N’hésitez pas à lire les « précisions avant de commencer » présentes dans le premier article du top !
175. Le Secret des poignards volants (Zhang Yimou, 2004) :
Un bon film d’arts martiaux, à mes yeux, est un savant mélange de virtuosité et de force, de dureté et de légèreté, avec juste ce qu’il faut d’exagération pour provoquer l’émerveillement. « Le Secret des poignards volants » est, dans cette perspective, un de mes musts avec ses chorégraphies magnifiques autour desquelles la caméra semble évoluer tel le vent. Souvent impressionnant, parfois majestueux, succès critique et commercial en son temps, « Le Secret des poignards volants » semble pourtant tomber peu à peu dans l’oubli. C’est bien dommage. Un autre film du classement à remettre au premier plan très vite.
La scène : le combat dans les bambous, inoubliable, est sans doute l’une des plus incroyables scènes d’arts martiaux jamais tournés.
174. La Chasse (Thomas Vinterberg, 2012) :
Thomas Vinterberg, avant tout connu pour le choc « Festen », une terrible histoire de viols incestueux, présente un savoir-faire certain pour mener des histoires d’une immense dureté. Il en est ainsi pour « La Chasse », film assez traumatisant, orchestré de main de maitre, où l’on nous raconte le calvaire d’un homme accusé à tort de pédophilie dans un village. Vinterberg, servi par un Mads Mikkelsen impressionnant, y interroge le rapport de la société à un de ses tabous suprêmes, l’agression sexuelle sur des enfants. Car une fois accusé, le personnage de Mikkelsen n’a plus de retour en arrière possible. Rejeté par tous, exclu à jamais malgré son innocence, il ne sera jamais totalement lavé de tous soupçons et les choses iront pour lui de pire en pire. C’est d’une violence sourde, avec une montée de la tension extrêmement maitrisée, et tragique au possible. Un drame impressionnant.
La scène : la chorale de Noël.
173. Frankenstein Junior (Mel Brooks, 1974) :
Des barres de rires. Voilà mon souvenir de « Frankenstein Junior ». Reprise délirante et déjanté du mythe de Frankenstein par un Mel Brooks déchaîné, c’est pour moi une comédie culte, et pourtant, à part l’inoubliable visage du serviteur (extraordinaire Marty Feldman, dont c’est d’ailleurs le vrai visage, conséquence d’une maladie), je ne parviens à ne me rappeler que d’une chose : j’ai rigolé et encore rigolé. J’ai presque envie de dire que c’est suffisant. Alors, si vous voulez visionner ce film, je vous demande de me faire confiance sur le simple fait que j’ai passé un excellent moment. Au pire renseignez-vous sur internet et/ou demandez à d’autres gens. Je ne suis pas le seul à l’avoir adoré.
La scène : la rencontre avec le serviteur.
172. Dracula (Francis Ford Coppola, 1992) :
Si le personnage de Dracula a inspiré de très nombreux films, celui de Francis Ford Coppola force le respect. Réalisé de main de maître, cette œuvre sait gérer son ambiance avec un talent certain. Très bien interprété, notamment par un Gary Oldman au sommet de sa forme, le « Dracula » de Coppola est un indispensable du genre. Le film présente en outre deux grands atouts : une qualité de conteur très forte, pour parvenir à réenchanter une histoire maintes fois présentée au public et une excellente photographie, avec un jeu de couleur parfaitement adapté au récit. Un autre mérite important du film est d’explorer à fond le rapport entre vampire et sexualité, une relation souvent analysée.
La scène : l’arrivée dans le château.
171. Fantastic Mister Fox (Wes Anderson, 2010) :
Le cinéma de Wes Anderson est si singulier qu’il ne pouvait que diviser la majorité de la population entre les insensibles résolus et les fans inconditionnels. Je dois faire partie des rares personnes se situant au milieu. En effet, je reconnais à la majorité des films du bonhomme des qualités et il m’est toujours agréable de voir chez un réalisateur une capacité à imposer son style, ce qui est à mon avis un mérite artistique fort. Et en même temps, j’ai souvent du mal à rentrer totalement dans ces mêmes films. Or, un de mes grands plaisirs de spectateurs est de me plonger à fond dans ce que je regarde. Mais pour « Fantastic Mister Fox » je me suis régalé devant ce petit bijou, où Wes Anderson parvient je trouve à très bien adopter un ton moins déroutant pour le grand public tout en préservant son état d’esprit décalé, au sens fort du mot. C’est inventif, c’est original, c’est drôle, l’aspect visuel ressemble à peu d’autres dessins animés, les personnages sont très cools, bref, on y passe un excellent moment. Mister Fox mérite son qualificatif !
