabuleux Elton John).

La scène : la course contre la montre finale pendant que le monde sombre dans le chaos.

103. Titanic (James Cameron, 1997) : 

Dessine-moi un mouton.

Dessine-moi un mouton.

Oui, messieurs-dames, je l’assume parfaitement : j’ai adoré « Titanic ». Et je ne comprends vraiment pas le dédain à peine masqué que ce film évoque chez certains. Niveau « grand spectacle », il a vraiment peu d’équivalent dans l’histoire du cinéma, tant il nous en met pleins les yeux du début jusqu’à la fin. Quant à l’histoire d’amour, pas besoin d’être un groupie du film pour l’apprécier car, contrairement aux clichés, elle est extrêmement bien mené et convaincante. En lançant Titanic, je m’attendais à un mélo un peu mièvre, j’ai eu droit à un putain de bon mélo’ doublé d’une incroyable prouesse cinématographique. Comme le dirait OrelSan, méfiez-vous des apparences.

La scène : toute la partie où le bateau est à la verticale (coucou le mec qui se prend l’hélice). Terrible.

102. Whiplash (Damien Chazelle, 2014) : 

Hé, le jeu du rond c'est en-dessous de la ceinture !

Hé, le jeu du rond c’est en-dessous de la ceinture !

Ce film est une décharge électrique, rien de moins. Histoire pleine de musique et de fureur sur la relation volcanique entre un jeune et ambitieux batteur et son prof tyrannique, « Whiplash » est une troublante parabole sur la réussite et le génie, la folie qu’ils provoquent, les sacrifices qu’ils nécessitent, la violence qu’ils peuvent supposer, les méthodes extrêmes que certains pensent indispensables pour y arriver. Porté par la prestation hallucinante de J.K Simmons en maître impitoyable, un brasier parfaitement contrebalancé par le jeu froid mais extrêmement maîtrisé de son élève, Miles Teller, c’est là un film choc, mais au sens noble et non « paris-matchien » du mot. Quelques années avant « La La Land », Damien Chazelle frappait déjà un grand coup. On en sort K.O debout.

La scène : la fin, absolument impressionnante.

101. Indiana Jones I, II et III (Steven Spielberg, 1981, 1984 et 1989) : 

"Je range ma chambre si je veux !"

« Je range ma chambre si je veux ! »

Oui, le IV n’est pas inclus dans cette liste, malgré la méchante plus convaincante qu’on a pu le dire composé par Cate Blanchett. C’est que, sans être un trop mauvais film en soi, il fait surtout pâle figure comparé aux trois précédents, modèles de cinéma d’aventure. Mention spéciale au troisième, justement considéré comme le meilleur par la majorité des fans, avec le fantastique personnage du père incarné par Sean Connery (introduire la famille d’un héros comme Indiana Jones pour le titiller sans le ridiculiser, c’était couillu quand même !). On a tout écrit sur la musique (légendaire) ou sur le charisme d’Harrison Ford, reste à saluer encore une fois avec chaleur le fun profond provoqué par ces films et noter le très bon dosage entre action et humour, une recette pas toujours si bien appliqué par les films d’aujourd’hui.

La scène : celle du « no papers » dans le dirigeable, hilarante.

Les articles précédents : 

De la 200éme à la 176éme place.

De la 175éme à la 151éme place.

De la 150éme à la 126éme place. 

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Mes 200 films préférés (150 – 126). /mes-200-films-preferes-150-126/ /mes-200-films-preferes-150-126/#comments Mon, 02 Oct 2017 17:43:33 +0000 licontinovich /?p=722 Continue Reading ]]> N’hésitez pas à lire les « précisions avant de commencer » présentes dans le premier article du top !

150. Diamants sur canapé (Blake Edwards, 1961) :

Comment être tout en mangeant un croissant.

Comment être tout en mangeant un croissant.

A chacun ses idoles. Si vous me demandez qui, selon moi, est la plus belle femme de l’histoire (du peu que j’en connaisse hein), je vous répondrai sans hésitation : Audrey Hepburn. Désolé Emma Stone. Comment donc ne pas avoir été fasciné par « Diamants sur canapé » où Madame Hepburn incarne avec un talent fou le fascinant personnage d’Holly Golightly. Naïve, extravertie, angoissé, Holly est aussi agaçante que touchante, aussi séductrice que fragile. Le film nous fait découvrir sa complexité par touches colorées, permettant au public de tomber sous le charme en même temps que Paul Varjak, son voisin. En même temps, Audrey Hepburn qui chante « Moon River », ça vous ferait fondre un iceberg. Et en plus, elle a un chat.

La scène : La fin est très jolie mais le moment de « Moon River » est un must.

149. Phone Game (Joel Schumacher, 2002) : 

"C'est pour un appel en PVC, s'il vous plait".

« C’est pour un appel en PVC, s’il vous plait ».

Joel Schumacher est peut-être la preuve du fait qu’il ne faut jamais désespérer de personne. Après avoir souillé le personnage de Batman (offense gravissime) dans « Batman et Robin » et « Batman Forever », films proche d’être interdits par la Convention de Genève, le père Joel aurait pu arrêter sa carrière cinématographique. Oui mais en 2002, cinq ans après son forfait, Schumacher (aucun lien, il a une Twingo) réalise « Phone Game ». Et « Phone Game », pardonnez-moi l’expression, est un « putain de film ». Histoire d’un attaché de presse à la vie dissolu qui se retrouve pris en otage dans une cabine téléphonique par un sniper vengeur, le film réussit à nous tenir incroyablement en haleine du début jusqu’à la fin. Huis-clos en temps presque réel, « de plein air » qui plus est (sacré pari !), « Phone Game » est un modèle de thriller original. Comme quoi, même Roland Emmerich fera peut-être un super film un jour ?).

La scène : la toute fin du film.

148. Aviator (Martin Scorcese, 2004) :

Posey.

Posey.

Je ne suis pas généralement un grand fan des « biopics », genre par ailleurs assez périlleux, par définition assez prévisible et parfois un chouïa simpliste (bla bla bla c’était quelqu’un de grand mais il avait son côté sombre bla bla bla). Mais faut bien reconnaître qu’ « Aviator », avec le daron Scorcese aux manettes, c’est du lourd. Porté par le sens évident de la mise en scène de son réalisateur, l’immense talent du duo Di Caprio / Blanchett (dans un de leurs meilleurs rôles, ce qui n’est pas peu dire quand on voit de qui on parle) et le côté captivant de l’histoire d’Howard Hugues, « Aviator » se révèle une indéniable réussite. Un film tout en démesure et en intimité, alliage paradoxal à l’image de son personnage principal dont la complexité profonde est bien rendue, avec un coup de projecteur sur un trouble mental assez méconnu, les « TOC ». Bref, un très bon Scorcese, que demander de plus ?

La scène : la savoureuse rencontre avec Katherine Hepburn.

147. Whatever Works (Woody Allen, 2009) : 

Le swag du peignoir.

Le swag du peignoir.

A écouter la plupart des gens, Woody Allen n’a plus rien fait de bon depuis « Match Point ». Alors certes, y a du très passable dans sa filmo’ post 2005, mais c’est injuste envers « Scoop », « Le Rêve de Cassandre », « Vicky Cristina Barcelona » et « Magic in the Moonlight », très injuste envers « Blue Jasmine » et « Minuit à Paris » et d’une immense injustice envers « Whatever Works ». Parce que « Whatever Works » est à mes yeux l’un des meilleurs Woody Allen et même mon préféré derrière… « Match Point ». Porté par un exceptionnel Larry David, véritable alter-ego sombre du personnage classique de Woody Allen, et par une verve hallucinante, le film est une gourmandise douce-amère (mais surtout amère), délicieusement ironique, dont on aurait tort de se priver.

La scène : La conversation au bar entre le religieux et l’homosexuel.

146. Vol au-dessus d’un nid de coucous (Miloš Forman,  1975) :

Avec les fratés.

Avec les fratés.

La musique de Nitzsche et Bogas, étrange et belle, résonne. Un homme s’éloigne en courant. C’est la fin de « Vol au-dessus d’un nid de coucous » et le spectateur l’esprit légèrement embué, se rend progressivement compte du choc. Il lui faudra sans doute quelques instants pour s’en remettre. Ode à la défense de la liberté même dans les endroits les plus coercitifs, pamphlet contre les restrictions et les contraintes, film phare de son époque, l’œuvre de Forman va bien au-delà du seul univers psychiatrique (même si les responsables actuels de ces endroits feraient parfois bien de s’y replonger) pour parler société en général. Malgré l’immense dureté de sa fin, « Vol au-dessus d’un nid de coucou » est malgré tout une histoire sur l’espoir. C’est là un film étrange et beau, comme ses personnages, comme sa musique.

La scène : la scène finale.

145. 300 (Zack Snyder, 2006) : 

Slips.

Slips.

Bon, là on part sur du brutal. Du gros rouge (sang) qui tache. Du genre à faire l’effet d’une bombe à son apparition sur les écrans. Que les choses soient claires : je comprends tout à fait qu’on puisse être insensible à « 300 », son excès permanent et ultra-assumé, sa mise en scène ultra-vénère à base de ralentis des familles, sa musique explosive, ses grosses répliques dans la gueule, son esthétique claquante, son interprétation bourrine… Vraiment, je comprends. Mais pour ceux qui, comme moi, s’y sont laissé prendre, vous-même vous savez à quel point c’est bon, putain. Un plaisir coupable comme on les aime offert par le Tonton Zack Snyder.

La scène : « This is Spartaaaaaaaa !!!! ». Hum, pardon.

144. Les Affranchis (Martin Scorcese, 1990) :

Vrai-faux caméo de Micheline.

Vrai-faux caméo de Micheline.

Scorcese, un film de gangster, De Niro, Joe Pesci. Je pourrais presque m’arrêter là.  Mais ce serait dommage de ne pas parler du personnage de fou furieux de Joe Pesci, justement, Tommy DeVito, de ne pas saluer l’incroyable interprétation de tout le casting, de ne pas vous dire que « Les Affranchis » collectionne les scènes mémorables, de pas vous expliquer que niveau « mythologie » du gangster au cinéma, il n’y a que « Les Infiltrés » et « Le Parrain » à avoir fait mieux, de ne pas vous assurer que l’histoire est ultra-prenante. Scorcese et les films de gangster : une alliance qui parait naturelle alors que sur sa filmo’, Martin n’a réalisé qu’un trio de films sur le crime en bande organisé. Mais quel trio : « Les Affranchis », « Casino », « Les Infiltrés ». Je m’arrête là.

La scène : « I’m funny how ? Funny like a clown ? ».

143. Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994) : 

C'est autre chose que la tecktonik.

C’est autre chose que la tecktonik.

Attention, on touche ici à du culte de chez culte. Pour évoquer « Pulp Fiction » le must est peut-être de faire une liste et de laisser les fans se remémorer les scènes en lisant, le sourire aux lèvres. C’est parti : Pumpkin et Honey Bunney, Royal Cheese, massage de pieds, la mallette, le twist, Marsellus Wallace, piqure d’adrénaline, John Travolta dans les chiottes, la montre, la musique « Misirlou », la coiffure d’Uma Thurman, Harvey Keitel en professionnel, le mug de Quentin Tarantino… Et j’en passe. Et si tout cela ne vous dit rien, il n’est pas trop tard pour vous rattraper !

La scène : « Big Mac is Big Mac but they say ‘Le’ Bic Mac ».

142. Le Crime était presque parfait (Alfred Hitchcock, 1954) : 

"Qu'est-ce qu'on va faire d'toutes ces bouteilles ?"

« Qu’est-ce qu’on va faire d’toutes ces bouteilles ? »

On peut être cinéphile et avoir de grosses lacunes. Je confesse ici une grande méconnaissance de l’œuvre de celui qui est pourtant considéré comme un des plus grands réalisateurs de l’histoire, j’ai nommé Alfred Hitchcock. C’est pourquoi vous ne trouverez dans ce top qu’un seul de ses films. Mais quel film ! Modèle de film policier en quasi huis-clos, sublimant tous les codes du genre, « Le Crime était presque parfait » est un classique de chez classique. La plus grande qualité du film est sans doute d’inverser de manière géniale le procédé habituel du policier : ici le spectateur sait qui a commis le crime et comment, l’idée est de savoir comment la vérité va éclater pour que le crime soit seulement « presque » parfait.

La scène : la résolution finale.

141. The Full Monty (Peter Cattaneo, 1997) :

 

Stayin' alive, ah, ah, ah, stayin' aliiiiiive.

Stayin’ alive, ah, ah, ah, stayin’ aliiiiiive.

Un délire entre amis peut parfois concerner des films totalement inattendus. C’est ainsi que par la grâce d’une soirée DVD inopiné avec des potes, « The Full Monty » et particulièrement la scène avec « Hot Stuff » dans la file d’attente, est pour nous devenu culte et l’occasion de nombreuses barres, en plus du fou rire original. Ajoutez à cela que « The Full Monty » est une excellente comédie sociale, au sujet d’une originalité absolument indéniable (des prolétaires anglais qui veulent devenir chippendales, sans déconner, c’est du génie non ?) et au casting impeccable, le beaucoup trop discret et super Robert Carlyle en tête. Un « feel good movie » comme on les aime.

La scène : « Hot Stuff » dans la file d’attente, évidemment.

140. Le Tout Nouveau Testament (Jaco Van Dormael, 2014) : 

Bonsoir.

Bonsoir.

Dans le genre Objet Filmé Non Identifié, « Le Tout Nouveau Testament » se pose là. D’ailleurs, l’accroche sur l’affiche du film posait bien les bases : « Dieu existe, il habite à Bruxelles ». C’est l’histoire de la fille de Dieu qui fait une fugue et qui décide de recruter ses propres apôtres. En Belgique, donc. C’est tout à la fois joyeusement iconoclaste, plein d’une poésie bizarre mais douce, extrêmement original et terriblement drôle. Un film qui ne ressemble vraiment à aucun autre, voilà qui vaut le coup d’œil.

La scène : la fin du film.

139. The Raid I&II (Gareth Evans, 2012 et 2014) :

"Suite à un incident, le trafic est ralenti sur la ligne".

« Suite à un incident, le trafic est ralenti sur la ligne ».

En termes de films d’arts martiaux, les deux « The Raid » sont pour moi un véritable must. Beaucoup plus nerveux et sanguin que la majorité des productions du genre, « The Raid I&II » se révèlent de véritables shoot d’adrénaline. Mené à un rythme hallucinant, ultra-violent, quasiment sans temps morts, ils incarnent à mes yeux une super forme de divertissement. Basé sur un art martial indonésien méconnu, le « pencak-silat » est porté par le charisme froid de son acteur principal (qu’on retrouve d’ailleurs dans « Star Wars VII » pour un tout petit rôle) : Iko Uwais, magnétique. Et si le premier volet est un pur divertissement « pop-corn » où le scénario tient en quelques lignes, le deuxième s’avère un peu plus étoffé et d’autant plus appréciable.

La scène : celle où les tueurs d’élite d’un clan se déchaînent contre leurs rivaux, dans le deuxième volet.

138. L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (Andrew Dominik, 2007) : 

Et paf ! Ça fait des Chocapics !

Et paf ! Ça fait des Chocapics !

Vous ne trouverez probablement jamais ce film dans aucune anthologie, ni de l’histoire globale du cinéma, ni des films du XXIéme siécle, ni même probablement des westerns ou des films de 2007 (ou alors dans une sélection très étendue). Il était même absent du dossier « chef d’œuvre oubliés » de Premiere, alors qu’il aurait pu y figurer en bonne place. Mais voilà, c’est ainsi « L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » (qui pourrait aussi figurer dans la sélection des titres les plus longs) semble avoir échappé aux radars de la reconnaissance. En apparence seulement, car l’immense majorité de ceux qui l’on vu seront d’accord : ce film est un chef d’œuvre. Un western à part : il dure presque 2H40, prend le risque d’être parfois contemplatif, est d’une finesse géniale. La réalisation est audacieuse pour le genre et excellente. La photographie est extraordinaire. Brad Pitt en Jesse James est incroyable. Mais surtout, surtout, Casey Affleck, juste fabuleux.

La scène : l’assassinat.

137. Thelma et Louise (Ridley Scott, 1991) : 

Smile, it's selfie time !

Smile, it’s selfie time !

