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TOP 150 : LES PLUS GRANDS MÉCHANTS DE L’HISTOIRE DU CINÉMA. (10-1)

Suite et fin du Top 150 sur les plus grands méchants de l’histoire du cinéma.

Attention, à lire avant de commencer :

- Il est nécessaire avant toute chose de définir ce qu’est un méchant. Dans ce top on entendra par Méchant « tout personnage ayant, par ses actions ou ses pensées, un comportement de nature à devenir l’ennemi d’un héros ou de choquer une morale socialement admise ».

- Ce top se limite à des méchants individuels ou en duo,  et n’inclue donc pas les méchants de groupe comme les oiseaux d’Hitchcock, les martiens de Mars Attack, les vélociraports de Jurrassic Park, ect…

-Ce Top est par définition personnel et donc subjectif, il ne reflète que mon avis, et vous avez entièrement le droit de ne pas être d’accord.

-Personne n’a la science infuse en matière de cinéma et surtout pas moi, il y a donc forcément des oublis.

-Pardon d’avance pour les fôtes d’ortografes.

-Possibilité de spoilers.

10- Gripsou le Clown- Ça, il est revenu (1990).

« Ils flottent tous en bas… »

Vous êtes coulrophobe (vous avez peur des clowns) ? Ne regardez JAMAIS « Ça, il est revenu » ! Vous pourriez bien ne plus dormir de votre vie. Ce téléfilm a traumatisé toute une génération grâce à son antagoniste principal, le plus terrifiant inventé par le maître de l’horreur Stephen King – c’est dire. « Ça », est un démon venu des profondeurs du mal qui revient régulièrement hanter la ville de Derry, s’amusant à prendre les formes les plus effrayantes pour terroriser ses victimes.

« Ça » a en effet le pouvoir de déceler nos peurs les plus intimes, pour mieux s’en vêtir. Mais son apparence préférée, sa plus affreuse et sa plus traumatisante c’est celle de Gripsou le Clown. Clown amical en apparence, Gripsou adore attirer les enfants avec des illusions de fête et de cirque… pour mieux les assassiner. On perçoit aisément toute l’horreur de ce personnage : en reprenant, de manière perverse et terrifiante, un symbole positif (le clown) Stephen King rend l’horreur encore plus prenante par le paradoxe qui s’ensuit. Rien n’est plus affreux qu’un concept familier et rassurant devenu tout d’un coup psychopathe et meurtrier.

Cependant le clown n’est qu’une forme et, en réalité, « Ça » n’a pas de nom. Comme le dit si bien la jaquette du DVD : on ne nomme pas l’innommable. Sa véritable apparence est beaucoup trop horrible et insoutenable pour prendre place dans notre dimension. Le visage le plus proche de cette abomination que « Ça » peut adopter est une immense araignée…

Le bouquin de Stephen King, beaucoup plus profond et violent que le film, interroge notamment sur le mal d’une ville. Derry est en effet rongée par le désœuvrement, les rancœurs et l’homophobie, choses dont « Ça » semble se nourrir. La bête semble avoir un contrôle total sur la ville, se réveillant et s’endormant en fonction des violences commises. On retrouve peu cette dénonciation sociale dans le téléfilm mais la performance de Tim Curry en « Ça » reste absolument mémorable et le personnage incroyablement terrifiant…

Son interprète : Tim Curry.

Sa scène : la première et traumatisante apparition du clown dans un égout, attirant un enfant qui y a fait tomber son bateau en papier.

Le point culture : On retrouve des allusions à « Ça » dans de nombreux autres livres de Stephen King : Dôme, Dreamcatcher, les Tommyknockers…

9- John Doe- Seven (1995).

« Detective. Detective. DETECTIVE! You’re looking for me. »

L’apogée du méchant moralisateur, rendu tordu par sa vision psychorigide des choses. John Doe, fanatique religieux, est dégoûte par le monde qui l’entoure, qu’il considère abject et décadent, rempli de païens. Il décide alors de punir quelques uns de ces dévoyés par où ils ont péché, en leur offrant à chacun d’entre eux une mort en fonction de ce qu’il considère comme étant leur crime. 7 meurtres, pour 7 péchés capitaux.