La scène : la scène finale est une belle conclusion.
170. Mange tes morts : Tu ne diras point (Jean-Charles Hue, 2014) :
Parfois, l’avis qu’on a sur un film évolue avec le temps. On peut sortir d’une séance conquis, pour au fil du temps perdre de l’intérêt pour cette production. C’est rare, mais ça arrive. Plus courant en ce qui me concerne : sortir d’un film en se disant « c’était pas si mal » pour progressivement se rendre compte qu’en fait on avait ce jour-là maté une bonne grosse daube. Et puis, parfois on sort d’un film en ayant aimé, l’amour grandit avec le temps et ce qu’on trouvait « bon », « honnête », sans plus, vient rejoindre nos coups de cœurs. C’est un peu ce qui m’est arrivé avec « Mange tes morts : Tu ne diras point », à l’origine 10 ème de mon traditionnel classement annuel, en 2014. Avec le temps, je me suis rendu compte de la valeur importante qu’avait en réalité à mes yeux ce film furieux, sanguin, sur une communauté de yéniches. Pour son originalité, pour son intensité, pour le jeu hallucinant des acteurs issus de cette même communauté et quasiment amateurs, c’est à mon sens un film à voir pour quiconque souhaite aller au-delà des récits communs et souvent remplis de clichés sur ces communautés, des récits communs où l’on confond souvent roms, gens du voyage, yéniches ou gitans, malgré leurs réalités très diverses. Ecouter ou lire une interview du réalisateur, un mec sacrément badass par ailleurs, en complètement du film est une très bonne chose pour comprendre un peu mieux cet objet cinématographique si particulier.
La scène : la confrontation avec la police, incandescente.
169. Amours chiennes (Alejandro González Iñárritu, 2000) :
Avant d’offrir son Oscar à DiCaprio, avant de tout fracasser avec « Birdman », avant d’accéder à la notoriété avec « Babel », Iñárritu avait commencé les longs-métrages par « Amours chiennes » et ça envoyait déjà du très lourd. Film croisant plusieurs histoires connectés par, je vous le donne en mille, les toutous, Alejandro González profite du rapport au canin pour sonder la société mexicaine dans ses diverses strates, mais aussi la psyché des hommes en général. Fables sociales furieuses et enlevées avec un je ne sais quoi à la Scorcese, « Amours chiennes » est un excellent film sur le rapport homme / animal et sur ce qu’il peut révéler de l’animalité comme de l’humanité. Très très bon.
La scène : le combat de chiens.
168. Shining (Stanley Kubrick, 1980) :
Mon goût pour les films d’horreur est très limité. La raison est simple : je suis une grosse fiotte dès qu’il s’agit d’avoir peur au cinéma. Paradoxal quand on sait que je raffole des films à l’ambiance torturé et des thrillers, mais c’est ainsi : passé une certaine limite, je suis très facilement impressionnable et il me devient très difficile d’apprécier le film, surtout quand je passe la majeure partie du visionnage les yeux fermés ou détournés de l’écran. J’assume, à chacun son adrénaline et pis d’abord moi je fais des manèges dans les parcs d’attractions que plein de gens ils auraient trop peur de les faire, na ! Tout ceci pour expliquer la chose suivante : « The Shining » est le seul film d’horreur de mes 200 films préférés. En partie parce que je l’ai vu avec un groupe d’amis et donc plus dans un contexte me permettant plus de l’apprécier. Pour ce qui est des qualités du film, on ne les présente plus. A titre personnel la montée de l’angoisse distillée de main de maître et le personnage de Jack Torrance firent la différence.
La scène : celle du bar.
167. Annie Hall (Woody Allen, 1977) :
Ma mère étant une inconditionnelle de Woody Allen, j’en ai hérité une certaine fascination pour le cinéma de ce bonhomme à lunettes, même si dans le rythme d’un film par an qu’il s’impose, force est de constater qu’il y a quand même de nombreux films passables, surtout récemment. Mais il y a aussi dans cette filmographie prolifique quelques chefs d’œuvres et parmi ceux-là « Annie Hall » est un de mes favoris. On y retrouve la plupart des obsessions alleniennes, c’est-à-dire tout simplement des interrogations existentielles sur la vie, la mort, le rapport à l’autre, l’amour et un peu d’humour juif pour saupoudrer le tout. Un « Woody » classique mais transcendé par un ton où le dosage entre légèreté et sérieux est extrêmement réussi et surtout par des dialogues génialissimes où le sens de la formule du réalisateur new-yorkais fait mouche comme rarement.