Ridley Scott a une carrière curieuse. Capable d’enchaîner quelques films pas terribles pour de temps en temps sortir un sacré chef d’œuvre dans des genres aussi différents que le péplum (« Gladiator ») ou la science-fiction (« Blade Runner »). Ridley, c’est aussi un mec capable, au milieu de ses chefs d’œuvres, de nous pondre un road-trip féministe vachement en avance sur son temps. Un film avec deux extraordinaires anti-héroïnes, où l’une devient progressivement le reflet de l’autre. Une épopée pleine de fièvre, où l’on croise Brad Pitt dans un de ses (torrides) premiers rôles, une cavalcade où l’on pose ses ovaires, bref un film qui envoie du steak.

La scène : la culte course-poursuite finale, réalisée de manière époustouflante.

136. Fight Club (David Fincher, 1999) : 

Spotted le mec qui mate le boule de Brad.

Spotted le mec qui mate le boule de Brad.

C’est l’histoire d’un mec, il va pas bien. Il prend l’avion. Dans l’avion, il rencontre un autre mec, un brin taré. En fait non, sacrément taré. A deux ils fondent un club dont il faut pas parler. Dans le club dont il faut pas parler des mecs se tabassent pour expulser leur blues. Et y a Helena Bonham Carter aussi. Puis y a une bite en image subliminale. Puis ça part bien bien en couille, entre mouvement nihiliste et twist scénaristique de taré. Et à la fin, c’est les mecs qui se sont tapés sur la gueule mais c’est toi qui est K.O. C’est « Fight Club » et c’est sans doute l’un des films les plus déconcertants jamais tourné, ne serait-ce que par le film refuse obstinément d’être clair sur le message qu’il souhaite délivrer. Chaos, confusion, savon : kestuvafaire ?

La scène : celle dans le bureau du patron.

135. Scott Pilgrim (Edgar Wright, 2010) : 

"Tu peux pas tes, j'ai une épée enflammée et un t-shirt moche !"

« Tu peux pas tes, j’ai une épée enflammée et un t-shirt moche ! »

Mais quel kiff que ce film ! Délire geek ultra-jouissif, bourré de références, « Scott Pilgrim vs the world » est une petite pépite, que je recommande plus que chaudement à tout fan de la pop culture. Ce film ne se regarde pas, il se déguste comme un délicieux dessert. Voici le synopsis : Scott Pilgrim rencontre la fille de ses rêves, qui l’aime aussi mais le prévient : pour sortir avec elle, il doit vaincre ses sept ex-maléfiques à travers des combats filmé comme des jeux-vidéos. C’est emmené par la bouille de Michael Ceara, abonné de ce genre de rôle, c’est drôle, ça se prend pas la tête, c’est punchy. Et en plus, c’est réalisé par Edgar Wright c’est-à-dire le mec de « Hot Fuzz ». Avouez que tout ceci donne beaucoup trop envie.

La scène : la bataille contre le dernier « ex » joué par un Jason Schwartzmann déjanté.

134. Gran Torino (Clint Eastwood, 2008) : 

"Tire sur mon doigt".

« Tire sur mon doigt ».

Clint Eastwood est un homme complexe. D’un côté, on a l’homme public qui soutient sans pression les armes à feux et les républicains américains. De l’autre on a le réalisateur de « Million Dollar Baby » et de « Gran Torino ». Difficile de s’y retrouver de manière simple. Alors à défaut, on peut toujours apprécier ce très très grand « Torino », magnifique fable d’une beauté percutante sur la tolérance et le dépassement des préjugés. Un film, porté par l’indéniable charisme d’Eastwood et à l’efficacité clinique dans son déroulé, menant obstinément à son apogée qui est aussi sa conclusion, incroyable choc.

La scène : inoubliable scène finale.

133. The Grand Budapest Hotel (Wes Anderson, 2013) : 

"J'ai réservé au nom de Bramard".

« J’ai réservé au nom de Bramard ».

Coloré façon bonbon, sucré façon goûter, savoureux façon gâteau : « The Grand Budapest Hotel » est-il une friandise ? Encore mieux, puisqu’on peut le dévorer autant de fois qu’on veut sans risque de grossir ! Merci au décalé Wes Anderson qui réussit ici l’exploit de satisfaire ses inconditionnels tout en restant plus accessible au reste du public. Merci pour ce film qui fait plaisir et dont on sort avec la banane. Merci pour cet enchainement de répliques délicieuses et de scènes exquises, drôles ou franchement touchante, mené par un casting d’enfer (Ralph Fiennes, extraordinairement comique, en tête d’un cortège qui comporte quand même une palanquée de stars) parfois dans des rôles inattendus (comme Adrien Brody) au rythme de l’excellente musique d’Alexandre Desplat. Merci.

La scène : celle où Ralph Fiennes veut échapper à la police dans l’hôtel.

132. Amadeus (Miloš Forman, 1984) : 

Allegro molto.

Allegro molto.

Plus qu’une biographie de Mozart, il faut voir « Amadeus » comme une parabole sur le génie et la rivalité. C’est là que le film est le plus intéressant, dans sa relation entre Mozart et Salieri, quand il interroge le génie, son côté propre à provoquer l’émerveillement et en même temps la jalousie, l’incompréhension et autres. Oui, « Amadeus » romance sans doute (ne serai-ce que pour ce rire complètement dingue, dont on a peine à croire qu’il soit réellement celui qu’avait Mozart), mais c’est parce qu’au-delà de l’histoire de Mozart, ce qui intéresse Forman c’est de questionner l’extraordinaire, le surhumain et son rapport aux hommes. Salieri est un excellent musicien mais Mozart est Mozart. C’est terriblement injuste et Salieri aura beau essayer de comprendre, il se heurtera toujours au mystère de cette frontière entre talent et génie. Un film fascinant avec évidemment une bande-son extraordinaire.

La scène : l’écriture du Requiem.

131. Mad Max : Fury Road (George Miller, 2015) :

Allumeeeeeeer le feeeeeeu.

Allumeeeeeeer le feeeeeeu.

Ce film est une montagne russe. On sort de l’un comme de l’autre avec la même sensation d’avoir été retourné. Ce film, c’est 120 minutes de folie furieuse sur de la grosse musique très très énervé. Ce film semble ne pas avoir de temps morts. Ce film a réussi à me faire kiffer les courses poursuites. Ce film est une course poursuite, du début jusqu’à la fin et on ne s’ennuie pas une seconde. Ce film est un pur blockbuster plus inventif qu’il n’y paraît, qui a réconcilié une bonne partie des critiques et du public d’habitude plutôt opposé sur ce genre de film. C’est « Mad Max : Fury Road », c’est un roller-coaster shooté à l’ecsta’ qui dure deux heures et qui en plus a le bon goût d’avoir une belle diversité de personnages féminins depuis l’ultra-badass Imperator Furiosa jusqu’aux mémés en scooter. Attachez vos ceintures.

La scène : le moment dans la tempête, visuellement impressionnant.

130. Usual Suspects (Bryan Singer, 1995) : 

Boum boum dans les oreilles.

Boum boum dans les oreilles.

Quelques minutes avant la fin du film : « Usual Suspects » était pour moi un honnête film policier, bien joué, avec un méchant charismatique et mystérieux, un bon film du genre mais sans plus. Et là, la fin. La tarte dans la gueule. Un truc de malade mental face auquel on ne peut réagir que par : « Ah oui. D’accord ». Il faut savoir que dans ma vie, je me suis fait spoiler énormément de choses : beaucoup de morts de Game of Thrones (dont une par Stephen King sur Twitter) ou « Sixième Sens » par Télérama, pour ne citer que deux exemples. Mais, au moins la grosse victime du spoil que je suis ne s’est pas fait spoiler le plus gros twist de l’histoire du cinéma, celui justement d’ « Usual Suspect ».

La scène : la fin du film, contre toute attente.

129. Le Concours (Claire Simon, 2017) : 

Bonne chance.

Bonne chance.

C’est un univers à part, rarement filmé, et qu’on découvre avec énormément d’intérêt. La jungle profonde ? Les grands fonds marins ? Non, un concours ! Et pas n’importe lequel, l’un des plus connu et les plus exigeants de France, celui de la Fémis, l’une des meilleures écoles françaises de cinéma. Aux interviews, Claire Simon préfère ici le témoignage de l’instant, ce qui nous donne vraiment l’impression assez troublante d’être présents aux côtés des candidats et des jurys. Elle a posé ses caméras à tous les tours du concours, depuis l’amphithéâtre bondé jusqu’au grand oral. On découvre à l’écran toutes ces étapes avec des sentiments mêlés, au rang desquels parfois un profond malaise face aux difficultés des candidats. On se souvient de ses propres concours bien sûr, des mémoires pas toujours agréables. Mais surtout, la qualité principale du film est de démontrer toute l’injustice, tout le drame, toute la subjectivité, toute l’humanité au sein du concours, qui plus est artistique, tout en laissant ouverte cette question terrible : le concours a ses immenses défauts oui, mais quelle alternative ? Passionnant et complexe.

La scène : terrible moment où un candidat au concours scénario s’embrouille dans ses propres personnages. Malaise TV en prime time.

128. Collateral (Michael Mann, 2004) : 

Très très NRV.

Très très NRV.

Les avis des programmes TV ne sont pas toujours à délaisser. Surtout pas ceux de « TV Cable Satellite », qui sont d’ailleurs sans doute mes avis critiques préférés (sans déconner). Une soirée TV s’annonce, on sait pas quoi regarder, on découvre que le magazine à mis « 4 étoiles » (le max) à « Collateral », on a jamais entendu parler de ce film mais on se lance. Et on est vraiment, mais vraiment pas déçu. Thriller étouffant porté de la tête et des épaules par le duo Jamie Foxx / Tom Cruise (en ce qui concerne Cruise, c’est d’ailleurs pour moi son meilleur rôle) « Collateral » est une grosse claque. L’histoire d’un taxi qui découvre que son client est un tueur à gages. Une nuit de ouf s’annonce, pour lui comme pour le spectateur, mais pas pour les mêmes raisons.

La scène : le moment à la fin du film plein de tension.

127. Persepolis (Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi, 2007) : 

Voulez-vous une tasse de thé ?

Voulez-vous une tasse de thé ?

S’il y a encore des gens pour penser que le dessin-animé est un genre gentillet destiné avant tout aux enfants, vous avez le choix pour leur faire entendre raison mais commencer par leur montrer « Persépolis » ne serait pas une mauvaise idée. Inspiré de la véritable histoire de son auteure, Marjane Satrapi, « Persépolis » déploie sa magnifique esthétique particulière pour raconter à travers l’histoire particulière d’une famille, le drame de la révolution iranienne et son espoir déçu. Visuellement incroyable, très intéressant, parfois drôle, souvent touchant, très humain surtout, « Persépolis » est un super dessin-animé. Donc un super film.

La scène : la scène la plus touchante avec le magnifique personnage de la grand-mère.

126. Raging Bull (Martin Scorcese, 1980) : 

Deux poings, c'est tout.

Deux poings, c’est tout.

« Raging Bull » respire quelque chose d’incroyablement puissant. Un parfum complexe, mêlé de majesté, de force, d’intensité, de viscéral, entre autres. C’est un film qui tient en respect. A mes yeux, c’est la « masterpiece » du duo Scorcese / De Niro (rien que ça, me direz-vous), encore plus que « Taxi Driver ». Le premier est magistral à la réalisation, le second hallucinant à l’interprétation, et les mots sont faibles. « Raging Bull » fait partie de ces films qui nous font sentir un peu ce que « chef d’œuvre » veut dire. Dans un noir et blanc sublime, on découvre l’histoire de Jake LaMotta, le mec qui n’aimait pas qu’on « fuck » sa « wife » (oui, cette réplique ne vient pas du tout de « Taxi Driver » et ne suit pas du tout « you’re talkin’ to me ») et on se passionne pour cette figure forte, de son ascension jusqu’à sa chute défigurée.

La scène : le combat contre Sugar Ray Robinson, incroyable.

Les articles précédents : 

De la 200éme à la 176éme place.

De la 175éme à la 151éme place. 

 


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Mes 200 films préférés (175 – 151). /mes-200-films-preferes-175-151/ /mes-200-films-preferes-175-151/#comments Sat, 09 Sep 2017 16:27:43 +0000 licontinovich /?p=687 Continue Reading ]]> N’hésitez pas à lire les « précisions avant de commencer » présentes dans le premier article du top ! 

175. Le Secret des poignards volants (Zhang Yimou, 2004) : 

Coup de bambou.

Coup de bambou.

Un bon film d’arts martiaux, à mes yeux, est un savant mélange de virtuosité et de force, de dureté et de légèreté, avec juste ce qu’il faut d’exagération pour provoquer l’émerveillement. « Le Secret des poignards volants » est, dans cette perspective, un de mes musts avec ses chorégraphies magnifiques autour desquelles la caméra semble évoluer tel le vent. Souvent impressionnant, parfois majestueux, succès critique et commercial en son temps, « Le Secret des poignards volants » semble pourtant tomber peu à peu dans l’oubli. C’est bien dommage. Un autre film du classement à remettre au premier plan très vite.

La scène : le combat dans les bambous, inoubliable, est sans doute l’une des plus incroyables scènes d’arts martiaux jamais tournés.

174. La Chasse (Thomas Vinterberg, 2012) : 

L'accusé et le père.

L’accusé et le père.

Thomas Vinterberg, avant tout connu pour le choc « Festen », une terrible histoire de viols incestueux, présente un savoir-faire certain pour mener des histoires d’une immense dureté. Il en est ainsi pour « La Chasse », film assez traumatisant, orchestré de main de maitre, où l’on nous raconte le calvaire d’un homme accusé à tort de pédophilie dans un village. Vinterberg, servi par un Mads Mikkelsen impressionnant, y interroge le rapport de la société à un de ses tabous suprêmes, l’agression sexuelle sur des enfants. Car une fois accusé, le personnage de Mikkelsen n’a plus de retour en arrière possible. Rejeté par tous, exclu à jamais malgré son innocence, il ne sera jamais totalement lavé de tous soupçons et les choses iront pour lui de pire en pire. C’est d’une violence sourde, avec une montée de la tension extrêmement maitrisée, et tragique au possible. Un drame impressionnant.

La scène : la chorale de Noël.

173. Frankenstein Junior (Mel Brooks, 1974) :

"Je vous demande pardon ?"

« Je vous demande pardon ? »

Des barres de rires. Voilà mon souvenir de « Frankenstein Junior ». Reprise délirante et déjanté du mythe de Frankenstein par un Mel Brooks déchaîné, c’est pour moi une comédie culte, et pourtant, à part l’inoubliable visage du serviteur (extraordinaire Marty Feldman, dont c’est d’ailleurs le vrai visage, conséquence d’une maladie), je ne parviens à ne me rappeler que d’une chose : j’ai rigolé et encore rigolé. J’ai presque envie de dire que c’est suffisant. Alors, si vous voulez visionner ce film, je vous demande de me faire confiance sur le simple fait que j’ai passé un excellent moment. Au pire renseignez-vous sur internet et/ou demandez à d’autres gens. Je ne suis pas le seul à l’avoir adoré.

La scène : la rencontre avec le serviteur.

172. Dracula (Francis Ford Coppola, 1992) : 

Dans le film les concubines de Dracula sont joués par Michaela Bercu, Florina Kendrick et Monica Bellucci.

Dans le film les concubines de Dracula sont joués par Michaela Bercu, Florina Kendrick et Monica Bellucci.

Si le personnage de Dracula a inspiré de très nombreux films, celui de Francis Ford Coppola force le respect. Réalisé de main de maître, cette œuvre sait gérer son ambiance avec un talent certain. Très bien interprété, notamment par un Gary Oldman au sommet de sa forme, le « Dracula » de Coppola est un indispensable du genre. Le film présente en outre deux grands atouts : une qualité de conteur très forte, pour parvenir à réenchanter une histoire maintes fois présentée au public et une excellente photographie, avec un jeu de couleur parfaitement adapté au récit. Un autre mérite important du film est d’explorer à fond le rapport entre vampire et sexualité, une relation souvent analysée.

La scène : l’arrivée dans le château.

171. Fantastic Mister Fox (Wes Anderson, 2010) : 

En bombe avec la bande.

En bombe avec la bande.