Les 7 péchés capitaux. Ces fautes de la chrétienté ont souvent fasciné la fiction et trouvent ici une utilisation particulièrement affreuse. Avec une ingéniosité macabre, John Doe va mettre en scène tous ces crimes, pour mieux aiguiller l’enquête vers son objectif. Car les premiers meurtres ne sont qu’un prélude à un plan bien plus abominable et machiavélique, un plan implacable. Le final du film reste longtemps gravé en mémoire, tellement il est amer et dénué d’espoir.

Dès son apparition, Kevin Spacey – non crédité au générique pour ménager l’effet de surprise – crève littéralement l’écran. Dans ce qui reste la plus extraordinaire performance d’un acteur de génie, il parvient à nous donner des frissons dans le dos rien qu’à son timbre de voix monocorde. Le fanatisme du personnage est rendu de manière impressionnante. Quasiment possédé par le rôle, Spacey débite les discours moraux de John Doe avec un calme qui apparaît toujours au bord de la rupture, prêt à se fissurer et à entrer dans la démence.

Seven est un film noir au sens pur du terme. Dés le générique, on est plongé dans un monde oppressant et triste. Comme en écho : il pleut quasiment tout le film, sauf dans la scène de fin. Seven est une expérience dont on ne sort que rarement indemne.

Son interprète : Kévin Spacey.

Sa scène : son discours dans la voiture, où il évoque ses victimes avec mépris et dégoût.

Le point culture : John Doe, en anglais, désigne un quidam.

8- Gollum- Le Seigneur des Anneaux.

« Tout ce que nous voulons c’est du poisson, fort bien gouteux ».

Le voila, le meilleur personnage de la Trilogie du Seigneur des Anneaux. Aragorn et sa badasserie, Légolas et son soleil rouge, Pippin et sa collation de midi, tous coiffés aux poteaux par un semi-homme dégénéré, rampant et dialoguant avec lui-même. Si Frodon est le héros des films de Peter Jackson, alors Gollum en est sans doute le méchant (ou l’antihéros ?) le plus sombre. Ses scènes cultes sont innombrables, et le personnage parvient même à être un moteur comique de l’intrigue, notamment dans sa relation avec Sam. Preuve la scène des lapins et du « stupide Hobbit joufflu ». On sera presque tenté de dire que la nouvelle trilogie de Peter Jackson aurait pu trouver sa justification uniquement par la scène entre Bilbo et Gollum du premier volet.

Le plus fascinant dans Gollum est son ambiguité. Le personnage est, comme chacun sait, tiraillé entre deux personnalités : Sméagol, un homme bon un peu simplet et son alter-égo Gollum, personnalité mauvaise et traitresse corrompue par l’anneau. Les dialogues entre les deux facettes de Gollum sont incroyables. Le public est fasciné par cette créature déchirée. Le scénario le fait passer successivement du dégoût à la pitié, et ainsi de suite, au fur et à mesure que Gollum parait se racheter puis replonge dans la folie.

La performance d’Andy Serkis est immense et démente. Utilisant parfaitement la technologie de motion capture, le comédien incarne avec un énorme talent les ruptures d’émotions de Gollum. Serkis parvient à retourner le public en un clin d’œil. Que l’on m’explique maintenant pourquoi il n’a même pas été nominé à l’Oscar du meilleur second rôle.

Son interprète : Andy Serkis.

Sa scène : le dialogue avec lui-même : « vas-t-en et ne reviens jamais » , une performance prodigieuse…

Le point culture : Contrairement à ce que la majorité des gens pensent, Gollum n’est pas schizophrène mais atteint d’un trouble dissociatif de l’identité. La schizophrénie désigne une interprétation du réel particulière entraînant des comportements et des discours délirants, et ne se traduit pas par la présence de plusieurs personnalités.