La scène : le moment du stand-up.
166. Full Metal Jacket (Stanley Kubrick, 1987) :
Une bonne claque dans la gueule, voilà ce qu’est en substance « Full Métal Jacket ». On traverse toute la première partie, celle de l’instruction, à la fois asphyxié et fasciné. On enchaine la deuxième partie, celle de la guerre, comme hypnotisé par un rêve aux allures de cauchemar. Puis vient le générique, « Paint It Black » dans la tronche (meilleur choix de musique finale de l’histoire du cinéma selon moi) et on est K.O. L’une des plus impressionnantes dénonciations de l’absurdité de la guerre et l’une des plus puissantes critiques de l’armée par un Kubrick pour le moins sensible au sujet si l’on en croit sa filmo’. Pas un film, une grenade.
La scène : certes, le discours du Sergent Hartman est ouf’, mais la scène qui m’a le plus marqué reste celle dans les toilettes avec « Grosse Baleine ». Traumatisant.
165. Master & Commander : de l’autre côté du monde (Peter Weir, 2003) :
Voilà un film qu’à mon sens, on oublie trop souvent à l’heure de faire un palmarès des grands films de la décennie 2000 / 2009. Pourtant, dans les gens que je connais, tous ceux qui ont vu « Master & Commander : de l’autre côté du monde » s’accordent à dire que c’est du lourd. Et je suis bien d’accord avec eux. Epopée spectaculaire d’un équipage sur les mers du globe, aventure épique porté par le charisme d’un Russell Crowe impressionnant de stature, « Master & Commander : de l’autre côté du monde » est le genre de film qui vous embarque du début jusqu’à la fin dans un voyage haletant. Le cinéma est aussi un moyen de transport.
La scène : la trépanation, qui m’a beaucoup marqué.
164. Willow (Ron Howard, 1988) :
Le film d’héroïc-fantasy culte de mon enfance. Il y a de l’héroïsme, une méchante reine, de la magie, des combats, c’est évidemment manichéen à souhait, bref c’est un grand classique du genre. L’histoire, une petite fille est poursuivie bébé par des armées maléfiques en raison d’une prophétie, fleure bon le déjà-vu mais l’ensemble est porté avec suffisamment de conviction et réalisé de manières suffisamment maline niveau trucages, pour que le gamin que j’étais apprécie. Et puis c’est le grand rôle de Warwick Davis, que l’on croise au détour des Star Wars pour quelques rôles en forme de silhouette et pour lequel je ne peux m’empêcher d’éprouver une grande sympathie. En plus pour une fois que la prophétie parle d’une princesse et non d’un prince, c’est quand même un chouïa original. A réserver aux amateurs du genre en tout cas, notamment pour ceux qui ont une petite envie d’ « old-school ». De temps en temps, ça peut pas faire de mal.
La scène : celle avec les trolls. Non, pas ceux d’internet.
163. Love Actually (Richard Curtis, 2003) :
Et oui, comme beaucoup, j’ai succombé au charme de « Love Actually ». Que voulez-vous, les bons sentiments sont tellement assumés, les acteurs s’en donnent tellement à cœur joie, l’énergie et l’humeur du film sont si communicatives, que je n’ai pu résister. Nique les cyniques, tant pis pour les insensibles, youpi pour les kikoos, vive les cœurs d’artichauts. On rigole, on est ému, on sort de là avec une patate monstre et l’envie d’aimer le monde entier. De plus « Love Actually » a prouvé qu’on pouvait être romantique et « sweet » sans être trop nian-nian et insupportable, et ça c’est non seulement très cool, mais c’est aussi un bel exploit. Comme en plus le film réunit une grosse bande d’actrices et d’acteurs à l’immense classe depuis Alan Rickman jusqu’à Bill Nighy en passant par Rowan Atkinson, Keira Knightley, Hugh Grant, Colin Firth, Liam Neeson et Martin Freeman (excusez du peu), pour ne citer qu’eux, n’en jetez plus, je surkiffe et vive l’amour !
La scène : La scène à l’aéroport de Marseille, sisi représente. Non je déconne, évidemment celle des pancartes, irrésistible.