Le cinéma de Wes Anderson est si singulier qu’il ne pouvait que diviser la majorité de la population entre les insensibles résolus et les fans inconditionnels. Je dois faire partie des rares personnes se situant au milieu. En effet, je reconnais à la majorité des films du bonhomme des qualités et il m’est toujours agréable de voir chez un réalisateur une capacité à imposer son style, ce qui est à mon avis un mérite artistique fort. Et en même temps, j’ai souvent du mal à rentrer totalement dans ces mêmes films. Or, un de mes grands plaisirs de spectateurs est de me plonger à fond dans ce que je regarde. Mais pour « Fantastic Mister Fox » je me suis régalé devant ce petit bijou, où Wes Anderson parvient je trouve à très bien adopter un ton moins déroutant pour le grand public tout en préservant son état d’esprit décalé, au sens fort du mot. C’est inventif, c’est original, c’est drôle, l’aspect visuel ressemble à peu d’autres dessins animés, les personnages sont très cools, bref, on y passe un excellent moment. Mister Fox mérite son qualificatif !

La scène : la scène finale est une belle conclusion.

170. Mange tes morts : Tu ne diras point (Jean-Charles Hue, 2014) : 

C'est l'heure du barbec'.

C’est l’heure du barbec’.

Parfois, l’avis qu’on a sur un film évolue avec le temps. On peut sortir d’une séance conquis, pour au fil du temps perdre de l’intérêt pour cette production. C’est rare, mais ça arrive. Plus courant en ce qui me concerne : sortir d’un film en se disant « c’était pas si mal » pour progressivement se rendre compte qu’en fait on avait ce jour-là maté une bonne grosse daube. Et puis, parfois on sort d’un film en ayant aimé, l’amour grandit avec le temps et ce qu’on trouvait « bon », « honnête », sans plus, vient rejoindre nos coups de cœurs. C’est un peu ce qui m’est arrivé avec « Mange tes morts : Tu ne diras point », à l’origine 10ème de mon traditionnel classement annuel, en 2014. Avec le temps, je me suis rendu compte de la valeur importante qu’avait en réalité à mes yeux ce film furieux, sanguin, sur une communauté de yéniches. Pour son originalité, pour son intensité, pour le jeu hallucinant des acteurs issus de cette même communauté et quasiment amateurs, c’est à mon sens un film à voir pour quiconque souhaite aller au-delà des récits communs et souvent remplis de clichés sur ces communautés, des récits communs où l’on confond souvent roms, gens du voyage, yéniches ou gitans, malgré leurs réalités très diverses. Ecouter ou lire une interview du réalisateur, un mec sacrément badass par ailleurs, en complètement du film est une très bonne chose pour comprendre un peu mieux cet objet cinématographique si particulier.

La scène : la confrontation avec la police, incandescente.

169. Amours chiennes (Alejandro González Iñárritu, 2000) : 

"Chienne de vie".

« Chienne de vie ».

Avant d’offrir son Oscar à DiCaprio, avant de tout fracasser avec « Birdman », avant d’accéder à la notoriété avec « Babel », Iñárritu avait commencé les longs-métrages par « Amours chiennes » et ça envoyait déjà du très lourd. Film croisant plusieurs histoires connectés par, je vous le donne en mille, les toutous, Alejandro González profite du rapport au canin pour sonder la société mexicaine dans ses diverses strates, mais aussi la psyché des hommes en général. Fables sociales furieuses et enlevées avec un je ne sais quoi à la Scorcese, « Amours chiennes » est un excellent film sur le rapport homme / animal et sur ce qu’il peut révéler de l’animalité comme de l’humanité. Très très bon.

La scène : le combat de chiens.

168. Shining (Stanley Kubrick, 1980) : 

Attention, cette scène est vraiment très très anxiogène.

Attention, cette scène est vraiment très très anxiogène.

Mon goût pour les films d’horreur est très limité. La raison est simple : je suis une grosse fiotte dès qu’il s’agit d’avoir peur au cinéma. Paradoxal quand on sait que je raffole des films à l’ambiance torturé et des thrillers, mais c’est ainsi : passé une certaine limite, je suis très facilement impressionnable et il me devient très difficile d’apprécier le film, surtout quand je passe la majeure partie du visionnage les yeux fermés ou détournés de l’écran. J’assume, à chacun son adrénaline et pis d’abord moi je fais des manèges dans les parcs d’attractions que plein de gens ils auraient trop peur de les faire, na ! Tout ceci pour expliquer la chose suivante : « The Shining » est le seul film d’horreur de mes 200 films préférés. En partie parce que je l’ai vu avec un groupe d’amis et donc plus dans un contexte me permettant plus de l’apprécier. Pour ce qui est des qualités du film, on ne les présente plus. A titre personnel la montée de l’angoisse distillée de main de maître et le personnage de Jack Torrance firent la différence.

La scène : celle du bar.

167. Annie Hall (Woody Allen, 1977) :  

Quand tu te rends compte que t'as oublié les places à la maison.

Quand tu te rends compte que t’as oublié les places à la maison.

Ma mère étant une inconditionnelle de Woody Allen, j’en ai hérité une certaine fascination pour le cinéma de ce bonhomme à lunettes, même si dans le rythme d’un film par an qu’il s’impose, force est de constater qu’il y a quand même de nombreux films passables, surtout récemment. Mais il y a aussi dans cette filmographie prolifique quelques chefs d’œuvres et parmi ceux-là « Annie Hall » est un de mes favoris. On y retrouve la plupart des obsessions alleniennes, c’est-à-dire tout simplement des interrogations existentielles sur la vie, la mort, le rapport à l’autre, l’amour et un peu d’humour juif pour saupoudrer le tout. Un « Woody » classique mais transcendé par un ton où le dosage entre légèreté et sérieux est extrêmement réussi et surtout par des dialogues génialissimes où le sens de la formule du réalisateur new-yorkais fait mouche comme rarement.

La scène : le moment du stand-up.

166. Full Metal Jacket (Stanley Kubrick, 1987) : 

"Et on se tient le paquet !"

« Et on se tient le paquet ! »

Une bonne claque dans la gueule, voilà ce qu’est en substance « Full Métal Jacket ». On traverse toute la première partie, celle de l’instruction, à la fois asphyxié et fasciné. On enchaine la deuxième partie, celle de la guerre, comme hypnotisé par un rêve aux allures de cauchemar. Puis vient le générique, « Paint It Black » dans la tronche (meilleur choix de musique finale de l’histoire du cinéma selon moi) et on est K.O. L’une des plus impressionnantes dénonciations de l’absurdité de la guerre et l’une des plus puissantes critiques de l’armée par un Kubrick pour le moins sensible au sujet si l’on en croit sa filmo’. Pas un film, une grenade.

La scène : certes, le discours du Sergent Hartman est ouf’, mais la scène qui m’a le plus marqué reste celle dans les toilettes avec « Grosse Baleine ». Traumatisant.

165. Master & Commander : de l’autre côté du monde (Peter Weir, 2003) : 

"Vous avez vu capitaine ? -Non, quoi ?  -Ma bite.  -Je devrai vous mettre aux fers."

« Vous avez vu capitaine ?
-Non, quoi ?
-Ma bite.
-Je devrai vous mettre aux fers. »

Voilà un film qu’à mon sens, on oublie trop souvent à l’heure de faire un palmarès des grands films de la décennie 2000 / 2009. Pourtant, dans les gens que je connais, tous ceux qui ont vu « Master & Commander : de l’autre côté du monde » s’accordent à dire que c’est du lourd. Et je suis bien d’accord avec eux. Epopée spectaculaire d’un équipage sur les mers du globe, aventure épique porté par le charisme d’un Russell Crowe impressionnant de stature, « Master & Commander : de l’autre côté du monde » est le genre de film qui vous embarque du début jusqu’à la fin dans un voyage haletant. Le cinéma est aussi un moyen de transport.

La scène : la trépanation, qui m’a beaucoup marqué.

164. Willow (Ron Howard, 1988) : 

"Cours Forest, cours !"

« Cours Forest, cours ! »

Le film d’héroïc-fantasy culte de mon enfance. Il y a de l’héroïsme, une méchante reine, de la magie, des combats, c’est évidemment manichéen à souhait, bref c’est un grand classique du genre. L’histoire, une petite fille est poursuivie bébé par des armées maléfiques en raison d’une prophétie, fleure bon le déjà-vu mais l’ensemble est porté avec suffisamment de conviction et réalisé de manières suffisamment maline niveau trucages, pour que le gamin que j’étais apprécie. Et puis c’est le grand rôle de Warwick Davis, que l’on croise au détour des Star Wars pour quelques rôles en forme de silhouette et pour lequel je ne peux m’empêcher d’éprouver une grande sympathie. En plus pour une fois que la prophétie parle d’une princesse et non d’un prince, c’est quand même un chouïa original. A réserver aux amateurs du genre en tout cas, notamment pour ceux qui ont une petite envie d’ « old-school ». De temps en temps, ça peut pas faire de mal.

La scène : celle avec les trolls. Non, pas ceux d’internet.

163. Love Actually (Richard Curtis, 2003) : 

Ce moment où tu te rends compte que le gamin de "Love Actually" c'est Jojen Reed dans "Game of Thrones".

Ce moment où tu te rends compte que le gamin de « Love Actually » c’est Jojen Reed dans « Game of Thrones ».

Et oui, comme beaucoup, j’ai succombé au charme de « Love Actually ». Que voulez-vous, les bons sentiments sont tellement assumés, les acteurs s’en donnent tellement à cœur joie, l’énergie et l’humeur du film sont si communicatives, que je n’ai pu résister. Nique les cyniques, tant pis pour les insensibles, youpi pour les kikoos, vive les cœurs d’artichauts. On rigole, on est ému, on sort de là avec une patate monstre et l’envie d’aimer le monde entier. De plus « Love Actually » a prouvé qu’on pouvait être romantique et « sweet » sans être trop nian-nian et insupportable, et ça c’est non seulement très cool, mais c’est aussi un bel exploit. Comme en plus le film réunit une grosse bande d’actrices et d’acteurs  à l’immense classe depuis Alan Rickman jusqu’à Bill Nighy en passant par Rowan Atkinson, Keira Knightley, Hugh Grant, Colin Firth, Liam Neeson et Martin Freeman (excusez du peu), pour ne citer qu’eux, n’en jetez plus, je surkiffe et vive l’amour !

La scène : La scène à l’aéroport de Marseille, sisi représente. Non je déconne, évidemment celle des pancartes, irrésistible.

162. Ave, César ! (Joel et Ethan Coen, 2016) : 

Les p'tits gars d'la marine.

Les p’tits gars d’la marine.

Qu’on aime ou pas le cinéma des frères Coen, il faut leur reconnaître une chose : les frangins ont un style bien à eux. Et à mon sens ce style, un mélange de personnages décalés, de dialogues savoureux, d’histoires absurdes et d’humour doux-amer trouve une magnifique illustration dans « Avé César ! », pastiche génial de l’Hollywood époque guerre froide. On y retrouve avec plaisir Ralph Fiennes, impayable, Tilda Swinton, Josh Brolin ou Frances McDormand, déjà rompus à la patte Coen et on se régale en découvrant les talents comiques de Scarlett Johansson et surtout Channing Tatum, magique en acteur soviétique efféminé. Cependant la révélation du film reste Alden Ehrenreich, fabuleux dans son rôle d’acteur de western. « Avé César ! » a beau être mal noté sur Allo Ciné, je m’en fiche, moi j’ai adoré.

La scène : le très très savoureux moment entre le réalisateur joué par Ralph Fiennes et l’acteur joué par Alden Ehrenreich, quand ce dernier doit jouer pour la première fois dans un autre genre que du western.

161. L’Imaginarium du Docteur Parnassus (Terry Gilliam, 2009) : 

De l'autre côté du miroir...

De l’autre côté du miroir…

Un film qui a carrément inspiré le nom de mon blog ne pouvait pas être absent de ce classement. Assez injustement sous-estimé à mon sens, « L’Imaginarium du Docteur Parnassus » a pourtant de nombreux mérites à mes yeux. Le plus évident étant le magnifique hommage fait à Heath Ledger, décédé durant le tournage. En adaptant son film,Terry Gilliam a fait honneur à la dernière performance du comédien tout en prouvant que le cinéma peut se sortir des plus grandes difficultés, à condition d’avoir de l’inventivité, ce dont Gilliam ne manque pas. Le remplacement d’Heath Ledger par Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrell (rien de moins) dans les passages oniriques si gilliamiens fonctionne parfaitement.  Les autres points forts du film : premièrement les moments dans le monde « réel », dotés d’une formidable ambiance qui respire bon les foires d’antan et les spectacles sur tréteaux, un univers poétique à souhait et deuxièmement la performance génialissime de Tom Waits en diable. Ajoutez des autres membres du casting très bons, une histoire pleine de mystères et vous obtiendrez un film qui vaut le détour et que je ne peux que vous conseiller de découvrir.

La scène : le début du film pose très bien les bases.

160. Good Morning England (Richard Curtis, 2009) : 

C'est autre chose que RTL.

C’est autre chose que RTL.

Survolté, énergisant, rock n’roll, jouissif : quelques qualificatifs extrêmement adaptés à « Good Morning England ». Ode à la liberté d’expression et à la libération des mœurs, doté bien évidemment d’une bande-son qui claque sévère, ce film anglais sur l’aventure d’un bateau hébergeant une radio pirate a la classe. Comme dirait l’autre « c’est d’la bombe bébé ». Bill Nighy, Phillip Seymour-Hoffmann, Nick Frost, Rhys Ifans et surtout Kenneth Branagh, impayable en ministre autoritaire et psychorigide, le casting cinq étoile se régale aux sons des hits des Who, des Beach Boys, des Kinks ou des Turtles (pour ne citer qu’eux) et nous avec. Un film si bon pour la santé qu’on pourrait le prescrire par ordonnance.

La scène : celle au son d’ « Elenore » des Turtles.

159. La Vie des autres (Florian Henckel von Donnersmarck, 2006) : 

"-Mais qu'est-ce que... -Despacitooooooo !"

« -Mais qu’est-ce que…
-Despacitooooooo ! »

L’optimisme. C’est peut-être là que porte au fond le message de « La Vie des autres ». Ou comment, même au plus fort de l’embrigadement, même au sein d’un régime dictatorial, peut se réveiller l’humain. Et on le sait, l’important, c’est l’humaing’. Là où la plupart des films sur les régimes autoritaires se caractérisent par un grand pessimisme, « La Vie des autres » a le mérite de faire le pari de la lueur d’espoir, malgré tout. Extrêmement touchant, parvenant à rendre parfaitement crédible l’évolution psychologique de son personnage principal (magnifiquement incarné par Ulrich Mühe, malheureusement décédé peu de temps après le triomphe de ce film), « La Vie des autres » est un film d’une beauté triste mais puissante.

La scène : la sublime fin du film.

158. Kill Bill : volume I (Quentin Tarantino, 2003) : 

Blanche neige, mais plus pour longtemps.

Blanche neige, mais plus pour longtemps.

Si le deuxième volet des aventures de Black Mamba s’avère globalement décevant, cela n’enlève rien aux qualités du premier opus. Car si l’histoire est aujourd’hui archi-connue, elle fit à l’époque l’effet d’une bombe, achevant l’œuvre commencée par « Pulp Fiction » à savoir faire de Tarantino une figure « pop » (une consécration pour un tel amoureux de la « pop culture ») connue et reconnue aussi bien par une partie des critiques que par le grand public. Le style de Quentin y trouve une de ses plus belles illustrations : outrance assumée, hémoglobine par litres, bande-son du tonnerre, références plus ou moins obscures en masse et surtout ce don de transcender le nanar pour en faire du très lourd. Les scènes d’anthologies s’enchainent pour une Black Mamba qui a de plus le grand mérite d’être l’une des premières grandes héroïnes badass modernes, bien avant Rey de « Star Wars VII » ou les rôles récents de Charlize Theron. C’est un plus quand même très cool, non ?

La scène : le combat contre les Crazy 88, of course.

157. Edward aux mains d’argent (Tim Burton, 1990) : 

Le prince au petit pois.

Le prince au petit pois.

La plus belle collaboration entre Tim Burton et Johnny Depp est l’une de leur toute première. Une époque où Johnny n’avait pas encore décidé d’appliquer la recette « Jack Sparrow », ce combo grimaces, folie, poses outrancières, regards vers le haut, aussi génial la première fois que lassant à la longue, à l’écrasante majorité de ses personnages. Une époque où Tim savait encore raconter de magnifiques histoires sur la différence avec subtilité, en mêlant magie et poésie pour imposer son style détonant. Conte bizarre et extrêmement touchant, critique jouissive de la culture « pavillons de banlieues » à l’américaine, « Edward aux mains d’argent », très original à l’époque, détonne sans doute moins aujourd’hui dans un monde habitué au style Burton et où le cinéma célèbre souvent la singularité comme une force. Mais s’il le fait, c’est aussi un peu grâce aux histoires de Tim et c’est pourquoi on peut lui dire merci.