7- L’Agent Smith- Matrix

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« Monsieur Anderson, heureux de vous revoir. Vous nous avez manqué. »

Dès 1999, le film Matrix frappait un grand coup dans le monde de la science-fiction. Il en profitait pour révolutionner les scènes d’action, tout en se permettant d’enchaîner une multitude de références à la mythologie, la littérature, la philosophie… Une trilogie pareille, la plus intelligente de l’histoire des blockbusters, ne pouvait pas se permettre de foirer son méchant. Mais l’Agent Smith, un programme chargé de surveiller la réalité virtuelle de la Matrice contre des pirates, qui dégoûte par son rôle et par les humains qu’il côtoie, est plus qu’à la hauteur.

30 secondes ou presque après le début du film, l’Agent Smith frappe déjà les esprits :

« Mes hommes sont sur le coup.

-Non lieutenant, vos hommes sont déjà morts. »

Première réplique culte après 3 phrases de dialogue, pas mal. Au fur et à mesure de la trilogie, l’Agent Smith prend de plus en plus d’importance, jusqu’à devenir l’antagoniste premier, menaçant à la fois les machines et les humains. C’est un fait : 90% des meilleures scènes des Matrix se déroulent lorsqu’il est présent. On a rarement vu un méchant aussi jouissif. Impossible de le détester totalement, tellement l’Agent Smith respire la classe. Diablement intelligent, il semble avoir perpétuellement un coup d’avance sur tous les autres personnages. Ses discours sur la Matrice et sur les hommes sont des morceaux de bravoure.

Sa dégaine, entre Men In Black et Agent Fédéral, est déjà un must. Sa transformation en virus capable de se dédoubler rend le personnage encore plus marquant, lui offrant des scènes savoureuses et inoubliables, comme le combat entre Néo et les Agents Smith à la barre de fer. Ajoutez à cela le charisme d’Hugo Weaving, un acteur comme on en fait peu, et vous aurez le cocktail détonant qui fait de l’Agent Smith un méchant aussi légendaire.

Son interprète : Hugo Weaving.

Sa scène : celle où il décrit l’humanité comme un virus.

Le point culture : Le rôle fut proposé à Jean Reno, qui le déclina pour tourner Godzilla.

6- Jack Torrance- Shining (1980).

« Here is Johnny ! »

Écrivain en panne d’inspiration, Jack Torrance saute sur l’occasion qui s’offre à lui de garder un vieil hôtel durant la période creuse. Il s’y installe avec sa famille, espérant profiter de son temps libre pour retrouver de la créativité. Problème : l’hôtel est maléfique, et va petit à petit étendre son emprise sur Jack Torrance, jusqu’à en faire un fou meurtrier.

Jack Nicholson n’est pas un acteur connu pour la finesse de son jeu, ni pour être un comédien discret. Il faut voir ses grimaces dans Mars Attack ou sa gesticulation dans le Batman de Tim Burton pour s’en convaincre. Mais ce qui est le plus incroyable, c’est que c’est justement cette absence de finesse qui le rend génial. Jack Nicholson est peut-être le seul acteur au monde à pouvoir jouer aussi bien sur la frontière avec le surjeu, voire en surjeu total.

Le personnage de Jack Torrance en est la plus belle illustration. L’espace d’un film, Jack Nicholson explose littéralement, emplissant l’écran d’une performance remplie de bruit et de fureur. Son physique particulier s’accorde de manière géniale avec le personnage. Le film repose entièrement sur la crédibilité de Torrance, et Nicholson assume totalement ce rôle de clé de voûte. Ses visages grimaçants, ses sourires déments, son corps voûté, ses gestes nerveux, ses tics omniprésents… tout est à la limite du parfait. La performance est époustouflante et comme de bien entendu… elle ne fut récompensée par aucun Oscar.

Son interprète : Jack Nicholson.

Sa scène : la scène où il démonte la porte à la hache avant de balancer sa réplique culte “Here’s Johnny”, improvisé et inspire d’une publicité.

Le point culture : Stephen King n’aimait pas la version de Shining de Kubrick, dénuée de toute allusion à la violence antérieure de Torrance, qui battait son fils avant d’arriver à l’hôtel.

5- Anton  Chigurh- No Country for Old Men (2007).

“Step out of the car, sir”

Lorsqu’il découvre par hasard une mallette remplie de billets sur le lieu d’un carnage, Llewelyn Moss ne sait pas qu’il va provoquer sa traque par un ange de la mort ténébreux, psychopathe et impitoyable, une tornade ne laissant que mort et désolation derrière elle : Anton Chigurh.

