cinemaginarium » 2016 Ou comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer les films. Fri, 31 Aug 2018 12:49:58 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.6 Mes films préférés de 2016 : avant propos et mentions spéciales /filmspreferes2016avantproposetmentions/ /filmspreferes2016avantproposetmentions/#comments Thu, 06 Apr 2017 15:21:27 +0000 licontinovich /?p=622 Continue Reading ]]> Il est encore plus difficile pour moi qu’à l’accoutumé de juger de manière globale cette année cinématographique. Une fois n’est pas coutume, je me suis peu aventuré dans les salles obscures au cours de 2016.  De plus, non seulement j’ai regardé peu d’oeuvres, mais rares sont celles à m’avoir transcendé. Année en creux ? Difficile à dire. J’ai loupé beaucoup trop de films unanimement célébré pour avoir un avis réellement pertinent.

« Mais alors, tu es en train de parler pour ne rien dire ? »

Alors déjà, qui êtes-vous, que faites-vous sur mon blog et d’où vous permettez-vous de me tutoyer ? Non mais oh ! Et puis sachez que non, pas d’inquiétude, Gertrude (si vous me permettez de vous appeler Gertrude). J’ai quand même un bon gros top 10 des familles à présenter, disons simplement que la sélection et la réalisation dudit top auront été à la fois plus facile (vu le peu de films visionnés) et difficile (pour qu’il puisse avoir un minimum de sens niveau exigence) que d’autres années. Bref, de toute façon, comme j’ai mon petit côté chieur/troll/canaille, on ne va pas commencer le top dans cet article.

« Oui, donc c’est ça, t’as dit tout ça pour au final parler de tout à fait autre chose ? »

Ta gueule, Gertrude. Non, je ne vais pas parler de « tout à fait autre chose », je vais simplement, avant mon top 10, m’arrêter un moment sur cinq mentions spéciales. Cinq films qui, pour diverses raisons n’ont pas leur place dans ma sélection, mais dont j’avais envie de parler quand même. Parce que c’est mon blog et que je fais ce que je veux.

Mention « Bonne surprise » : Les Animaux Fantastiques.

"C'est du cuir véritable ?"

« C’est du cuir véritable ? »

C’est peu dire qu’en allant voir « Les Animaux Fantastiques », je ne m’attendais pas à une merveille. Pour moi, ce film existait pour une seule et principale raison : ARRACHER ENCORE DU FRIC AUX FANS D’HARRY POTTER (j’aime bien mettre des majuscules vénères comme ça, sans prévenir). J’avais décidé malgré tout de participer consciemment à cette entreprise vampirique, tout simplement parce que ce soir là j’avais envie de me vider la tête devant un film « pop-corn », sans pour autant devoir m’abaisser jusqu’à me taper un Michael Bay (coucou Michael, tu vas bien ? Ca faisait longtemps que je t’avais pas envoyé un p’tit scud, ça m’avait manqué). Alors va pour « Les Animaux Fantastiques ». Hé ben, croyez moi ou pas mes p’tits loups mais au final, j’ai passé franchement un bon moment. Alors certes, y a pas de quoi hurler au chef d’oeuvre de divertissement, mais ça reste de très bonne facture. D’autant plus pour un truc réalisé par ce jambon de David Yates, qui s’est quand même signalé sur la saga Harry Potter par une prise de risque artistique proche du néant. Mais bon ici, ça passe bien, peut être parce que l’essentiel est ailleurs que dans la réalisation. Pourquoi ? Parce que les personnages sont assez originaux et subtils, une mode de plus en plus présente dans les gros blockbusters familiaux (coucou « Star Wars VII ») et qui fait du bien. Parce que lesdits personnages sont joués avec saveur et sensibilité par un casting d’acteurs plutôt habitués au cinéma indépendant (ça aussi, ça à tout d’une bonne idée). Et parce que JK Rowlings est au scénar’ et on a beau dire, mais la meuf n’a pas écrit la saga littéraire la plus populaire des dernières années, si ce n’est de l’histoire, par hasard. Ji Kay a un talent indéniable pour trouver de bonnes idées, rarement révolutionnaire, mais souvent trés fortes. L’obscurus en est sans doute le meilleur exemple, et peut même se targuer de lancer une réflexion plus profonde qu’il n’y paraît sur le refoulement. Bref, qu’on en veuille à mes sous, soit, mais pour peu qu’on soigne assez bien le taf’ et que j’en sois conscient, je dis pourquoi pas. Rendez-vous pour le prochain film.