La scène : si l’ouverture avec le génial Vincent Price est très forte, le moment le plus beau reste à mes yeux la fin.

156. Sherlock Holmes I&II (Guy Ritchie, 2010 et 2011) : 

Bromance.

Bromance.

Les « Sherlock Holmes » de Guy Ritchie ont leurs détracteurs, qui ont pour argument principal le manque de fidélité à l’œuvre originale. Si les combats au ralenti sont difficilement étiquetables « Conan Doyle compatibles », cette analyse me semble malgré tout exagéré, tant l’ambiance sombre et mystérieuse des films et le comportement de Sherlock Holmes collent plus qu’on ne pourrait le croire aux romans. Mais une fois passé ce débat au fond assez inutile (aller voir un tel film autrement qu’en connaissance de cause, en s’attendant à un truc semblable aux bouquins, fallait quand même s’attendre à une belle déception…), je n’ai pas honte de dire que je me suis régalé devant les deux volets de ces aventures cinématographiques de Sherlock et Watson (même si la série avec Cumberbacht reste malgré tout mon adaptation favori, déso, pas déso). Le fun est immense, l’alchimie et le charisme du duo Downer Jr / Law crève l’écran, la musique est ouf’ (Hans Zimmer, épouse moi) et les films bénéficient à plein du plus grand talent de Ritchie : un extraordinaire sens du rythme. En plus, chose assez rare pour ce genre de films, le 2ème est plutôt égal au premier, grâce notamment à un Moriarty de qualité.

La scène : la première scène de Moriarty dans le 2ème opus, dans le restaurant.

155. Spiderman I&II (Sam Raimi, 2002 et 2004) : 

Le bisou, le bisou !

Le bisou, le bisou !

A l’origine de la « super-héros mania » qui continue encore aujourd’hui, il y a en partie les deux premiers opus de « Spiderman » par un Sam Raimi qui avait placé la barre très haut. Trop haut sans doute pour le troisième opus, mauvais comme tout et surtout coupable de ridiculiser Venom (un antagoniste vraisemblablement imposé à Raimi), le meilleur méchant des comics si on enlève évidemment les ennemis de Batman. Mais avant « Spiderman III », il y a eu évidemment « Spiderman I » et « Spiderman II » (incroyable non ?), un duo de très bons films, spectaculaires et prenants, qui ont prouvé au monde entier à quel point les super-héros pouvaient être bankables. Raimi lança d’une certaine manière la vague qui allait suivre. Pour moi, qui apprécie le genre sans pour autant être un grand fan (et oui ! Révélation !), Batman encore et toujours mis à part (parce que c’est Batman, question suivante), ces deux œuvres de Raimi auront eu le mérite de faire de Spiderman ma médaille d’argent niveau super-héros, parce que le personnage principal est cool mais surtout parce que ses méchants sont très bons. Puisqu’on parle de Spiderman, on laissera tomber un voile pudique sur l’époque Andrew Garfield (un très bon acteur par ailleurs, no offense, et puis Electro était quand même cool) et on se concentrera sur l’espoir offert par « Homecoming » qui était quand même pas mal du tout.

La scène : la schizophrénie glaçante du Bouffon Vert (excellent Willem Dafoe) dans le miroir.

154. Chicago (Rob Marshall, 2002) : 

La classe du chapeau de paille.

La classe du chapeau de paille.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, on peut parfois apprécier un film malgré des conditions de visionnage désastreuses. Bon, pas toujours, cf ma découverte de « Dunkerque » gâchée par les voisins de séance les plus stupides que j’ai jamais rencontré. Mais « Chicago » est un bon contre-exemple car c’est le seul film que j’ai vraiment aimé en le regardant pour la première fois dans un bus. Pourtant probablement l’un des pires contextes pour regarder une comédie musicale, si on mélange petite taille de l’écran et qualité sonore inversement proportionnelle à l’attrait du PS actuellement. Et pourtant, je suis resté fasciné, même sans tout comprendre, particulièrement grâce au visuel et aux numéros des chansons, au point de passer un excellent moment. Les audacieux parallèles entre cabaret rêvé et vie en prison réelle, notamment, se révèlent hypnotisant. A revoir dans de bonnes conditions pour confirmer ou infirmer, un jour, peut-être.

La scène : « When you’re good to mama ».

153. American History X (Tony Kaye, 1998) : 

"Right turn only", c'est fait exprès ?

« Right turn only », c’est fait exprès ?

Film choc au sens fort du terme, « American History X » vous attrape à la gorge dès son ultra-violente première scène (dites les mots trottoir et mâchoire à quelqu’un qui a vu le film, vous verrez sa réaction). Le film suit la trajectoire de deux frères l’un, néo-nazi emprisonné pour meurtre (excellent Edward Norton) sur le difficile chemin de la repentance, l’autre séduit par l’idéologie défendu par son ainé. A travers des aller-retours entre passé (en noir et blanc) et présent (en couleur), le film montre habilement la construction et la déconstruction de la haine chez des individus et porte un grand coup de projecteur sur l’extrême violence des mouvements suprématistes américains. Avec les événements de Charlottesville, c’est tristement d’actualité…

La scène : l’ouverture du film, inoubliable.

152. Premier Contact (Denis Villeneuve, 2016) : 

Un plan qui a la classe.

Un plan qui a la classe.

« Premier Contact », réalisé par un de mes chouchous actuels, le canadien Denis Villeneuve, met le projecteur sur une question au final peu posé par le cinéma : si les extraterrestres venaient nous rendre visite sur Terre, comment communiquer avec eux ? De cette question passionnante, Villeneuve tire un film à la fois intelligent et prenant, où la profondeur n’évolue jamais vers l’ennui. « Premier Contact » réussit également un exercice généralement périlleux au cinéma : mêler grand moment (fictif ou non) de l’histoire de l’humanité et drame personnel. Ajoutez à cela une photographie extraordinaire et une musique parfaitement adapté au récit, et voilà à mes yeux l’un des meilleurs films de science-fiction récent, voire tout court.

La scène : toute la séquence extrêmement prenante qui va de l’arrivée au camp militaire jusqu’à la première entrée du personnage d’Amy Adams dans le vaisseau extraterrestre.

151. Microcosmos : Le Peuple de l’herbe (Claude Nuridsany et Marie Pérennou, 1996) : 

Il se fait soif.

Il se fait soif.

Peut-être le premier documentaire que j’ai vu au cinéma et un véritable choc. Une plongée incroyable dans un univers méconnu et qui a souvent mauvaise presse, celui des insectes. Tout simplement fascinant, « Microcosmos : Le Peuple de l’herbe » déploie sa poésie au rythme de la musique d’une valeur sûre, Bruno Coulais (Bruno on t’aime) et révolutionne le documentaire animalier. Grâce à une technologique spécifiquement prévu pour le film, on est immergé dans ce monde du tout petit de manière incroyable, jusqu’à rester ébahi devant des ravages de gouttes d’eau ou devant un bousier qui pousse sa boule (oui messieurs, dames, parfaitement), tour à tour subjugué, émerveillé, terrifié ou attendri. Ou comment rendre le monde des insectes attractif : un gros pari, remporté de main de maître.

La scène : celle de la sauterelle prise dans une toile d’araignée m’a tout bonnement traumatisé.

On se retrouve vite pour la suite !

Les articles précédents : 

De la 200éme à la 176éme place.

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Mes 200 films préférés (200-176). /mes-200-films-preferes-200-176/ /mes-200-films-preferes-200-176/#comments Sun, 30 Jul 2017 15:01:51 +0000 licontinovich /?p=655 Continue Reading ]]> Et voilà, c’est parti. Après de longues heures de travail, je vous le présente enfin : le top 200 de mes films préférés. Un gros boulot, vous vous en doutez, que de pré-sélectionner les films puis de les classer dans l’ordre, puis d’en parler l’espace de quelques lignes, puis de sélectionner une image pour chacun. Mais bon, le résultat est là et j’espère que vous l’apprécierez.

Ceux qui sont familiers de mes tops annuels le savent : j’aime les classements (à prononcer en mode « OSS 117 »). Ils sont pour moi un beau loisir dans mon temps véritablement libre, comme par exemple une après-midi d’été entre plage et apéro. Celui-là est bien évidemment un des sommets possibles en ce qui concerne le cinéma, mais il n’a évidemment rien d’un quelconque bilan définitif. A tout âge de la vie, cela serait bien présomptueux, alors au mien… Ce que vous allez lire n’a rien de figé, bien sûr. D’autres films s’y glisseront, d’autres, du coup, en partiront. Considérons alors ce qui va suivre comme une « photographie à l’instant T », un « instant T » où j’avais envie de m’arrêter un instant sur ces films qui ont fait ma vie de cinéphile et aussi en partie ma vie d’être humain.

C’est sans doute au lycée que je suis devenu cinéphile. Avant bien sûr, j’aimais déjà le cinéma, mais c’est à cette période que le  « goût pour » est devenu « amour ». Désolé de vous décevoir mais il n’y eut pas de raison particulière à cela. Pas d’anecdote fondatrice, pas de film clé. D’ailleurs, il est presque sûr que j’ai visionné le numéro un de mon classement (no spoiler) avant de me considérer cinéphile. Le processus s’est fait en douceur, progressivement, mais aujourd’hui les faits sont là : mon amour pour le cinéma est immense. Pourtant, je pense être un cinéphile assez particulier : je ne suis pas particulièrement vorace ni de séances, ni de DVD, au sens où je ne vais pas au cinéma tous les jours et à certaines périodes, assez nombreuses d’ailleurs, je n’y vais pas toutes les semaines, loin de là. Je peux d’ailleurs passer de longs moments sans visionner un seul film, que ce soit chez moi ou ailleurs, avant que l’envie me reprenne. C’est ainsi. Il n’y a pas de modèle de l’amour. Celui que j’ai pour cet art n’en est pas moins grand.

Toujours est-il qu’à travers ce classement, je souhaite avant tout partager mon expérience de cinéphile. Vous raconter la diversité de ce que veut dire pour moi « être spectateur », vous parler des différentes façons et raisons que j’ai d’apprécier un film, vous expliquer les différents moyens et contextes qui me permettent d’en visionner, vous montrer mon goût pour des films extrêmement différents les uns des autres.

En somme, vous emmener faire un voyage dans mon cinéma.

Quelques précisions avant de commencer :

-Ce que vous allez lire, comme tout classement, a ses limites, notamment un côté rigide et arbitraire. De plus, les films que j’y présente sont tellement différents les uns des autres que leur attribuer une place les uns par rapport aux autres est une idée qui a forcément ses limites et suppose des décisions en partie mystérieuses, même pour moi. D’ailleurs, même en gardant la même liste de film, rien ne garantit que ce classement serait semblable si je le refaisais un an plus tard. C’est donc vraiment « photographie à l’instant T ».

-Il s’agit de mes 200 films préférés et absolument pas d’un classement personnel de ce que je considère être les 200 meilleurs films de l’histoire du cinéma. Je n’ai ni la prétention, ni la connaissance nécessaire pour faire un classement de ce genre. Cette distinction est très importante à mes yeux, car préférence et estime ne sont pas toujours semblables, même si elles se rejoignent souvent. Il est ainsi évidemment que je considère l’écrasante majorité des films dont je vais vous parler comme au moins de très bons films, voire de très grands films, voire de véritables chefs d’œuvres. Mais prenons un exemple pour que ce soit plus clair : si vous me demandez qui est pour moi le plus grand réalisateur de tous les temps, je vous répondrai sans hésiter Kubrick. Maintenant, si vous me demandez mon réalisateur préféré, je serai plus en peine de vous répondre (c’est à mes yeux encore plus difficile que de classer des films). En écho à cela, de nombreux films que je considère comme des films très importants dans l’histoire du cinéma et dont je reconnais d’immenses qualités, ne figureront pas dans ce top. Certains films avec une immense base de fans comme « Le Roi Lion », « The Big Lebowski », « 2001 Odyssée de l’Espace » ou « Gladiator » n’y sont pas non plus et je les considère tous comme de grands films (rangez donc vos cailloux), mais pas comme faisant parti de mes 200 préférés. Cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant : ce classement est donc bien évidemment totalement subjectif. Comprenez que vous avez donc totalement le droit de ne pas être d’accord. Ce que vous allez lire est mon avis et rien que mon avis. A bon entendeur salut !

-Tout ceci est basé sur des souvenirs plus ou moins récents, sachant que les souvenirs sont parfois trompeurs. Si je revoyais certains des films avec mes yeux d’aujourd’hui, peut-être qu’ils auraient disparu du classement. Mais je préfère leur laisser  à tous d’une certaine manière le bénéfice du doute, en hommage aux bons souvenirs procurés.

-Certains films sont regroupés en saga, trilogie ou duo, dans une seule position dans le classement. Faire autrement aurait été beaucoup trop compliqué, déso, pas déso.

-Enfin, même en sélectionnant 200 films, vous vous doutez bien qu’il a fallu faire des choix difficiles. Je voudrai donc terminer ces précisions par un salut extrêmement chaleureux aux nombreux films que j’ai aimé mais que j’ai laissé en dehors de ce top (« Merlin l’enchanteur », « Ma sorcière bien aimé », « Batman : le défi », « Las Nueve reinas », « Babe, le cochon devenu berger », « American Beauty », « Les Simpsons : le film », etc…). Ils ne sont pas classés mais je les aime quand même beaucoup. Merci à eux aussi.

Ceci étant dit, nous pouvons commencer !

200. Le Géant de fer (Brad Bird, 1999) : 

Une autre version du McDrive.

Une autre version du McDrive.

Commencer ce classement par « Le Géant de fer » est un joli clin d’œil. En effet, il s’agit d’un de mes plus vieux souvenirs de cinéma, au sens du lieu. Ce n’est sans doute pas le premier film que j’ai vu sur grand écran, mais dans ma mémoire il est catalogué comme l’un des plus anciens dont je puisse me souvenir. Conte attachant et touchant, cette histoire d’amitié entre un garçon et un robot extraterrestre gigantesque, sorte de remake d’ « E.T » supersize dans l’intrigue (dissimulation à la famille, intervention de l’armée…) n’est pas une révolution du dessin animé pour enfant. Pourtant, il ne s’en démarque pas moins, aussi bien par la conviction attendrissante qu’il place dans son message sur l’amitié et la différence que par une certaine dextérité à l’heure de jouer sur le pathos. Reste une conception de fort belle facture pour l’époque, aujourd’hui tendrement vintage. Au fait, le réalisateur c’est le gars qui a fait Ratatouille.

La scène : l’action finale, admirablement bien réalisée pour son temps.

199. Jason et les Argonautes (Don Chaffey, 1963) : 

L'anorexie, ça va trop loin.

L’anorexie, ça va trop loin.

Si les effets spéciaux de l’époque peuvent faire sourire certains aujourd’hui, pour l’adolescent fan inconditionnel de mythologie que j’étais, ce film avait un effet enchanteur et encore maintenant, je m’en souviens avec plaisir. J’irai même plus loin : je préfère un million de fois le charme kitsch des films mythologiques de l’époque que le tape à l’œil d’une nullité absolue de quasiment tous les films inspirés des légendes grecques réalisés depuis les années 2000, que ce soit « Troie » ou cette bouse absolue nommée « Le Choc des Titans ». Car « Jason et les Argonautes », au moins, a pour lui et presque malgré lui une poésie des moyens du bord et une magie de la débrouillardise, soit ce qui fait aussi parfois, la beauté du cinéma de l’époque.

La scène : gros big up à la scène des squelettes.

198. Jumanji (Joe Johnston, 1995) :

"J'étais bloqué dans un jeu, ça compte comme excuse pour une absence au boulot ?"

« J’étais bloqué dans un jeu, ça compte comme excuse pour une absence au boulot ? »

Souvenir d’enfance incroyable, prolongé par une série télévisé animée que j’ai regardé régulièrement (peut-être même ai-je commencé avant le film d’ailleurs, je me rappelle plus), « Jumanji » a plongé le gosse que j’étais dans une ambiance incroyable, où le stress était décuplé par l’inattendu de ce qui pouvait arriver aux participants. En plus, il y avait Robin Williams, aka l’une de mes idoles enfantines. Vu le goût très très modéré du gamin que j’étais pour toute forme de peur cinématographique (une chose amoindrie mais toujours présente chez l’adulte que je suis, je l’avoue), « Jumanji » m’a fait un sacré effet, sans doute l’un des plus grands en terme de sensations fortes vidéoludiques que j’ai éprouvé en ce temps. Aujourd’hui, cela me paraitrait à coup sûr très gentillet, mais qu’importe, il est parfois bon de préserver la beauté du souvenir. By the way, pour la petite info, la petite fille est l’un des premiers rôles de Kirsten Dunst.