« Quelques » raisons de la présence d’Anton Chigurh dans le Top 5 :

-Parce que son arme est aussi expéditive qu’originale : un pistolet d’abattoir pour tuer le bétail.

-Parce qu’un méchant terrifiant avec la coiffure d’Annie Cordy, ça se remarque.

-Parce qu’il a un sourire à vous glacer le sang.

-Parce que Javier Bardem est peut-être l’un des cinq meilleurs acteurs au monde actuellement et qu’il livre ici une performance hallucinante, tout en silence, en sourire et en regard.

-Parce qu’il est impossible de ne pas être effrayé par ce tueur sorti de nulle part.

-Parce qu’il dégomme tout le monde derrière lui, et que personne ne lui échappe.

-Parce qu’il a peu de dialogues, mais qu’ils sont à chaque fois aussi savoureux que glaçant.

-Parce qu’il joue la vie d’un buraliste à pile ou face, juste pour le plaisir.

-Parce qu’il est ultra-badass.

-[SPOILER ALERT] Parce qu’il gagne à la fin.

[SPOILER ALERT]

4- Norman Bates- Psychose (1960)

« They will look and they will say: why, she couldn’t even hurt a fly? »

Le Bates Motel n’est pas un endroit où passer ses vacances. Certains clients meurent de façon mystérieuse, et on ne saurait que trop vous déconseiller d’aller y prendre une douche. Si malgré tout vous prenez le parti de vous y rendre et que vous entendez une musique stridente, courrez !

Vous pourriez penser que le responsable de ces meurtres est cette vieille dame acariâtre et solitaire, que l’on aperçoit toujours que fugacement et dont s’occupe Norman, le gérant, son fils, un homme sympathique et avenant. Problème : cette dame est morte depuis des années, et le tueur est en réalité ce si gentil Norman, un dangereux psychopathe bipolaire. Traumatisé par la mort de sa mère, il semble hanté par son fantôme au point de se déguiser en elle pour la faire revivre et en profiter pour tuer les femmes qui arrivent au Motel.

Psychose a beau avoir vieilli, le chef d’œuvre du maître Hitchcock demeure un classique du suspense, à voir pour tout cinéphile. Ne serait-ce que pour la performance d’Anthony Perkins en Norman Bates. Ce personnage, devenu un immense classique de la galerie des méchants de cinéma, incarne une folie traumatisante et mystérieuse, révélé lors d’un twist qui laissa bouche bée tous les spectateurs de l’époque. Perkins joue incroyablement bien la bipolarité de Bates, entre gentillesse timide et instinct barbare et meurtrier.

Et que dire de cette scène finale, au combien inoubliable, où Norman Bates se parle à lui-même en regardant une mouche, se persuadant que les policiers le prendront pour quelqu’un de gentil, incapable de faire du mal à un insecte ? Alors même que Bates divague sur sa supposée gentillesse, son visage grimaçant de psychopathe montre justement l’inverse, tandis que l’image s’efface en remplaçant sa face par une tête de mort… Ça, messieurs, dames, c’est ce que j’appelle une scène finale.

Son interprète : Anthony Perkins.

Sa scène : La scène finale.

Le point culture : Il y eu trois suites à Psychose, toutes avec Anthony Perkins, qui réalisa d’ailleurs le 3 ème volet.

3- Dark Vador- Star Wars.

« Non Luke. Je suis ton père. »

Le méchant le plus culte de ce top, et sans doute de très loin. Qui ne connaît pas Dark Vador ? Qui ne l’a jamais imité ? Qui n’a jamais utilisé la réplique la plus célèbre du cinéma dans une conversation ? Même les personnes n’ayant jamais vu Star Wars – ça existe – sont familières du le Seigneur Sith tellement ce dernier est rentré dans la culture populaire. En témoigne le nombre de références au personnage dans les films, les publicités, les séries…

La classe du personnage est infinie. Tout dans Dark Vador est culte. Son nom menaçant, son apparence, sa voix entrecoupée de respirations difficiles avec le ton grave génial d’Earl Jones, son pouvoir d’étranglement et surtout, surtout, sa musique. La marche impériale, devenu le thème du Sith, est sans aucun doute la création la plus géniale du plus génial des compositeurs de film : John Williams. Ce thème au final plutôt simple est doté d’une puissance martiale inégalée, à donner des frissons. Comment ne pas se surprendre à s’imaginer Seigneur Sith lorsque cette musique résonne à chaque apparition de Vador ?