162. Ave, César ! (Joel et Ethan Coen, 2016) :
Qu’on aime ou pas le cinéma des frères Coen, il faut leur reconnaître une chose : les frangins ont un style bien à eux. Et à mon sens ce style, un mélange de personnages décalés, de dialogues savoureux, d’histoires absurdes et d’humour doux-amer trouve une magnifique illustration dans « Avé César ! », pastiche génial de l’Hollywood époque guerre froide. On y retrouve avec plaisir Ralph Fiennes, impayable, Tilda Swinton, Josh Brolin ou Frances McDormand, déjà rompus à la patte Coen et on se régale en découvrant les talents comiques de Scarlett Johansson et surtout Channing Tatum, magique en acteur soviétique efféminé. Cependant la révélation du film reste Alden Ehrenreich, fabuleux dans son rôle d’acteur de western. « Avé César ! » a beau être mal noté sur Allo Ciné, je m’en fiche, moi j’ai adoré.
La scène : le très très savoureux moment entre le réalisateur joué par Ralph Fiennes et l’acteur joué par Alden Ehrenreich, quand ce dernier doit jouer pour la première fois dans un autre genre que du western.
161. L’Imaginarium du Docteur Parnassus (Terry Gilliam, 2009) :
Un film qui a carrément inspiré le nom de mon blog ne pouvait pas être absent de ce classement. Assez injustement sous-estimé à mon sens, « L’Imaginarium du Docteur Parnassus » a pourtant de nombreux mérites à mes yeux. Le plus évident étant le magnifique hommage fait à Heath Ledger, décédé durant le tournage. En adaptant son film,Terry Gilliam a fait honneur à la dernière performance du comédien tout en prouvant que le cinéma peut se sortir des plus grandes difficultés, à condition d’avoir de l’inventivité, ce dont Gilliam ne manque pas. Le remplacement d’Heath Ledger par Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrell (rien de moins) dans les passages oniriques si gilliamiens fonctionne parfaitement. Les autres points forts du film : premièrement les moments dans le monde « réel », dotés d’une formidable ambiance qui respire bon les foires d’antan et les spectacles sur tréteaux, un univers poétique à souhait et deuxièmement la performance génialissime de Tom Waits en diable. Ajoutez des autres membres du casting très bons, une histoire pleine de mystères et vous obtiendrez un film qui vaut le détour et que je ne peux que vous conseiller de découvrir.
La scène : le début du film pose très bien les bases.
160. Good Morning England (Richard Curtis, 2009) :
Survolté, énergisant, rock n’roll, jouissif : quelques qualificatifs extrêmement adaptés à « Good Morning England ». Ode à la liberté d’expression et à la libération des mœurs, doté bien évidemment d’une bande-son qui claque sévère, ce film anglais sur l’aventure d’un bateau hébergeant une radio pirate a la classe. Comme dirait l’autre « c’est d’la bombe bébé ». Bill Nighy, Phillip Seymour-Hoffmann, Nick Frost, Rhys Ifans et surtout Kenneth Branagh, impayable en ministre autoritaire et psychorigide, le casting cinq étoile se régale aux sons des hits des Who, des Beach Boys, des Kinks ou des Turtles (pour ne citer qu’eux) et nous avec. Un film si bon pour la santé qu’on pourrait le prescrire par ordonnance.
La scène : celle au son d’ « Elenore » des Turtles.
159. La Vie des autres (Florian Henckel von Donnersmarck, 2006) :
L’optimisme. C’est peut-être là que porte au fond le message de « La Vie des autres ». Ou comment, même au plus fort de l’embrigadement, même au sein d’un régime dictatorial, peut se réveiller l’humain. Et on le sait, l’important, c’est l’humaing’. Là où la plupart des films sur les régimes autoritaires se caractérisent par un grand pessimisme, « La Vie des autres » a le mérite de faire le pari de la lueur d’espoir, malgré tout. Extrêmement touchant, parvenant à rendre parfaitement crédible l’évolution psychologique de son personnage principal (magnifiquement incarné par Ulrich Mühe, malheureusement décédé peu de temps après le triomphe de ce film), « La Vie des autres » est un film d’une beauté triste mais puissante.
La scène : la sublime fin du film.