La scène : l’arrivée du chasseur.

197. La Planète au trésor : Un nouvel univers (Ron Clements, John Musker, 2002) :

Fuck yeah, l'univers steampunk !

Fuck yeah, l’univers steampunk !

Vous, Disney du début des années 2000, mal-aimés de l’univers de Mickey et consorts, coincés entre l’âge d’or époque Roi Lion et le renouveau époque Raiponce, injustement oubliés par beaucoup, je veux vous rendre hommage, et je sais que la plupart des gens de ma génération m’approuveront. Car en ce qui concerne « La Planète au trésor : Un nouvel univers », rare sont les productions Disney à avoir fait preuve d’autant de créativité. Croiser univers pirate et monde spatial en ragequitant tout objectif de crédibilité scientifique dans un yolo le plus total, s’avère un pari aussi couillu que génial. Bateaux volants, décors à couper le souffle (même aujourd’hui, c’est bluffant), le visuel est juste dingue et continue d’influencer mon imaginaire encore aujourd’hui. Comme en plus, l’histoire est prenante et les personnages attachants (avec un méchant pas si manichéen dans mon souvenir), que demande le peuple ? Et pourtant, ce croisement dessin / image de synthèse, bloqué entre deux périodes, s’est trouvé au mauvais moment dans l’histoire Disney. Gageons pourtant qu’avec de telles qualités, une redécouverte vintage par les générations futures n’est pas à exclure. Et puis le duo aux manettes c’est quand même celui d’Aladdin ou d’Hercule, notamment, autant dire que c’est pas des billes à priori.

La scène : le trou noir, un moment aussi terrible qu’haletant.

196. Atlantide, l’empire perdu (Gary Trousdale, Kirk Wise, 2001) :

Thème connu : "We all live in a..."

Thème connu : « We all live in a… »

Autre production Disney de la même époque injustement délaissée, « l’Atlantide » est pourtant un dessin animé qui, s’il n’atteint pas le coté culte des chefs d’œuvres des studios de Walt, n’a à mes yeux pas grand-chose à envier à la plupart des créations de la bande à Donald. Qualité du dessin ébouriffante, histoire on ne peut plus prenante, thématique propre à faire rêver son public, très bons personnages secondaires avec une variété de caractères appréciable, héros ultra-original dans la galaxie Disney, personnages féminins pas si clichés, la liste des qualités de « L’Atlantide » est trop grande pour ne pas mériter une revalorisation dans l’univers du dessin animé.

La scène : le moment du léviathan a très très fortement marqué mon esprit.

195. Hot Fuzz (Edgar Wright, 2007) :

La Père Noël, c'est Peter Jackson qui fait un caméo. Si, si, je vous assure.

La Père Noël, c’est Peter Jackson qui fait un caméo. Si, si, je vous assure.

C’est quand même bizarre parfois, être spectateur. Voilà que je regarde « Hot Fuzz » avec des amis et que pour une raison que j’ai totalement oublié, on ne termine pas le film. Qu’importe, l’effet de surprise, l’état d’esprit complétement barré du film, le duo Frost/Pegg, les trouvailles du scénario ont opéré leurs charmes : je n’ai de cesse de me souvenir d’ « Hot Fuzz » comme d’un film génial. Et puis, je le revois, un soir, et la magie ne prend plus. Je passe un bon moment, mais sans plus, sauf à la fin avec cette foutue oie. Avais-je la tête ailleurs le second soir ? Est-ce que j’en attendais trop ? Mes souvenirs m’avaient-ils trompé ? Voir le film en deux fois lui enlevait-il ses atouts notamment l’effet de surprise ? Je n’en sais rien. Il n’empêche, je continue de le conseiller à quiconque cherche une comédie déjanté et je le mets quand même ici, à la mémoire de toutes les fois où je me suis tapé une barre en évoquant ce film avec un autre spectateur conquis.

La scène : l’oie, bon sang.

194. The Expendables I&II (Sylvester Stallone, 2010 et Simon West, 2012) 

"Pan, pan, motherfuckers !"

« Pan, pan, motherfuckers ! »

Comment, quoi ? Les « Expendables », ces films d’action chargée de testostérone, avec leurs catalogues de stars vintages, aux scénarios ridicules et aux qualités de réalisations moindres, même comparé aux autres films du genre, dans ce classement ? Hé bien oui, messieurs dames, car l’important, c’est parfois moins le film que le contexte dans lequel on le regarde. Et pour m’être littéralement écroulé de rire au sol en matant le premier volet avec des amis dans une ambiance hilare, pour avoir pendant longtemps déliré avec mes potes sur des passages devenus cultes à nos yeux, pour avoir kiffé le deuxième volet (pas vu le troisième par contre), certes moins mais tout de même, grâce à cette recette à base de nanardisme quasi assumé, entre répliques merveilleusement outrancières et scènes d’actions « what the fuck », je peux dire qu’un film, même avec un tas de défauts, peut devenir un excellent souvenirs selon comment on le visionne et avec quel état d’esprit.

La scène : « la prochaine fois, c’est tes couilles que je dégonfle ». Une des scènes m’ayant le plus fait rire devant un film, y compris en comptant les comédies.

193. Ed Wood (Tim Burton, 1994) :

L'important, c'est la rose.

L’important, c’est la rose.

Quand je disais que ce classement comporte une part de mystère, « Ed Wood », ce film de Tim Burton sur « le pire réalisateur de l’histoire », presque inventeur du nanar (tout un programme !) en est une belle illustration. Je n’ai en effet que peu de souvenirs du film, et je pense même m’être assez ennuyé devant à quelques moments. Que fait-il ici alors, me diriez-vous à raison ? Hé bien, déjà je pense l’avoir vu dans un contexte pas forcément optimal pour l’apprécier. Ce n’est d’ailleurs pas le seul film dans ce cas, c’est pourquoi la raison principale est en réalité celle-ci : je perçois instinctivement qu’il y avait derrière tout cela, même derrière cet ennui, la complexité d’un personnage très bien rendue et surtout une déclaration d’amour profonde au cinéma qui malgré tout, m’a beaucoup touché. A vous de voir le film, pour confirmer ou non ces dires, mais je pense qu’il vaut le détour.

La scène : la rencontre avec Bela Lugosi, « personnage » (si on peut dire personnage en parlant de quelqu’un ayant réellement existé) extrêmement touchant du film dans son rapport à sa gloire passée et à Ed Wood.

192. Soul Kitchen (Fatih Akin, 2009) :

"Le premier qui dit gourmand, croquant..."

« Le premier qui dit gourmand, croquant… »

Sortir d’une séance l’esprit bercé par le plaisir qu’on y a éprouvé est un kiff dont je ne me lasse pas. A cet égard, « Soul Kitchen » est une belle illustration. Film « rock n’roll » de Fatih Akin avec un joli concentrée de vitamines à l’intérieur, comédie sans l’être avec ses personnages hauts en couleurs, « Soul Kitchen » se déguste, se savoure. C’est l’histoire d’un type qui veut monter un restaurant, ni « boui-boui », ni luxe, un truc pépouze et qui engage un cuisinier aussi talentueux que dingo, mode « agressif sur mes principes rapport à la bouffe ». Bien évidemment, ça part en vrille, pour notre plus grand plaisir. C’est punchy, c’est groovy, ça envoie de la super musique, ça vibre d’amour pour la cuisine et en plus ça fait passer un joli message sur la débrouille et les rêves de vie. Alléchant, non ?

La scène : quand on découvre à quel point le cuistot est fabuleusement dingue.

191. Le Monde de Nemo (Andrew Stanton et Lee Unkrich, 2003) :

"Sous l'océaaaaan... ah non mince, c'est pas ça".

« Sous l’océaaaaan… ah non mince, c’est pas ça ».

On n’enlèvera pas une chose à Pixar, c’est que leurs productions sont souvent des valeurs sûres. Si « Le Monde de Nemo » n’est pas le plus profond de leurs films (même si une variation grand public sur les difficultés de la paternité, c’est quand même pas si courant), ni le plus poétique, il n’est certainement pas le moins créatif, touchant ou entraînant. L’histoire nous embarque comme dans un courant, la galerie de personnages est super cool (keur, keur sur les requins repentis) et ça case son message sur le rapport des humains à la nature et aux animaux, tranquillou. Valeur sûre, on vous dit.

La scène : la mort de la mère de Nemo et de ses frères et sœurs est quand même super triste. Sérieusement, entre ça et Bambi, Disney/Pixar ont un problème avec le fait de niquer des mères.

190. Dupont-Lajoie (Yves Boisset, 1975) : 

Premier plan : jaune pisse.

Premier plan : jaune pisse.

On est pas obligé d’avoir passé un bon moment pour apprécier un film. Dans le cas de « Dupont-Lajoie », je mets d’ailleurs au défi quiconque d’être sorti de cette histoire en mode « youpi la vie ». Déprimant et malaisant au possible, ce coup de projecteur sur ce que la nature humaine peut avoir de plus dégueulasse vous donnera possiblement un peu l’envie de vous faire ermite. Ça commence par des saloperies banales et quotidiennes et ça finit en viol et actes racistes. « Les Bidochons » qui auraient mal tournés. Je conçois que ça ne donne pas vraiment envie, pourtant dans son illustration de la mécanique tragique de la connerie, le film est mémorable et les acteurs excellents dans des rôles vraiment pas évidents, notamment un Jean Carmet impressionnant. « Mort aux cons ? Vaste programme » disait De Gaulle en découvrant un tract de Mai 68 (profitez-en, c’est pas tous les jours que je cite De Gaulle).

La scène : L’imitation d’ « Intervilles » avec l’excellent Jean-Pierre Marielle.

189. Le Port de l’angoisse (Howard Hawks, 1947) : 

The Look.

The Look.

Les vieux films ont parfois un charme vaguement suranné, un peu dépassé, mais qui finit par vous emporter. C’est qui m’est arrivé avec « Le Port de l’angoisse » adaptation d’un bouquin qu’Hemingway considérait comme son plus mauvais (c’est son droit) sur les aventures d’un gars dans les Antilles pendant la 2nde guerre mondiale. La recette typique de l’époque est exploitée à fond, mais marche à plein avec un Atchoum Bogart en promenade tranquille, dans un rôle qu’il connait par cœur : le héros taiseux, diplôme « brun ténébreux » Un concentré de l’ambiance des films de l’époque, comme on en fait plus depuis longtemps. Et puis, surtout, il y a Lauren Bacall, sa beauté, sa classe. Et ça, ça fait la diff’.

La scène : La première rencontre entre Bogart et Bacall, couple mythique qui par ailleurs se détestait apparemment cordialement. Grand bien leur en fasse, la scène n’en est pas moins mémorable.

188. Avengers (Joss Whedon, 2012) :

En bombe avec la bande.

En bombe avec la bande.

En tant que cinéphile, je revendique être autant capable d’apprécier un cinéma contemplatif qu’un bon gros blockbuster des familles, pas de la même manière évidemment, mais tout de même, les deux peuvent me séduire. A condition, dans un cas comme dans l’autre d’ailleurs, qu’on ne me prenne pas trop pour un con, que je sache à quoi m’attendre au moment de commencer, que je sois un minimum lucide sur ce que je regarde durant le film et que ce soit bien fait. Dans la deuxième catégorie, celle dite du bon gros blockbuster des familles, « The Avengers » est un excellent exemple, un divertissement « pop-corn » qui s’assume comme il est, ni plus, ni moins : un divertissement populaire entièrement fait pour satisfaire aussi bien les hordes de fans des héros Marvel que les gens simplement en attente d’un grand spectacle. Dans un cas comme dans l’autre, je pense que les demandes sont comblées et le fun est présent. Et bien présent. Je n’ai toujours pas vu le suivant avec Ultron, mais les recommandations de mes amis ne m’y incitent pas vraiment.

La scène : Hulk contre Loki.

187. Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? (Robert Aldrich, 1962) : 

Grosse ambiance.

Grosse ambiance.

Le cinéma regorge de duels impressionnants, mais dans le genre, celui de « Qu’est-il arrivé à Baby Jane », sournois, insidieux, vicelard, lent, met la misère à nombre de confrontations tapageuses et explosives. La performance impériale des deux actrices principales (Joan Crawford et Bette Davis) y est pour beaucoup. Le pitch respire déjà en lui-même le malaise : une enfant-star ringardisée une fois adolescente se retrouve à s’occuper de sa sœur, devenue vedette de cinéma à l’âge adulte, mais dont la carrière a été interrompu par un accident qui l’a laissé paralysée. Evidemment, les rancunes, les jalousies, les souvenirs malsains des gloires passées vont faire dégénérer une relation déjà bien empoisonnée.  Crescendo mené de main de maître. Histoire d’en rajouter encore plus il parait que les deux vedettes du film ne pouvaient pas se blairer non plus à la ville. Sympa l’ambiance.

La scène : Celle où Baby Jane vieille essaye de nouveau les robes de quand elle était « enfant-star » tout en chantant de sa voix éraillée le chant qui a fait sa gloire. Malaise TV en prime-time.

186. Ben-Hur (William Wyler, 1959) : 

C'est des voitures de quatre chevaux fiscaux ? Lol, mdr !

C’est des voitures de quatre chevaux fiscaux ? Lol, mdr !

Dans l’univers des péplums, un genre pour lequel j’ai eu un appétit bref mais intense à l’adolescence et dont j’ai gardé une certaine tendresse pour ce type de productions de moins en moins en vogue, « Ben-Hur » provoque chez moi une bonne dose d’admiration. Une telle démesure, pour l’époque, est frappante. Encore aujourd’hui, la course de chars garde dans mes souvenirs un attrait, alors imaginez les spectateurs l’ayant découvert sur grand écran à sa sortie… Mais au-delà de la prouesse technique, « Ben-Hur » frappe aussi par la force de son histoire, un drame presque shakespearien de trahison et de vengeance. Si l’on ajoute à cela la légende qui voudrait que le réalisateur a mis en scène une tension homosexuelle a l’insu de l’acteur principal, Charlton Heston, qui n’aurait jamais voulu en entendre parler, cela rend le film encore plus intéressant.

La scène : plus encore que la course de chars, la terrible scène du camp des lépreux m’a beaucoup marqué.

185. Jeux Dangereux (Ernst Lubitsch, 1942) :

"Ciel, mon Führer !"

« Ciel, mon Führer ! »

Quand on pense film anti-nazi pendant la 2nde Guerre Mondiale, on pense Chaplin, mais Lubitsch, certes après deux ans aprés le coup de génie du « Dictateur », offrit au cinéma un autre classique ridiculisant le IIIéme Reich, à travers l’épopée d’une troupe de théâtre jouant « Hamlet » (le titre original est d’ailleurs « To Be Or Not To Be ») et qui se retrouve entraînée dans une opération contre les nazis. C’est savoureux comme tout, et certains moments sont même à pleurer de rire, comme celui du faux Hitler ou celui où le comédien au moment du célèbre monologue d’Hamlet croit qu’un spectateur quitte la salle parce qu’il est mauvais alors qu’il s’agit simplement d’un code préétabli pour une rencontre galante. Une scène comique classique parmi les classiques. Si vous cherchez une comédie en noir et blanc pour varier un peu du burlesque à la Chaplin ou à la Keaton, « Jeux Dangereux » est tout indiqué.

La scène : au milieu des instants comiques un très beau moment, lorsqu’un comédien ayant toujours rêvé de grands rôles et cantonné à celui du garde dans  « Hamlet » , récite le célèbre monologue de Shylock dans « Le Marchand de Venise»  qu’il a toujours rêvé de prononcer sur scène, au milieu des nazis. « Un Juif n’a-t-il pas des yeux ? »

184. The Rocky Horror Picture Show (Jim Sharman, 1975) :

"I'm sexy and I know it".

« I’m sexy and I know it ».