Mais le plus incroyable dans Dark Vador, c’est son destin. On peut dire ce qu’on veut – de manière souvent assez injuste – sur la récente trilogie de préquel, mais elle confère au personnage une force que ne peut égaler aucun autre méchant : celle d’être le héros de la plus célèbre saga de science fiction jamais inventée. Oui, si l’on observe les films dans l’ordre, de l’épisode I à l’épisode VI, il faut se rendre à l’évidence : le véritable (anti-)héros de Star Wars est Anakin Skywalker, alias Vador, alias l’élu de la force. La tragédie de sa destinée résonne avec encore plus de force avec l’excellent épisode III. On observe avec une angoisse mêlé d’attente, la descente aux enfers d’Anakin, tout en sachant très bien ce qui sera au bout. Sa damnation progressive ne nous étonne pas, mais nous ravit presque tant nous sommes inconsciemment impatient de voir comment Anakin est devenu Vador. Joseph Campbell, dans Le Héros aux milles et un visage, expliquait que tout récit suit un schéma en 11 points appelé le Voyage du Héros : celui-ci poursuit des épreuves, chute, se relève et triomphe. Dark Vador introduit un schéma inverse : la déchéance du tyran, une chute vers les enfers, dont il finira par se relever dans un dernier sursaut, retrouvant un peu d’humanité juste avant de mourir.

Son interprète : James Earl Jones pour la voix.

Sa scène : Celle où il étrangle un amiral de la flotte impériale. « Votre manque de foi me consterne ».

Le point culture : le casque de Dark Vador est inspiré des samouraïs, quand l’Empire s’inspire du IIIème Reich et de Mussolini : uniformes fascistes, politique raciale (il n’y a aucun extra-terrestre dans les armées de l’empereur…), répression de la rébellion.

2- Hannibal Lecter- le Silence des Agneaux (1991).

«Un inspecteur du recensement a voulu m’interroger. J’ai dégusté son foie avec des fèves et un excellent chianti.»

Lorsque Clarisse, inspectrice du FBI extrêmement douée, se retrouve confronté à une enquête où elle doit traquer le tueur en série « Buffalo Bill », elle n’a d’autre alternative que d’être aidée par le plus grand monstre qui puisse se trouver dans les prisons américaines. Hannibal Lecter, psychiatre de génie et ayant pour violon d’Ingres le cannibalisme, est la seule personne capable de lui indiquer les bons indices, de par son intelligence et sa raison sans pareille.

Le Silence des Agneaux a révolutionné le monde du thriller. Il est le premier film du genre « horrifique » a avoir gagné l’Oscar du meilleur film. Sans remettre en question l’excellente performance du reste du casting, on ne peut que constater que c’est le personnage d’Hannibal Lecter qui fait passer le film du statut de « très bonne production » à « chef d’œuvre ». Son dialogue avec Clarisse est un modèle de tension ambiguë. Hannibal Lecter joue avec nos nerfs tout le long du film, et nous adorons cela. On a tout dit sur la performance d’Anthony Hopkins dans ce rôle, utilisé tout les superlatifs les plus élogieux, et impossible de dire qu’elle ne les mérite pas.

Hannibal Lecter est un tournant dans l’histoire des méchants de cinéma. Pour la première fois sans doute, un vilain séduit autant son public tout en étant également/vraiment immoral. Hannibal Lecter est un monstre, un psychopathe amoral se délectant de l’un des tabous les plus forts de l’humanité : l’anthropophagie. Mais c’est un monstre séducteur : il est incroyablement intelligent, fin, cultivé, raffiné. Le public, tout comme Clarisse, se prend à apprécier ce fou-dangereux. Son apparence, ses yeux écarquillés, son demi-sourire, son regard fixe qui ne cligne quasiment jamais, tout cela devrait nous effrayer. Et pourtant… impossible de le nier, dans un sens, nous apprécions Hannibal Lecter. Cette capacité qu’à le cinéma a nous faire aimer un personnage aussi immoral interroge. Après le Silence des Agneaux, nous n’aurons plus peur de ressentir de la sympathie pour un méchant.