PS : Pour rester dans les « spins-off » de saga, certains se demanderont peut-être ce que j’ai pensé de Rogue One. Je dirai « pas mal, sans plus ». Certes, la toute dernière scène avec Dark Vador est juste ouffissime et représente probablement l’un de mes plus grands plaisirs de cinéma. Certes, le film est très beau visuellement. Mais il met aussi quarante années lumières à démarrer et on se contrefout franchement du destin de tous ces personnages auquel on arrive pas à s’attacher par manque de temps, et aussi de charisme (déso, pas déso). Le plus grand mérite de Rogue One se trouve sans doute dans l’idée très forte de montrer que dans une saga comme Star Wars, il n’y a pas eu que des héros, mais aussi des petites mains qui ont fait l’histoire. En terme de réflexion, c’est passionnant. En terme de cinéma, moins (déso, pas déso bis).

Mention « Déception » : The Revenant.

Très très NRV !

Très très NRV !

Mettons les choses au clair tout de suite : oui, « The Revenant » est un bon film. Non, je n’ai pas passé un mauvais moment. Mais ça, je m’en fout. Je ne voulais pas un bon film. Je ne voulais pas un bon moment. Je voulais passer un moment de taré mental. Je voulais un film de fou furieux. Après Birdman, avec une telle équipe à la réalisation, avec une telle ambition artistique, ce film aurait dû finir premier de mon top, à l’aise, fingereuh in the nozeuh. Mais non. Ah ça, c’est propre, c’est pas le problème. Les plans sont magnifiques. La réalisation atteint un sommet de maîtrise. La photographie est à tomber. La scène d’ouverture en plan séquence est une dinguerie. Mais derrière il n’y a rien. Rien à part Léonardo Di Caprio qui bave (j’exagère à peine). Le scénario tient sur une feuille de papier à cigarette et échoue complètement à acquérir une transcendance à la manière, par exemple, d’Apocalypse Now, autre film à ambition monstrueuse sur le voyage d’un homme dans une contrée hostile. Peut-être, parce que contrairement au film de Coppola, celui d’Inarritu n’est pas vraiment parti en couille au tournage, peut-être pour d’autres raisons, il manque clairement d’un souffle, d’un supplément d’âme. Quand à Di Caprio, il joue très bien le mec qui souffre, mais avoir donné son seul oscar à cet acteur de génie pour cette performance qui n’est clairement pas ni sa plus subtile, ni sa plus profonde, en bref, certainement pas sa plus aboutie, c’est un peu du foutage de gueule. A mon sens, et Léonardo nous l’a prouvé dans de nombreux autres films, le jeu d’acteur c’est un peu plus que de la frénésie, de la souffrance, de la bave et des yeux hallucinés. Mais bon, l’Académie aime par dessus tout et les gens qui perdent/gagnent du poid, et les gros masochistes, alors Di Caprio qui tourne vraiment à poil dans la neige, ça leur a paru super cool. Grand bien leur en fasse. Moi, en attendant je me suis retrouvé à regarder une version longue des « Malheurs de Léo », dans une surenchère devenant presque gratuitement sadique, car justifié par du vent, mais avec de zoulis images. C’est déjà ça, mais avec une telle promesse, j’attendais plus. Bien plus.

Mention « Franchement, presque » : Les Huit Salopards.

"Not a warning, not a question... a bullet" (extrait de la meilleure punchline du film dans un film qui en compte tout de même quelques-unes).

« Not a warning, not a question… a bullet » (extrait de la meilleure punchline du film dans un film qui en compte tout de même quelques-unes).

La nouvelle réalisation de ce fripon de Tarantino échoue à deux doigts de mon top 10. En faveur y avait : des scènes d’anthologies, sans doute parmi les meilleures du cinéma de Quentin, Samuel L. Jackson, Jennifer Jason Leigh, le reste du casting, des grosse punchlines comme on les aime, Samuel L. Jackson, une musique originale d’Ennio Morricone (coeur, coeur), un carnage final de voyou, Samuel L. Jackson et encore un peu de Samuel L. Jackson. Contre y avait : une morale comme toujours chez Tin-Quen ambiguë, mais cette fois de manière un peu gênante, des grosses grooooosseeees longueurs, notamment au début, et surtout un style qui a l’air d’avoir perdu de sa magie, comme si on connaissait déjà la recette, comme si cela n’arrivait plus à nous surprendre, comme si certaines choses viraient au gratuit, au plaisir personnel, comme si Tarantino faisant du Tarantino, ça ne suffisait plus, à l’image de ces musiques qu’on a écouté en boucle parce qu’on les adorait mais qui du coup sont devenu un peu lassante. Ca faisait un peu trop pour intégrer le top. « Les Huits Salopards » n’en reste pas moins un film de vraiment bonne facture et on fait confiance à Tarantino pour moins se reposer sur ses lauriers et faire repartir la magie dans son prochain projet.