Les manières de découvrir un film sont parfois plus variés qu’on ne le pense. Certes il y a le sacro-saint canapé et toutes les manières de regarder chez soi. Bien sûr il y a la séance de cinéma classique et sa magie simple, toujours la même et en même temps toujours renouvelée. Et puis il y a parfois des expériences plus… étranges. C’est ainsi que je me suis retrouvé à regarder « The Rocky Horror Picture Show » dans un cinéma déchainé, animé par une troupe doublant le spectacle de l’écran d’un autre show haut en couleurs avec blagues de cul, imitations des costumes, jets d’eau sur le public, danse lascive sur un public décidément gaté et autres joyeuseries contribuant à faire de la séance un superbe bordel. Car pour ceux qui ne le savent pas, « The Rocky Horror Picture Show », mi OFNI (Objet Filmé Non Identifié), mi nanar sans qu’on sache vraiment si c’est assumé ou non, est un film qui bénéficie d’une armée de fans, dont certains se réunissent en troupe pour assurer à intervalles réguliers ce genre de représentations et permettre au film de ne jamais quitter l’affiche ! C’est super bon esprit, déjanté mais alors comme il faut, avec juste le nécessaire de provoc’, et ça change d’un visionnage classique ! Renseignez-vous, si vous habitez une grande ville, il y a sans doute une séance près de chez vous bientôt. Alors, certes, perso, vu que c’était la première fois que je voyais le film, je n’ai pas compris grand-chose à l’histoire au milieu du tumulte, mais j’ai l’impression qu’on s’en fiche un peu et en tout cas, c’était quand même trop cool.

La scène : Tout amateur du Rocky attend avec impatience la scène de la danse culte, le « Time Warp », avec sa chorégraphie que vous ne manquerez pas d’apprendre aussi si vous allez à une de ces séances foldingues.

183. Maman, j’ai raté l’avion & Maman, j’ai encore raté l’avion (Chris Columbus, 1990 et 1992) : 

Petit vicieux.

Petit vicieux.

L’amour qu’on porte à certains films ne tient sans doute qu’au fait qu’on les a vu à une certaine époque de notre vie. C’est sans doute le cas avec « Maman, j’ai raté l’avion », divertissement familial par excellence, que je n’ai aucune envie de revoir aujourd’hui de peur de le trouver au mieux niais, au pire vraiment nul. Mais bon, quand je l’ai vu gamin, je me suis régalé devant le déchainement si inventif du garçon oublié contre des cambrioleurs aussi bêtes que méchants, au point de mater le deuxième volet dans le même état d’esprit joyeux. Le côté sadique de l’enfance sans doute, tant une personne majeure trouverait cela gratuit et illogique, voire inconscient et méchant. Faut-il analyser tous nos goûts d’enfants à la lumière de nos yeux d’adultes ? Pas toujours. Alors je préfère rester sur cet excellent souvenir.

La scène : le livreur de pizza trompé par le son du film de western reste l’un de mes plus grands fous rires de spectateur enfant.

182. Dingo et Max (Kevin Lima, 1995) : 

Sapés comme jamais.

Sapés comme jamais.

Au rang des productions Disney injustement sous-estimés, « Dingo et Max » a sans doute la palme. Personne n’ira vous le citer parmi les plus belles réussites du studio, personne ne le citera d’ailleurs globalement jamais et pourtant, ce film sans prétention ne manque pas de qualités. Voir Dingo en héros / anti-héros d’un film à lui, plutôt qu’en side-kick benêt de Mickey, voilà qui est original et donne à ce personnage une valeur intéressante. L’histoire est la suivante : Dingo, convoqué au collège parce que son fils est un cancre, flippe à mort parce qu’un inquiétant directeur promet à son rejeton la chaise électrique s’il continue de faire des conneries (bon, maintenant, je comprends que c’était exagéré de ouf, mais à l’époque j’y croyais à fond). Et le voilà qui embarque son fils (le fameux Max, donc) dans un road-trip improbable pour le remettre dans le droit chemin, sans qu’évidemment tout se passe comme prévu (on parle de Dingo, quand même). Pourtant, au fil des épreuves, père et fils apprennent à mieux se connaître et à s’estimer. C’est une fable plus subtile et profonde qu’elle n’en a l’air sur la paternité et l’adolescence, franchement touchante à de nombreux moments. Et puis, voir un père courage tentant d’élever seul son gosse, jusqu’à ce que le « Monde de Nemo » arrive, c’était quand même pas si courant. A réhabiliter un max (lol) !

La scène : c’est loin d’être la scène à priori la plus marquante du film, mais l’hôtel avec les lits aquarium m’a fait rêver.

181. Men in Black I&II (Barry Sonnenfeld, 1997 et 2002) : 

Who let the dog out ?

Who let the dog out ?

On ne brille pas toujours par son originalité. A l’instar de beaucoup de personnes de ma génération, j’ai succombé au charme des Men in Black. Une recette basée sur l’alchimie nickel chrome entre Tommy Lee Jones et Will Smith, tous les deux taillés pour leurs rôles, une bonne grosse dose d’humour potache, une galerie de personnages délirants (rpz le chien qui parle), un objet pour effacer la mémoire qui facilite grandement la crédibilité du scénario (enfin jusqu’à un certain point) et deux fantasmes fameux : les agents en costards noirs et le « ils sont parmi nous » : voilà comment on obtient un bon gros succès public des familles. La formule marchera deux volets, avant de se cramer au troisième, arrivé trop tard pour réenchanter les fans et trop lié aux autres pour fédérer la new generation. Ou peut-être que MiB III était juste nul, je sais pas trop. Restent le duo de films de départ, parfaite illustration d’un combo gagnant de beaucoup d’adolescences : « pizza –films avec les potos ».

La scène : celle où un découvre la puissance du mini pistolet de Will Smith, aka l’une des meilleures armes sci-fi de l’histoire, non j’exagère pas, tu te calmes.

180. La Horde Sauvage (Sam Peckinpah, 1969) : 

Gun without roses.

Gun without roses.

Sam Peckinpah aime les histoires de salopards. Sam Peckinpah aime les mettre en scène un peu comme un salopard. Sam Peckinpah, parfois, aime bien quand son public devient un peu salopard. Bref, quand Sam Peckinpah tourne un western sanglant, ça donne un vrai film de salopards. Un jeu de massacre permanent, sale et plus ou moins gratuit. Y a quand même une histoire, mais je m’en souviens plus trop. Ca s’envoie des coups de feu du début jusqu’à la fin du film pour finir à la gatling dans le moins grand des calmes. Le film emmerde la morale et trimballe une fascination pour la violence assez dérangeante, ce qui le rend assez gênant à y réfléchir et pourtant, quand on le regarde, c’est tellement bien foutu tout ce bordel, c’est tellement bien mené, ça va tellement loin qu’on passe très vite le stade du dégoût pour rester fasciné par ce déchaînement. Un peu comme un Tarantino vraiment voyou, vraiment sale gosse. Un film de salopards quoi. A consommer en catharsis, un peu comme lorsqu’on met carton sur GTA.

La scène : quand ça part complétement en couille à la mitrailleuse à la fin du film, histoire de faire le truc à fond.

179. Rocky (John G. Avildsen, 1976) : 

"Tadada, tadadaaaaa !" Voilà, vous l'avez sans doute dans la tête.

« Tadada, tadadaaaaa ! » Voilà, vous l’avez sans doute dans la tête.

Je n’ai vu qu’un seul Rocky, le premier, je ne suis donc pas à même de juger le reste de la saga. En revanche, j’ai été très agréablement surpris de constater à quel point le film d’origine est un bon film. Vraiment. L’histoire du perdant magnifique, un thème porteur, y trouve une très belle illustration. C’est prenant, la musique est trop cool (bon, j’ai fait l’erreur de la mettre en réveil, donc maintenant je la supporte plus mais avant je la trouvais top) et on peut même y déceler un coté film social assez inattendu mais appréciable. Bref, jetez-y un coup d’œil, vous risquez fort d’être agréablement surpris. Pour les films suivants en revanche, je ne réponds de rien.

La scène : le combat de boxe, évidemment, qui tient incroyablement en haleine jusqu’à ce cri « Adrienne », qui, si on le caricature aisément après coup, nous arrache quand même sur le moment de bons gros frissons.

178. Les Aventures du Baron de Münchausen (Terry Gilliam, 1988) :

Cette image me rappelle quelque chose...

Cette image me rappelle quelque chose…

Beaucoup plus méconnu que les classiques de son réalisateur, « Les Aventures du Baron de Münchausen » comporte pourtant toutes les saveurs qui font les meilleurs Gilliam solo. A savoir une créativité incroyable, une bonne dose de folie, pas mal d’iconoclasme et un sens du visuel très singulier. S’il manque de la profondeur dans le scénario pour atteindre le niveau des plus grands films solo de l’ami Terry, « Les Aventures du Baron de Münchausen » est plus qu’à recommander pour quiconque est fan de la patte du bonhomme.  Très bon moment quasi garanti. Vous aurez aussi l’occasion de constater cette chose incroyable chez les films de Gilliam : leurs effets spéciaux et leurs décors ne vieillissent pas, parce qu’ils étaient déjà plus ou moins volontairement ringards à leur époque. Ne pas être dépassé en étant dès le départ dépassé : il y a du génie dans cette stratégie. Tout ceci respire une poésie à part et une excellente illustration de l’ambiance visuelle propre à la filmo’ de l’américain : on aime ou on aime pas (perso je kiffe bien, vous l’aurez compris), mais impossible d’accuser le type de ne pas être original.

La scène : sur la lune, où l’on croise un Robin Williams non crédité au générique (il ne voulait pas y être, pensant que le film serait un four. Je crois d’ailleurs que ce fut le cas et c’est bien dommage).

177. Timbuktu (Abderrahmane Sissako, 2014) : 

Un âne se cache dans cette image, saurez-vous le retrouver ?

Pendant que l’âne passe…

C’est un film important que « Timbuktu », d’autant plus dans l’époque où nous vivons. Un film qui ose affronter une réalité omniprésente médiatiquement, à savoir le fondamentalisme islamiste, en faisant le pari de la complexité. Récit de l’occupation d’une ville africaine par des djihadistes inspiré de la vraie occupation subie par Tombouctou au Mali, l’œuvre de Sissako ne cherche pas particulièrement le choc, malgré certaines scènes très violentes. Sa dénonciation n’en est pas moins forte. Son objectif, déconstruire la folie du fanatisme par d’autres biais, comme l’humour ou la poésie, est puissant. Ensuite, en désacralisant la figure du djihadiste afin de la débarrasser de nombreux fantasmes, le réalisateur malien frappe fort sans rien dédramatiser ou excuser. Dans « Timbuktu », les fondamentalistes, tous monstres qu’ils sont, sont avant tout de pauvres êtres humains. C’est évidemment troublant mais ça rend le propos à mon sens d’autant plus profond. Il y aussi en face d’eux des personnages incroyables, qui offrent des instants de grâce quand leur liberté semble gagner malgré tout. Et pour ne rien gâcher, la réalisation est excellente avec notamment une photographie hallucinante de beauté dans le jeu des lumières.

La scène : celle du foot sans ballon, sans doute l’une des plus sublimes que j’ai vu au cinéma, belle à en pleurer.

176. Restless (Gus Van Sant, 2011) : 

C'est meugnon.

C’est meugnon.

Vous aussi, sans doute, vous avez des films que vous aimez beaucoup et dont vous savez qu’ils ne seront jamais reconnus à la valeur que vous leur portez, ni par le public, ni par la critique. Ce ne sont pas des plaisirs coupables, simplement des films qui ne font pas assez de bruits pour atteindre la renommée, dans un sens trop modeste pour être des classiques, mais qui n’en gardent pas moins d’immenses qualités.  Certains films sont faits pour être des bijoux discrets. « Restless » est à mes yeux l’un d’entre eux. Cette tendre histoire d’amour entre deux jeunes gens fascinés par la mort avec au milieu le fantôme d’un pilote japonais (et pourquoi pas ?) se révèle être une très belle œuvre, originale et gentiment iconoclaste. Il y flotte un parfum troublant mais aussi rafraîchissant, tant de grands thèmes comme l’amour, la jeunesse, la vie, la mort y sont présentés sous une lumière peu commune. Gus Van Sant réussit une entreprise difficile en ne rendant son film ni trop simpliste ni gratuitement provocateur, juste ce qu’il faut d’attachant pour le rendre triste et beau, beau parce que triste et beau malgré la tristesse. Mention également à une très belle interprétation de la part de tout le casting.

La scène : celle où le personnage principal parle à la personnage principale de son ami le pilote japonais fantôme.
See you soon pour la suite les loulous !

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Suite et fin du classement.

5- Moi, Daniel Blake.

Fight the power.

Dignité.

Dignité.

N’en déplaise aux cyniques, n’en déplaise aux découragés qui, les uns comme les autres, nous les brisent quand même pas mal, « Moi, Daniel Blake » mérite sa palme d’or. Oui, le film a ses défauts : les bons sentiments y manquent parfois de subtilité et Ken Loach a une fâcheuse tendance à angéliser le prolétariat, mais il n’empêche. « Moi, Daniel Blake » est un film nécessaire. Un cri du cœur, un cri des tripes qui fait du bien. C’est une histoire dont on a besoin. Dans une époque de moins en moins empathique, de plus en plus froide, c’est un appel à la résistance. Une oeuvre à mi-chemin entre un manifeste socialiste et une bonne vieille chanson des Clashs. Un film où Ken Loach prouve encore son incroyable capacité à sortir de nulle part des acteurs extraordinaires capable de porter, par leur fraîcheur, par leur jeu ou encore, n’ayons pas peur de le dire, par leur naturel, son discours de réalisme. « Moi, Daniel Blake », avec intelligence et flamme, provoque l’empathie en évoquant des tracas administratifs que l’écrasante majorité d’entre nous connaissent au moins en partie, dénonce avec rage cette culture nauséabonde de la suspicion généralisée, de l’infantilisation, du conformisme borné. « Moi, Daniel Blake » nous touche avec une immense force quand il présente, dans une scène incroyable, le quotidien des aides alimentaires. « Moi, Daniel Blake » dénonce avec une ardeur énorme ce système qui a oublié l’humain, ce système parfois ridicule et si souvent injuste, ce système où la peur de perdre son travail et de ne pas obéir aux procédures et aux régles rend fermé, ce système où les plus pauvres ne se confrontent dans leur démarche qu’à des gens à peine moins pauvre qu’eux, où est visé rarement quoi que ce soit de réellement responsable. « Moi, Daniel Blake » appelle à se battre, avec ses moyens, et de toute les façons possibles, avec parfois tout ce que cela comporte de risques. « Moi, Daniel Blake » montre que ce système là, que cette culture là, n’a rien de toute puissante, malgré tout, malgré une fin triste à en pleurer à grosses et chaudes larmes. Malgré tout, la lutte, malgré tout, l’espoir.

4- Mademoiselle. 

Young Girls après Old Boy.

"C'est ici pour le monopoly ?"

« C’est ici pour le monopoly ? »

Après reçu l’une de mes plus grosses claques cinématographiques avec « Old Boy » (à ce niveau là, on pourrait même parler de « grosse tarte dans la gueule »), l’annonce d’un nouveau film de Park Chan-Wook encensé par la critique provoqua chez moi une excitation trépidante level…level beaucoup, beaucoup. Une bande-annonce alléchante acheva d’augmenter mon impatience. Bon, disons-le tout de suite, « Mademoiselle » n’est pas arrivé dans les mêmes hauteurs qu’ « Old Boy ». Il faut dire que la barre était très haute. Aussi bizarre que cela puisse paraître, je dois même dire que ce n’est que maintenant, des mois après la projection, que je commence à l’apprécier. Sur le moment, tout en lui reconnaissant d’indéniables qualités, je l’ai surtout trouvé… désarmant. Avis donc à ceux qui auraient envie de s’y plonger : pour passer un agréable moment il faut avoir une certaine tolérance au bizarre (moi j’ai dit bizarre ? Comme c’est bizarre). Cette remarque est d’ailleurs souvent de mise lorsqu’on s’attaque à ce cinéma sud-coréen aussi fucked up que sa société est restrictive (coindidence ? Je ne crois pas). Ici, « Mademoiselle » nous emmène dans un univers de manipulation et de perversion où l’on retrouve littérature érotique, escrocs, sociologie des relations entre populations asiatiques dans les années 30, objets sado-masos et grosse pieuvre, entre autres ingrédients. Sacré cocktail, non ? Et si les scènes lesbiennes de « La Vie d’Adèle » n’ont pas été de votre goût, vous pouvez passer votre chemin. Car outre l’érotisme dans la culture asiatique et les jeux de dupes (les deux autres principaux thèmes du film), « Mademoiselle » parle aussi, beaucoup, de l’amour entre femmes avec pour seul militantisme de vouloir montrer cette sexualité sur le même pied que l’univers hétéro. Mine de rien, c’est déjà beaucoup. Ajoutons à cela un casting génial, une réalisation immense de maîtrise et surtout un hallucinant sens de l’image pour permettre à Park Chan-Wook de confirmer que même sans atteindre un nouveau sommet, il sait plus que jamais défendre une patte avec une singularité résolue et un talent de fou furieux.