N’y allons pas par quatre chemins : Hannibal Lecter est, pour la majorité des publics, le méchant le plus mythique du 7ème art, et n’est médaille d’argent de ce top que d’un cheveu. Alors certes, les films qui ont suivi et étendu le mythe n’arrivent pas à la hauteur du classique « Le Silence des Agneaux », mais qu’importe. Le docteur Lecter est un méchant stratosphérique. Vous n’oublierez jamais Hannibal le cannibale.

Son interprète : Anthony Hopkins.

Sa scène : le premier dialogue avec Clarisse.

Le point culture : Le Silence des Agneaux n’est pas la première apparition sur grand écran d’Hannibal Lecter, personnage issu des romans de Thomas Harris. On le retrouvait déjà dans 6 ème Sens de Michael Mann (pas le film avec Bruce Willis, un autre), où il était joué par Brian Cox.

1-Le Joker- The Dark Knight (2008).

“Why so serious? Let’s put a smile on that face!”

Le voila donc le number one de ce top, le plus grand méchant de l’histoire du cinéma. En soi, sans parler des films, le Joker est déjà un méchant culte. Il est le plus grand ennemi du plus grand des super-héros : Batman. L’homme chauve-souris possède une galerie de vilains inégalable en cela qu’elle est composée de la pire liste de psychopathes jamais vue, mais de psychopathes qui sont quasiment tous teintés d’un réalisme froid peu courant chez les super-héros.

Allons plus loin : le Joker est le plus grand méchant de l’histoire des comics, assez largement devant Venom. Ce personnage de clown grimaçant, hyperactif et destructeur est à la fois jouissif et terrifiant. Jouissif, parce que la bonne humeur psychopathe du Joker a curieusement quelque chose de communicatif. Terrifiant, parce que le Joker récupère tous les codes du positif (blagues, clownerie…) pour en faire le support de ses mauvaises actions. Dans les comics, le Joker est toujours théâtral et effrayant. Il est celui qui tue Robin. Il est l’ennemi suprême de la chauve-souris. Il va également sans dire que l’idée d’un méchant voyant la société comme un immense jeu est une autre caractéristique géniale du Joker.

Si Jack Nicholson avait déjà fait très fort dans le rôle de l’ultime Némésis de Batman, Heath Ledger porta le rôle à un niveau absolument époustouflant, infiniment plus profond et complexe que le clown de Nicholson. Plus conforme aux codes plus noirs qui conviennent aussi bien à Batman, le Joker de Ledger est stratosphérique.

Commençons par le plus évident : la performance d’acteur. Le comédien n’incarne pas le Joker. Il est le Joker. Sa composition est aussi léchée qu’avancée. Ledger met tout son corps et toutes les intonations de voix au service du personnage : mimiques, regards, sourires, avalements de salive… Son jeu extraordinaire semble toujours osciller entre un contrôle parfait et un équilibre de funambule au bord du vide. A tout moment, on sent le Joker capable de craquer, de partir dans un de ses accès de folie, dans un de ces éclats de rires psychopathes qui font frissonner le téléspectateur. Parfois, Ledger se laisse aller, explosant d’un coup en une série de grimaces. Mais ce n’est que pour mieux reprendre son jeu de menace souriante, tout en présence.