Mention « Mystère du spectateur » : Spotlight.

"-Et si on parlait plutôt de ce chat qui fait de l'accordéon ? -... -Roooh, ça va, c'était une blague".

« -Et si on parlait plutôt de ce chat qui fait de l’accordéon ?
-…
-Roooh, ça va, c’était une blague ».

« Spotlight » est un trés bon film. La réalisation y est d’une sobriété bienvenue. Les acteurs sont excellents. Mais son plus grand mérite est le suivant : raconter un métier (le journalisme d’investigation) en cédant le moins possible à la théâtralisation et à l’idéalisation, chose fort appréciable au cinéma. Dans « Spotlight » les reporters ne sont pas des ersatz de Tintin sauce Médiapart, ce sont des hommes et des femmes besogneux, dont l’enquête comporte également de longs moments de recherche peu séduisants, des doutes, des pauses, des moments difficiles… Le film frappe juste à de nombreuses reprises : quand il évoque la complexité de mener un dossier en profondeur et sur le long terme à l’époque de l’instantanée et du buzz, quand il montre cet instant où le journaliste prend tout un coup conscience que l’enquête qu’il mène concerne aussi son quotidien… « Spotlight » sait prendre son temps, jusqu’à ce générique coup de poing listant la somme incroyable d’affaires semblables dans le monde. Bref, cet « Les Hommes du Président » 2.0 (en allusion au classique sur l’affaire du Watergate) a peu de défauts, et rétrospectivement, on ne peut que trouver bienvenu la décision des Oscars d’honorer sa profondeur au dépend du tape à l’oeil gratuit de The Revenant (profitez, c’est pas tout les jours que je défend les Oscars). Alors quoi, pourquoi Spotlight n’est pas présent dans mon top 10 ? Hé bien, c’est ce qu’on appelle un « mystère du spectateur ». Ici il consiste en ceci : comment un film qui avait tout pour me plaire et dont je reconnais les indéniables qualités a pu me laisser aussi « froid » ? Contexte de visionnage ? Manque de transcendance ? Subjectivité subtile des goûts ? Tout cela à la fois ? Qui sait, en tout cas, tout cela nous prouve, s’il le fallait, à quel point être spectateur, c’est souvent une expérience plus complexe qu’il n’y paraît. Je laisse donc « Spotlight » à ceux qui auront su l’apprécier, avec toute mon approbation.

Mention « Quand on connaît déjà la musique » : Juste la fin du monde.

Crépuscule.

Crépuscule.

Je pense honnêtement que si j’étais allé voir ce nouveau Dolan sans connaître la pièce sublime de Jean-Luc Lagarce, dont il est tiré, « Juste la fin du monde » serait entré sans peine dans mon top 10. Seulement voilà, malgré toute la bonne volonté de l’ami Xavier, il aura échoué à me faire redécouvrir ce texte. Peut-être en était-il trop respectueux, incapable d’assumer cette part de risque (voire même ce côté iconoclaste) que comporte à mon sens toute adaptation réellement ambitieuse. Pourtant il y avait du potentiel, notamment dans le casting : Vincent Cassel est excellent à contre-emploi. Nathalie Baye est immense, Gaspard Ulliel a l’air fait pour son rôle et Marion Cotillard, si injustement décrié par une partie du public français, livre à nouveau une performance sensible, touchante. Reste Léa Seydoux, qui fait du mieux qu’elle peut, mais forcément, à côté de tels comédiens, ça ne fait que renforcer l’impression gênante qu’elle n’en serait pas là si elle s’appelait Martin. Alors, certes, j’ai passé un bon moment, mais il manquait une chose souvent essentielle à mon goût du cinéma : la surprise. Reste deux scènes indéniablement touchées par la grâce : le dialogue entre la mère et le fils, à l’écart, et le pétage de plomb d’Antoine à la fin du film, dans cette lumière incandescente de fin de journée. Dommage de terminer un moment aussi fort par une métaphore finale à mon avis bien peu subtile.

See you soon pour le top 10 !

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