3- Avé César !

Mort de rire te salutant.

In the navy.

In the navy.

Au cinéma, il y a pour moi mes « goûts », c’est à dire ce que j’aime ou pas, et mes « avis », c’est à dire mes jugements où j’essaye d’être un peu plus objectif (sans l’être véritablement, évidemment, car c’est impossible). Sur ce blog, c’est principalement de mes « goûts » dont il est question, mais ils sont souvent mêlés d’ « avis » ne serait-ce que parce que j’essaye d’argumenter (vous suivez ?). Et je dois bien le reconnaître, si je pense avoir des « goûts » un peu plus singuliers que la moyenne, mes « avis » cinématographiques vont eux rarement drastiquement à contre-courant de l’opinion générale cinéphile. Par exemple, si je ne les adule pas tous, je respecte à peu prés tous les classiques du cinéma unanimement reconnu. Mais il y a des contre-exemples. Parfois, sans le faire exprès (ce serait quand même du sacré snobisme), je soutiens ce que nombre de gens détestent et je descend en flèche ce que nombre de gens adorent, souvent avec un désaccord extrêmement fort, histoire de ne pas faire les choses à moitié. Quand cela se produit, ça me rassure sur le fait que mon esprit critique est encore un tant soit peu indépendant. Et c’est exactement ce qui s’est visiblement produit avec « Avé, César ! ». Alors que le film pointe à une note agrégée de 2,6 sur Allo Ciné, comme une vulgaire adaptation française de BD, le nouveau Coen tape podium dans mon classement, et il ne s’agit pas d’un plaisir coupable. En plus, je ne pardonne pas tout aux frérots comme le montre « A Serious Man » duquel je suis sorti avec un sentiment furieux de lire « A la recherche du temps perdu » histoire d’avoir des conseils sur le sujet (blague France Culture, bonjour)… Mais « Avé, César ! » n’en déplaise à ses détracteurs, quel pied ! Pourtant, lors du visionnage, un problème de non prise en compte de réservation, m’avait placé sur les escaliers du cinéma avec les compères qui m’accompagnaient. Autant dire que je n’étais pas dans les meilleurs conditions pour « rentrer » dans le film. Mais malgré tout, il fut pour moi une délicieuse friandise. C’est sans doute la première fois que je sors d’un endroit tout à la fois heureux et en ayant mal aux fesses (allez-y, c’est pour vous, faites vous plaisir). « Avé César ! » est un exemple de tout ce que l’esprit Coen peut engendrer de meilleur dans la satire, les personnages décalés, les situations ridicules, les dialogues absurdes, avec un goût prononcé pour les moments savoureux. Le pastiche de l’époque est délicieux, les parodies hollywoodiennes hilarantes. Les acteurs sont merveilleux : que ce soit les vieux briscards de la filmographie Coen (Frances McDormand, Josh Brolin, George Clooney, ici plutôt Clowney, mdr), ceux dont on n’entrevoit que trop rarement un talent comique pourtant indéniable comme Ralph Fiennes ou Tilda Swinton (au bon souvenir de « The Grand Budapest Hotel ») et ceux pour lequel on le découvre (Channing Tatum, hilarant, Scarlett Johansson et la révélation Alden Ehrenreich, impayable en acteur de western bankable et qui réussit l’exploit d’être le personnage le plus drôle du film).  Le résultat ? « Avé, César ! » fut pour moi un tel délice, que je le place probablement sur mon podium personnel des films Coen au coté de « True Grit » et « No Country For Old Men ».  Deux podiums pour le prix d’un, c’est dire.  Et, avant que les fans ne s’emballent, oui « Fargo » et « The Big Lebowski » sont d’excellents films, mais ils n’entrent pas dans mes préférences subjectives. C’est là un bel exemple de la différence que je fais entre « goûts » et « avis ».

2- Premier Contact.

Quand Google Trad ne sert plus.

"Pour un scrabble, ça va être galère".

« Pour un scrabble, ça va être galère ».

Y a tout de même un truc incroyable avec les extraterrestres. Soit, par un miracle inexplicable, les types parlent anglais de base (genre la galaxie de Star Wars, où Shakespeare a visiblement fait un p’tit road-trip) soit ils apprennent une langue humaine oklm en deux temps, trois mouvements (coucou E.T), soit on comprend rien à ce qu’ils jactent et la plupart du temps, on s’en meule les noix vu qu’on est trop occupé à leur dézinguer la tronche pour éviter qu’ils ne nous défoncent (« La Guerre des Mondes », « Mars Attack ! », la liste est longue). Mais au fond, dans la science-fiction, on se pose rarement profondément la question de la co-mun-ni-ca-tion. Sauf dans « Premier Contact » où la problématique centrale est la suivante : comment se faire comprendre d’une forme de vie ayant un système d’expression drastiquement différent du notre. Car souvent, on plaque sur la vie extraterrestre notre propre rapport au monde : un langage articulée, une position majoritairement bipède, un système corporel souvent organique… L’intelligence du film de Villeneuve est de se dire : et si les extraterrestres étaient VRAIMENT différents de nous ? S’ils avaient un rapport au langage, à l’espace, au temps COMPLÈTEMENT à part de tout ce que nous connaissons sur terre (majuscules vénéres, le retour). C’est une question intellectuellement passionnante, mais le coup de génie de Villeneuve est d’en faire un film passionnant, en sacrifiant le moins possible l’intelligence au spectacle, et vice-versa. Son deuxième coup de force : croiser avec une très belle finesse drame personnel intime et grand événement universel, un exercice cinématographique périlleux. Pour cela le canadien s’appuie sur des ressources d’une incroyable richesse : sens du rythme, maîtrise énorme dans la réalisation, musique aussi étrange qu’adaptée et surtout une sublime photographie (je suis un fan absolu de « La La Land », mais les Oscars ont vraiment merdé en ne récompensant pas « Premier Contact » sur cette catégorie), autant d’éléments permettant à Villeneuve d’exprimer sa plus grande qualité, à savoir sa capacité à installer une ambiance extrêmement forte dans ses films. Après le réussi « Incendies », après l’excellentissime « Prisoners », ce cher Denis confirme sa place parmi mes chouchous actuels. Après une entrée aussi réussie dans la science-fiction, c’est peu dire que j’attend avec impatience sa suite de « Blade Runner » et son adaptation de « Dune », pour confirmer que ce mec, dont la progression semble irrésistible, est vraiment un très grand.

1- Les Ogres. 

Faim de vivre.

"Ce n'était pas le radeau de la méduse ce bateau, qu'on se le dise".

« Ce n’était pas le radeau de la méduse ce bateau, qu’on se le dise ».

Mais quelle merveille, ce film. Un énorme concentré de vie où l’on peut boire de l’émotion, sans filtre et sans diluant. « Les Ogres », c’est l’histoire d’une troupe de théâtre itinérante inspirée de celle des parents de la réalisatrice Léa Fehner, qui parvient à jongler incroyablement entre autobiographie et fiction. « Les Ogres » ce sont les membres de cette troupe, affamés d’aventures et de passions, dévoreurs insatiable de l’existence, cannibales d’eux-même parfois, monstrueux dans tous les sens du terme, positifs comme négatifs. Des gens qui brûlent et qui se brûlent, mais qui illuminent aussi, parfois, beaux et dangereux comme le feu. « Les gens raisonnables ont trop de doutes, pleins de soucis, donc moins de souvenirs dans leur sac à la fin de leur vie », chantait Mickey 3D. « Les Ogres » n’ont rien de raisonnable. Ils vivent la vie en majuscules. En trop oui, mais souvent, mieux vaut trop que pas assez. « Les Ogres » nous redonnent l’envie des passions extrêmes et libres, malgré les risques, malgré les erreurs. Car ils en font bien sur, comme nous tous mais les leur, même si elles résonnent plus pour le meilleur et pour le pire, sont aussi ce qui donne à la vie sa saveur. « Les Ogres » sont pris dans le tourbillon de la vie et savent qu’elle est unique. « Les Ogres » chantent l’humilité, mais poursuivent les étoiles, en écho à cette magnifique chanson de Brel : « La Quête ». Les personnages ? Magnifiques et surtout d’une complexité immense, humaine. Les acteurs qui les incarne ? Les qualificatifs manquent pour qualifier leur performance. Ahurissante, belle, touchante, extraordinaire, oui, tout cela à la fois et encore bien d’autres choses. « Les Ogres », c’est une succession d’instants de grâce. Le film dure 2H22 minutes et il n’y a rien à jeter. Certes il ne passe pas vite (comment pourrait-il avec une telle densité ?) mais à aucun moment ne vient l’ennui. Définitivement un film entier. Je ne crois pas aux obligations, faites-en donc ce que vous voulez, mais franchement, croyez-moi, si vous aimez le théâtre, je vous conseille « Les Ogres » car, à mon sens, on a rarement vu représentation aussi belle de cet univers au cinéma. Mais ce film n’a rien de réservé aux amoureux du théâtre et je conseille à tout le monde de le découvrir, car quand on atteint l’art comme dans cette oeuvre, on touche à la vie et je veux croire qu’on se rapproche de l’universel. Merci à Léa Fehner pour ce monument qui augure, je l’espère, d’une grande carrière où seront préservées cette singularité et cette prise de risque bienvenues. Merci, vraiment. En sortant de la séance au printemps dernier, alors que l’année était encore longue, je m’étais dit en pensant un instant à mon classement annuel : « pour détrôner ce film, il va falloir faire très fort ». A peu près un an plus tard, il est toujours premier et, sans rien enlever à la qualité que je trouve aux autres productions du classement, il n’y en a pas une qui le concurrence réellement à mes yeux et dans mon cœur.Voilà, c’est tout pour 2016, je vous dis probablement à l’année prochaine !
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Wesh.

10- Manchester by the sea.

Casey, à fleur de peau. 

Tonton, les p'tits bateaux.

Tonton, les p’tits bateaux.

En sortant de « Manchester by the sea », j’ai eu une impression étrange, qui ne m’arrive quasiment jamais, un sentiment sans doute un peu idiot mais que je ne peux m’empêcher de partager. Je me suis dit : « tu n’as pas assez vécu pour apprécier à plein ce film ». Comme si les vents de l’existence ne m’avait pas assez marqué pour vraiment entrer en empathie avec cette histoire. Bien sûr, c’est en partie stupide comme raisonnement : s’il fallait avoir vécu la guerre pour apprécier les films de guerre, ça se saurait, et de même, expérience n’est pas toujours mère de raison. Mais pour « Manchester by the sea », je n’ai pas pu m’empêcher d’y penser. A raison, à tort ? No sé. Toujours est-il que j’ai eu du mal à rentrer pleinement dans cette oeuvre. Je suis resté en observateur rationnel lors du visionnage, quand mon plaisir de spectateur le plus grand est au contraire de me laisser entraîner à fond dans un film, pour ensuite faire surgir la réflexion. Pourtant, « Manchester by the sea » parvient à entrer dans mon top annuel, pour deux fortes raisons. La première, c’est sa subtilité à décrire avec une extraordinaire minutie l’exclusion d’un homme, en nous la faisant comprendre et ressentir morceau par morceau. La deuxième c’est pour avoir permis à cet acteur génial qu’est Casey Affleck d’accéder enfin à la reconnaissance qu’il mérite. Depuis son incroyable composition dans « L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford », je ne cesse de clamer à qui veut l’entendre à quel point son talent est grand. Au sein d’un casting impeccable, c’est donc ce rôle de damné, glacial en apparence mais cachant la plus brûlante des fièvres (à l’image du film), cette interprétation à vif exploitant au mieux son charisme animal à la Mitchum qui l’aura montré aux yeux de tous, au point de lui offrir un Oscar mérité. C’est parfois agréable, mine de rien, de se dire « je vous l’avais bien dit ».

9- Toni Erdmann.

Ach, l’humour.

"C'est mon jardin que vous voyez derrière, pas mal non ? C'est roumain."

« C’est mon jardin que vous voyez derrière, pas mal non ? C’est roumain. »

Une comédie, « Toni Erdmann » ? C’est un peu court, jeune homme. Une comédie acide alors, amère même. Il paraît que l’humour, c’est « la politesse du désespoir » et que bien souvent le rire n’est jamais aussi beau que lorsqu’il se substitue aux larmes. « Toni Erdmann » en est un  bon symbole. Derrière le rire affleurent ici, perçants, la critique sociale, le drame familial. C’est là que le film cherche à frapper, avec un mélange troublant de douceur et de force. La scène des cupcakes au sperme (oui, oui) en est un excellent exemple, à la fois ultra violente et extrêmement calme. Et d’ailleurs, on rit peu, devant « Toni Erdmann », ou alors jaune, presque gêné. Beaucoup de scènes sont fortes, touchantes, mais drôles ? Pas si sûr. On pourrait presque dire que ce qui rend le film de Maren Ade si singulier est sa posture de comédie qui esquive le rire. La majorité du temps, on le promet au spectateur, et au dernier moment, on le remplace par autre chose, pour mieux le chambouler. Pour autant « Toni Erdmann » n’est pas anti-rire. Simplement, il le préserve, le réserve pour le bon moment et quand il vient enfin, c’est une véritable explosion, une cascade, un torrent. Jubilatoire, jouissive, ahurissante, géniale, les qualificatifs sont nombreux à l’heure de décrire cette scène de la fête d’anniversaire naturiste (oui, oui bis) vers la fin du film. C’est tout simplement l’un de mes plus gros fous rires au cinéma. Alors oui, « Toni Erdmann » a ses longueurs, son manque de rythme. Mais rien que pour cette scène-là, rien que pour ses deux acteurs principaux épatants de subtilité dans la construction de cette relation pére/fille, il mérite le détour.

8- La Tortue Rouge.

Ghibli Orange.

C'est beau, non ?

C’est beau, non ?

Un dessin-animé sans dialogue réalisé par un néerlandais et produit par le studio Ghibli : voilà une carte de visite pour le moins propre à exciter ma curiosité. Dire qu’elle fut satisfaite par le visionnage, c’est peut-être s’avancer un peu. Car « La Tortue Rouge » est un film curieux, aux allures de conte initiatique enivrant et écologiste. Tout y est à la fois d’une simplicité tranquille et paradoxalement, d’une complexité subtile. L’histoire d’abord : la parabole de la vie d’un homme est limpide et les métaphores comme les symboles ne se veulent pas particulièrement obscurs. Pourtant, au générique, on garde comme un goût étrange en bouche à la fin : malgré toutes ces évidences, a-t-on vraiment tout compris ? Sans doute pas, car à la logique, à la raison, « La Tortue Rouge » préfère le monde du rêve et de l’émotion pure, avec tout ce que cela comporte de mystère. Ensuite, il y a ces dessins, ces magnifiques dessins, tout à la fois épurés « à la japonaise » et reflet d’un travail d’une minutie hallucinante. Rarement a-t-on vu (à part peut-être dans certains plans de Miyazaki) le dessin animé se rapprocher autant de la peinture. Les images de « La Tortue Rouge » sont d’une beauté à couper le souffle, tout à la fois aquarelles et estampes, réalistes et oniriques et encore d’autres choses que le profane des arts plastiques que je suis ne peux qu’entrevoir. Et quand viennent sur cet ensemble de poésie douce, se greffer une musique sublime et des crabes drôles et touchants, on arrive à une oeuvre qui apportent une nouvelle et solide pierre à la lutte menée par le dessin animé pour obtenir le respect artistique qu’il mérite et qu’il est en passe de définitivement gagner. Il était temps…

7 – Demain.

C’est pas si loin.

Jeu de l'oie.

Jeu de l’oie.