En plus, le comédien se permet d’improviser : les applaudissements après la nomination de Gordon ou encore le jeu comique devant l’hôpital qui n’explose pas. Comédie, tragédie, folie : ces trois concepts se réunissent parfaitement dans le Joker. Les moments cultes s’enchaînent pour le plus grand plaisir du public. Dire néanmoins que le chevalier noir est presque réduit à un second rôle tant le Joker crève l’écran serait une erreur. Au contraire, Batman ressort plus grandi d’un affrontement qui lui oppose tous ses démons. La relation de conflit entre Batman et le Joker est une ode à tout antagonisme, exprimant de manière fine la relation de dépendance que les deux protagonistes de l’affrontement ont entre eux. Batman ne peut pas tuer le Joker parce qu’il est le héros, et, au-delà, Batman a besoin du Joker. Sans des méchants comme lui, il n’existerait pas. Le Joker, de son coté, existe à cause de Batman, parce que l’existence du super-héros l’a poussé à l’attaquer, juste pour le plaisir. Il ne pourra jamais le tuer parce qu’il le trouve trop drôle. Comme il le dit à l’homme chauve-souris : tu me complètes. Le mouvement est perpétuel. Comme le dit le Joker, encore: « je crois que toi et moi, on est condamné à faire ceci pour toujours ». Il y aura toujours des méchants.

Heath Ledger est parfait dans le rôle du méchant dérangé et dérangeant et grâce doit également être rendue aux scénaristes pour avoir trouvé un personnage pareil. Car le Joker de The Dark Knight n’est pas n’importe quel Joker. Certes, il s’agit bien du personnage que joua Nicholson, et le film s’amuse régulièrement à glisser quelques allusions à l’amour du Joker pour les jeux : masques, cartes à jouer… Cependant, tout cela est réduit à une expression minimaliste qui rend le coté «clown» du Joker encore plus marquant. Car le Joker est un vrai clown, un homme grimé, mal maquillé, aux costumes criants. Il n’est pas tombé dans un fut d’acide pour avoir la peau blanche et les cheveux verts. Il est, au sens fort du mot, réel et réaliste. C’est là toute la force des films de Nolan : avoir saisi le coté réaliste de Batman, en plus de s’être approprié le coté sombre du héros.

C’est également l’intelligence hors norme du personnage qui marque son public. Le Joker paraît quasi-omniscient dans le film de Nolan. Ses plans n’échouent jamais. Il prévoit tout, toutes les alternatives, et semble perpétuellement avoir un coup d’avance sur Batman, et sur l’ensemble des personnages. Il manipule tout le monde, ne donne jamais les bonnes informations, s’amusant même à tordre la réalité sur son passé inconnu.

Mais le plus génial dans cette intelligence du Joker se retrouve dans son discours. Une attaque en règle, impitoyable, contre la société civilisée et son hypocrisie. Le Joker n’a pas d’ami, se fiche de l’argent, et de toutes les motivations des hommes ; son seul objectif est de démontrer la vanité de la civilisation, de nous prouver que toute notre morale n’est qu’un vernis commode que nous abandonnons au premier danger. Le Joker nous ramène à notre condition d’animal amoral, nous expliquant que nous n’avons jamais totalement cessé d’être des bêtes. En cela, il n’a aucune limite. Si la morale est pour lui un écran de fumée, alors pour lui, tout est permis. Le Joker veut juste voir le monde brûler. Comme il le dit lui-même, il est un Agent du Chaos. Venu de nulle part, sans identité, sans passé, il incarne ce chaos, comme un ouragan destructeur dont le seul but est de détruire, afin de rétablir ce qu’il est estime être la seule vraie justice : celle du désordre. Si le Joker nous marque autant, c’est aussi parce que nous même éprouvons plus ou moins inconsciemment de la sympathie pour cette vision. Face à un monde chaotique, aussi imparfait et injuste, sans repères, sans lignes morales, sans idéologie, nous nous surprenons à être attiré par cette idéologie du désordre. Le Joker est le symbole d’un monde perdu, sa création première, une sorte de rejeton du chaos, venu terminer le travail.

On n’a jamais vu un méchant aussi jouissif et en même temps aussi profond. Ce n’est pas un hasard si le Joker a pu mobiliser autant de légions de fans, dont, vous l’aurez compris, votre serviteur. Il est, tout simplement, le meilleur ennemi de l’histoire du 7ème art.

Son interprète : Heath Ledger.

Sa scène : Impossible de choisir entre “why so serious”, le tour de magie, l’interrogatoire par Batman, l’évasion du commissariat, la scène des cicatrices avec Rachel…

Le point culture : Heath Ledger s’enferma pendant un mois dans une chambre d’hôtel pour préparer son rôle.