« Demain » (sorti en 2015, mais que j’ai vu au cinéma en 2016) est un petit miracle. C’est en effet probablement le seul film que j’ai vu de ma vie à valoir mieux, à mon sens, que ses auteurs. Oui, je sais, c’est étrange, et pourtant… Je m’explique. Mélanie Laurent et surtout Cyril Dion ont beau être insupportables dés qu’ils se mettent en scène à l’écran (sérieusement, qui en a quelque chose à carrer de voir l’équipe du film traverser un passage clouté en mode Beatles ?), ils ne parviennent pas pour autant à ruiner leur film. Certes, ne soyons pas de mauvaise foi, le mérite de « Demain » leur appartient malgré tout, mais c’est presque comme s’ils avaient été à la limite de gâcher toute une belle entreprise juste par de la niaiserie sirupeuse et du trip égotique. Franchement ça aurait été dommage. Certes, le film a son côté simpliste, réducteur, inévitable dans ce genre d’entreprise. Certes, dans son ambition de montrer ce qu’il est possible de faire autrement, il évacue beaucoup des difficultés concretes de mise en application. Mais ne soyons pas rabats-joie. « Demain » n’est pas un film parfait, mais il n’en reste pas moins nécessaire. Parce que les grandes thématiques choisies par le film sont justes. Parce qu’il est intelligemment construit. Parce que, même s’il n’est pas révolutionnaire pour ceux qui s’intéressent au développement durable, il a le mérite de mettre dans la lumière « grand public » des exemples, des idées intéressantes. Parce que « Demain » veut s’adresser à tout le monde sans mépris ni dogmatisme. Parce qu’il essaye d’être synthétique dans le bon sens du terme, et pédagogique. Parce que « Demain » a compris une chose essentielle : l’écologie, dans notre monde contemporain, c’est aussi une affaire de storytelling. Parce qu’il prend le pari essentiel de parler du positif, du possible, plutôt que du négatif et des risques. Au final, c’est cela que l’on retiendra, non les sourires hallucinés de Mélanie Laurent. Et c’est tant mieux.

6- Zootopie.

La Vie Privée des Animaux.

Ce bon vieux Flash.

Ce bon vieux Flash.

Bien que, comme la majorité des gens de mon âge, le combo Disney/Pixar occupe une place importante dans ma mythologie cinéphile, je ne suis pas fan au point de me rendre chaque année (oh le sacrilège !), dans les salles obscures pour découvrir leur nouvelle fournée animée, servie avec une régularité d’horloger par ces studios. C’est encore plus vrai pour les purs Disney, dépassés par Pixar en terme de potentiel à mes yeux : « Raiponce » mis à part (avec déjà Byron Howard en partie aux manettes), car vraiment plaisant et intéressant, je leur reconnais une maîtrise dans le dessin, dans le storytelling, mais il leur manque souvent un supplément d’âme pour passer du classique « Disney », typé produit de marque, au classique tout court. Bref, c’est bien fait, mais sans plus. Ce qui explique en partie pourquoi « Zootopie » est le seul film de ce classement que je n’ai pas vu au cinéma. Il a fallu une intense campagne de lobbying de deux de mes colocs succédant à une palanquée de bonnes critiques presse et spectateur sur AlloCiné pour que je m’y mette. Et mine de rien, il fait parfois bon être influencé (j’ai bien dit parfois) car « Zootopie » fut pour moi une très agréable surprise : personnages principaux charismatiques, personnages secondaires plein de trouvailles, humour et clin d’oeil amusant, histoire prenante, détails plutôt inventifs et chanson phare entraînante (#TeamTryEverything, nique « Libérée, Délivrée »), tout y est pour passer un bon moment. Mais le plus surprenant, c’est la force du discours de tolérance du film, vraiment sensible et efficace. A l’heure où ce débat prend de l’ampleur, on pourrait même presque voir dans « Zootopie » un film un chouïa anti-spéciste. Bon ok, c’est sans doute aller bien trop loin. En tout cas pour Disney, c’est vraiment un très bon cru.

La suite du classement arrive très vite !

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Mes films préférés de 2016 : avant propos et mentions spéciales /filmspreferes2016avantproposetmentions/ /filmspreferes2016avantproposetmentions/#comments Thu, 06 Apr 2017 15:21:27 +0000 licontinovich /?p=622 Continue Reading ]]> Il est encore plus difficile pour moi qu’à l’accoutumé de juger de manière globale cette année cinématographique. Une fois n’est pas coutume, je me suis peu aventuré dans les salles obscures au cours de 2016.  De plus, non seulement j’ai regardé peu d’oeuvres, mais rares sont celles à m’avoir transcendé. Année en creux ? Difficile à dire. J’ai loupé beaucoup trop de films unanimement célébré pour avoir un avis réellement pertinent.

« Mais alors, tu es en train de parler pour ne rien dire ? »

Alors déjà, qui êtes-vous, que faites-vous sur mon blog et d’où vous permettez-vous de me tutoyer ? Non mais oh ! Et puis sachez que non, pas d’inquiétude, Gertrude (si vous me permettez de vous appeler Gertrude). J’ai quand même un bon gros top 10 des familles à présenter, disons simplement que la sélection et la réalisation dudit top auront été à la fois plus facile (vu le peu de films visionnés) et difficile (pour qu’il puisse avoir un minimum de sens niveau exigence) que d’autres années. Bref, de toute façon, comme j’ai mon petit côté chieur/troll/canaille, on ne va pas commencer le top dans cet article.

« Oui, donc c’est ça, t’as dit tout ça pour au final parler de tout à fait autre chose ? »

Ta gueule, Gertrude. Non, je ne vais pas parler de « tout à fait autre chose », je vais simplement, avant mon top 10, m’arrêter un moment sur cinq mentions spéciales. Cinq films qui, pour diverses raisons n’ont pas leur place dans ma sélection, mais dont j’avais envie de parler quand même. Parce que c’est mon blog et que je fais ce que je veux.

Mention « Bonne surprise » : Les Animaux Fantastiques.

"C'est du cuir véritable ?"

« C’est du cuir véritable ? »

C’est peu dire qu’en allant voir « Les Animaux Fantastiques », je ne m’attendais pas à une merveille. Pour moi, ce film existait pour une seule et principale raison : ARRACHER ENCORE DU FRIC AUX FANS D’HARRY POTTER (j’aime bien mettre des majuscules vénères comme ça, sans prévenir). J’avais décidé malgré tout de participer consciemment à cette entreprise vampirique, tout simplement parce que ce soir là j’avais envie de me vider la tête devant un film « pop-corn », sans pour autant devoir m’abaisser jusqu’à me taper un Michael Bay (coucou Michael, tu vas bien ? Ca faisait longtemps que je t’avais pas envoyé un p’tit scud, ça m’avait manqué). Alors va pour « Les Animaux Fantastiques ». Hé ben, croyez moi ou pas mes p’tits loups mais au final, j’ai passé franchement un bon moment. Alors certes, y a pas de quoi hurler au chef d’oeuvre de divertissement, mais ça reste de très bonne facture. D’autant plus pour un truc réalisé par ce jambon de David Yates, qui s’est quand même signalé sur la saga Harry Potter par une prise de risque artistique proche du néant. Mais bon ici, ça passe bien, peut être parce que l’essentiel est ailleurs que dans la réalisation. Pourquoi ? Parce que les personnages sont assez originaux et subtils, une mode de plus en plus présente dans les gros blockbusters familiaux (coucou « Star Wars VII ») et qui fait du bien. Parce que lesdits personnages sont joués avec saveur et sensibilité par un casting d’acteurs plutôt habitués au cinéma indépendant (ça aussi, ça à tout d’une bonne idée). Et parce que JK Rowlings est au scénar’ et on a beau dire, mais la meuf n’a pas écrit la saga littéraire la plus populaire des dernières années, si ce n’est de l’histoire, par hasard. Ji Kay a un talent indéniable pour trouver de bonnes idées, rarement révolutionnaire, mais souvent trés fortes. L’obscurus en est sans doute le meilleur exemple, et peut même se targuer de lancer une réflexion plus profonde qu’il n’y paraît sur le refoulement. Bref, qu’on en veuille à mes sous, soit, mais pour peu qu’on soigne assez bien le taf’ et que j’en sois conscient, je dis pourquoi pas. Rendez-vous pour le prochain film.

PS : Pour rester dans les « spins-off » de saga, certains se demanderont peut-être ce que j’ai pensé de Rogue One. Je dirai « pas mal, sans plus ». Certes, la toute dernière scène avec Dark Vador est juste ouffissime et représente probablement l’un de mes plus grands plaisirs de cinéma. Certes, le film est très beau visuellement. Mais il met aussi quarante années lumières à démarrer et on se contrefout franchement du destin de tous ces personnages auquel on arrive pas à s’attacher par manque de temps, et aussi de charisme (déso, pas déso). Le plus grand mérite de Rogue One se trouve sans doute dans l’idée très forte de montrer que dans une saga comme Star Wars, il n’y a pas eu que des héros, mais aussi des petites mains qui ont fait l’histoire. En terme de réflexion, c’est passionnant. En terme de cinéma, moins (déso, pas déso bis).

Mention « Déception » : The Revenant.

Très très NRV !

Très très NRV !

Mettons les choses au clair tout de suite : oui, « The Revenant » est un bon film. Non, je n’ai pas passé un mauvais moment. Mais ça, je m’en fout. Je ne voulais pas un bon film. Je ne voulais pas un bon moment. Je voulais passer un moment de taré mental. Je voulais un film de fou furieux. Après Birdman, avec une telle équipe à la réalisation, avec une telle ambition artistique, ce film aurait dû finir premier de mon top, à l’aise, fingereuh in the nozeuh. Mais non. Ah ça, c’est propre, c’est pas le problème. Les plans sont magnifiques. La réalisation atteint un sommet de maîtrise. La photographie est à tomber. La scène d’ouverture en plan séquence est une dinguerie. Mais derrière il n’y a rien. Rien à part Léonardo Di Caprio qui bave (j’exagère à peine). Le scénario tient sur une feuille de papier à cigarette et échoue complètement à acquérir une transcendance à la manière, par exemple, d’Apocalypse Now, autre film à ambition monstrueuse sur le voyage d’un homme dans une contrée hostile. Peut-être, parce que contrairement au film de Coppola, celui d’Inarritu n’est pas vraiment parti en couille au tournage, peut-être pour d’autres raisons, il manque clairement d’un souffle, d’un supplément d’âme. Quand à Di Caprio, il joue très bien le mec qui souffre, mais avoir donné son seul oscar à cet acteur de génie pour cette performance qui n’est clairement pas ni sa plus subtile, ni sa plus profonde, en bref, certainement pas sa plus aboutie, c’est un peu du foutage de gueule. A mon sens, et Léonardo nous l’a prouvé dans de nombreux autres films, le jeu d’acteur c’est un peu plus que de la frénésie, de la souffrance, de la bave et des yeux hallucinés. Mais bon, l’Académie aime par dessus tout et les gens qui perdent/gagnent du poid, et les gros masochistes, alors Di Caprio qui tourne vraiment à poil dans la neige, ça leur a paru super cool. Grand bien leur en fasse. Moi, en attendant je me suis retrouvé à regarder une version longue des « Malheurs de Léo », dans une surenchère devenant presque gratuitement sadique, car justifié par du vent, mais avec de zoulis images. C’est déjà ça, mais avec une telle promesse, j’attendais plus. Bien plus.

Mention « Franchement, presque » : Les Huit Salopards.

"Not a warning, not a question... a bullet" (extrait de la meilleure punchline du film dans un film qui en compte tout de même quelques-unes).

« Not a warning, not a question… a bullet » (extrait de la meilleure punchline du film dans un film qui en compte tout de même quelques-unes).

La nouvelle réalisation de ce fripon de Tarantino échoue à deux doigts de mon top 10. En faveur y avait : des scènes d’anthologies, sans doute parmi les meilleures du cinéma de Quentin, Samuel L. Jackson, Jennifer Jason Leigh, le reste du casting, des grosse punchlines comme on les aime, Samuel L. Jackson, une musique originale d’Ennio Morricone (coeur, coeur), un carnage final de voyou, Samuel L. Jackson et encore un peu de Samuel L. Jackson. Contre y avait : une morale comme toujours chez Tin-Quen ambiguë, mais cette fois de manière un peu gênante, des grosses grooooosseeees longueurs, notamment au début, et surtout un style qui a l’air d’avoir perdu de sa magie, comme si on connaissait déjà la recette, comme si cela n’arrivait plus à nous surprendre, comme si certaines choses viraient au gratuit, au plaisir personnel, comme si Tarantino faisant du Tarantino, ça ne suffisait plus, à l’image de ces musiques qu’on a écouté en boucle parce qu’on les adorait mais qui du coup sont devenu un peu lassante. Ca faisait un peu trop pour intégrer le top. « Les Huits Salopards » n’en reste pas moins un film de vraiment bonne facture et on fait confiance à Tarantino pour moins se reposer sur ses lauriers et faire repartir la magie dans son prochain projet.

Mention « Mystère du spectateur » : Spotlight.

"-Et si on parlait plutôt de ce chat qui fait de l'accordéon ? -... -Roooh, ça va, c'était une blague".

« -Et si on parlait plutôt de ce chat qui fait de l’accordéon ?
-…
-Roooh, ça va, c’était une blague ».

« Spotlight » est un trés bon film. La réalisation y est d’une sobriété bienvenue. Les acteurs sont excellents. Mais son plus grand mérite est le suivant : raconter un métier (le journalisme d’investigation) en cédant le moins possible à la théâtralisation et à l’idéalisation, chose fort appréciable au cinéma. Dans « Spotlight » les reporters ne sont pas des ersatz de Tintin sauce Médiapart, ce sont des hommes et des femmes besogneux, dont l’enquête comporte également de longs moments de recherche peu séduisants, des doutes, des pauses, des moments difficiles… Le film frappe juste à de nombreuses reprises : quand il évoque la complexité de mener un dossier en profondeur et sur le long terme à l’époque de l’instantanée et du buzz, quand il montre cet instant où le journaliste prend tout un coup conscience que l’enquête qu’il mène concerne aussi son quotidien… « Spotlight » sait prendre son temps, jusqu’à ce générique coup de poing listant la somme incroyable d’affaires semblables dans le monde. Bref, cet « Les Hommes du Président » 2.0 (en allusion au classique sur l’affaire du Watergate) a peu de défauts, et rétrospectivement, on ne peut que trouver bienvenu la décision des Oscars d’honorer sa profondeur au dépend du tape à l’oeil gratuit de The Revenant (profitez, c’est pas tout les jours que je défend les Oscars). Alors quoi, pourquoi Spotlight n’est pas présent dans mon top 10 ? Hé bien, c’est ce qu’on appelle un « mystère du spectateur ». Ici il consiste en ceci : comment un film qui avait tout pour me plaire et dont je reconnais les indéniables qualités a pu me laisser aussi « froid » ? Contexte de visionnage ? Manque de transcendance ? Subjectivité subtile des goûts ? Tout cela à la fois ? Qui sait, en tout cas, tout cela nous prouve, s’il le fallait, à quel point être spectateur, c’est souvent une expérience plus complexe qu’il n’y paraît. Je laisse donc « Spotlight » à ceux qui auront su l’apprécier, avec toute mon approbation.

Mention « Quand on connaît déjà la musique » : Juste la fin du monde.

Crépuscule.

Crépuscule.

Je pense honnêtement que si j’étais allé voir ce nouveau Dolan sans connaître la pièce sublime de Jean-Luc Lagarce, dont il est tiré, « Juste la fin du monde » serait entré sans peine dans mon top 10. Seulement voilà, malgré toute la bonne volonté de l’ami Xavier, il aura échoué à me faire redécouvrir ce texte. Peut-être en était-il trop respectueux, incapable d’assumer cette part de risque (voire même ce côté iconoclaste) que comporte à mon sens toute adaptation réellement ambitieuse. Pourtant il y avait du potentiel, notamment dans le casting : Vincent Cassel est excellent à contre-emploi. Nathalie Baye est immense, Gaspard Ulliel a l’air fait pour son rôle et Marion Cotillard, si injustement décrié par une partie du public français, livre à nouveau une performance sensible, touchante. Reste Léa Seydoux, qui fait du mieux qu’elle peut, mais forcément, à côté de tels comédiens, ça ne fait que renforcer l’impression gênante qu’elle n’en serait pas là si elle s’appelait Martin. Alors, certes, j’ai passé un bon moment, mais il manquait une chose souvent essentielle à mon goût du cinéma : la surprise. Reste deux scènes indéniablement touchées par la grâce : le dialogue entre la mère et le fils, à l’écart, et le pétage de plomb d’Antoine à la fin du film, dans cette lumière incandescente de fin de journée. Dommage de terminer un moment aussi fort par une métaphore finale à mon avis bien peu subtile.

See you soon pour le top 10 !

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