De nombreux personnages viendront compléter cette galerie. Il y a eu, il y a et il y aura toujours des méchants. Parce que nous ne pouvons pas nous empêcher d’adorer les détester. En tout cas, c’est la fin de ce top, merci de l’avoir lu et j’espère qu’il vous a plu !

Le reste du top :

150-126.

125-100.

99-75.

74-50.

49-25.

24-11.

licontinovich

Passionné par le ciné, tout simplement.

12 Comments

  1. A mon goût: Amon Göth aurais du être dans le top 10-1, mais au final un super classement qui à quelque erreur de placement, mais après ce n’est que broutille ;)
    Bravo !

  2. La symbolique du film « ça » représente le problème de l’homophobie !… C’est une blague ou bien ? Qu’est ce qui vole l’innocence des enfants dans nos sociétés ? Qu’est ce qui rend le monde froid et meurtrier si ce n’est la violence symbolique doxatique ? Qu’est ce qui vole la partie la plus précieuse de la vie d’un être humain ? Avez vous déjà été enfant ? N’avez vous jamais connu la désillusion et ce sentiment d’avoir été trompé depuis votre enfance ? Qu’on vous à volé une partie de vous même dans l’indifférence et la complicité la plus total de votre famille, de vos parent, oncle, tante et grand parents à leurs tour ? … Le film plus que tout dénonce ce que la société, l’idéologie de mort, le libéralisme et les inspirations égotique de distinction font aux rêves des enfants et comment à la manière du clown qui attire les enfants pour les assassiné, la société utilise le rêve, la magie et le désir pour attirer nos âmes … D’ailleurs ce n’est pas le corps des enfants qui est dévoré mais comme King le dit si bien « ce sont les lueurs morte » qui vole les âmes… Aujourd’hui plus que jamais tout ce qui brille n’est pas d’or et les paillette nous mènent nous et nos enfants à accepter l’inacceptable et finalement nous abandonné aux « lueurs morte » et à l’auto destruction sans même que l’on arrive à s’en défaire… S’il vous plait, faite un effort en ce qui concerne les études de film … Comme l’a dit Jaques Derrida le cinéma est la science du fantôme… Si vous n’êtes pas éclairé sur l’envers des choses alors vous êtes manipulé par ces choses … L’occultisme n’est que la réalité des cerveaux ontologique créatifs …

    • Bravo, beau classement dans son contenu, on peut toujours discuter de l’ordre mais nous sommes « raccord » sur les deux premiers !

    • Il parle du livre !
      Le livre « Ca » traite bien de l’homophobie, tout du moins dans le premier tome, le film n’y fait pas reference effectivement.

  3. Bonjour,
    Je viens de découvrir ton blog par hasard et je me suis laissée happer par ton Top des plus grands méchants. J’aime beaucoup ton classement, ça n’a pas dû être facile à faire (notamment parce que c’est très arbitraire).
    J’ai vu que tu avais inclus dans ton analyse plusieurs méchants de chez Disney. Je trouve qu’on pourrait en rajouter un autre, un méchant si méchant qu’il a traumatisé des générations d’enfants, même s’il reste sans visage, car hors caméra… Je veux parler du chasseur qui a dégommé Bambi ! J’avais 5 ans quand j’ai vu le dessin animé et je ne m’en suis toujours pas remise ;)

  4. Je crois, en fait non j’en suis certain, qu’un bon film n’en est un que si le méchant est à la hauteur. Un excellent classement ! Je ne crois pas qu’il y est d’oubli.

  5. Je sui désolé mais Dark Vador est de loin le plus grand méchant de la galaxie sinon a part cette TRES grosse erreur (car je suis un grand fan de Star Wars et de Dark Vador ) c est un très bon top le Joker est quand meme deuxième et Hannibal Lecter troisième

  6. On voit beaucoup de classements de ce type sur Internet mais je n’ait vu aucun qui vaille celui-ci : complet (150 c’est beaucoup), développé, global, intéressant, et assez juste. Un beau travail de cinéphile !

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