158. Kill Bill : volume I (Quentin Tarantino, 2003) :
Si le deuxième volet des aventures de Black Mamba s’avère globalement décevant, cela n’enlève rien aux qualités du premier opus. Car si l’histoire est aujourd’hui archi-connue, elle fit à l’époque l’effet d’une bombe, achevant l’œuvre commencée par « Pulp Fiction » à savoir faire de Tarantino une figure « pop » (une consécration pour un tel amoureux de la « pop culture ») connue et reconnue aussi bien par une partie des critiques que par le grand public. Le style de Quentin y trouve une de ses plus belles illustrations : outrance assumée, hémoglobine par litres, bande-son du tonnerre, références plus ou moins obscures en masse et surtout ce don de transcender le nanar pour en faire du très lourd. Les scènes d’anthologies s’enchainent pour une Black Mamba qui a de plus le grand mérite d’être l’une des premières grandes héroïnes badass modernes, bien avant Rey de « Star Wars VII » ou les rôles récents de Charlize Theron. C’est un plus quand même très cool, non ?
La scène : le combat contre les Crazy 88, of course.
157. Edward aux mains d’argent (Tim Burton, 1990) :
La plus belle collaboration entre Tim Burton et Johnny Depp est l’une de leur toute première. Une époque où Johnny n’avait pas encore décidé d’appliquer la recette « Jack Sparrow », ce combo grimaces, folie, poses outrancières, regards vers le haut, aussi génial la première fois que lassant à la longue, à l’écrasante majorité de ses personnages. Une époque où Tim savait encore raconter de magnifiques histoires sur la différence avec subtilité, en mêlant magie et poésie pour imposer son style détonant. Conte bizarre et extrêmement touchant, critique jouissive de la culture « pavillons de banlieues » à l’américaine, « Edward aux mains d’argent », très original à l’époque, détonne sans doute moins aujourd’hui dans un monde habitué au style Burton et où le cinéma célèbre souvent la singularité comme une force. Mais s’il le fait, c’est aussi un peu grâce aux histoires de Tim et c’est pourquoi on peut lui dire merci.
La scène : si l’ouverture avec le génial Vincent Price est très forte, le moment le plus beau reste à mes yeux la fin.
156. Sherlock Holmes I&II (Guy Ritchie, 2010 et 2011) :
Les « Sherlock Holmes » de Guy Ritchie ont leurs détracteurs, qui ont pour argument principal le manque de fidélité à l’œuvre originale. Si les combats au ralenti sont difficilement étiquetables « Conan Doyle compatibles », cette analyse me semble malgré tout exagéré, tant l’ambiance sombre et mystérieuse des films et le comportement de Sherlock Holmes collent plus qu’on ne pourrait le croire aux romans. Mais une fois passé ce débat au fond assez inutile (aller voir un tel film autrement qu’en connaissance de cause, en s’attendant à un truc semblable aux bouquins, fallait quand même s’attendre à une belle déception…), je n’ai pas honte de dire que je me suis régalé devant les deux volets de ces aventures cinématographiques de Sherlock et Watson (même si la série avec Cumberbacht reste malgré tout mon adaptation favori, déso, pas déso). Le fun est immense, l’alchimie et le charisme du duo Downer Jr / Law crève l’écran, la musique est ouf’ (Hans Zimmer, épouse moi) et les films bénéficient à plein du plus grand talent de Ritchie : un extraordinaire sens du rythme. En plus, chose assez rare pour ce genre de films, le 2 ème est plutôt égal au premier, grâce notamment à un Moriarty de qualité.
La scène : la première scène de Moriarty dans le 2 ème opus, dans le restaurant.
155. Spiderman I&II (Sam Raimi, 2002 et 2004) :
A l’origine de la « super-héros mania » qui continue encore aujourd’hui, il y a en partie les deux premiers opus de « Spiderman » par un Sam Raimi qui avait placé la barre très haut. Trop haut sans doute pour le troisième opus, mauvais comme tout et surtout coupable de ridiculiser Venom (un antagoniste vraisemblablement imposé à Raimi), le meilleur méchant des comics si on enlève évidemment les ennemis de Batman. Mais avant « Spiderman III », il y a eu évidemment « Spiderman I » et « Spiderman II » (incroyable non ?), un duo de très bons films, spectaculaires et prenants, qui ont prouvé au monde entier à quel point les super-héros pouvaient être bankables. Raimi lança d’une certaine manière la vague qui allait suivre. Pour moi, qui apprécie le genre sans pour autant être un grand fan (et oui ! Révélation !), Batman encore et toujours mis à part (parce que c’est Batman, question suivante), ces deux œuvres de Raimi auront eu le mérite de faire de Spiderman ma médaille d’argent niveau super-héros, parce que le personnage principal est cool mais surtout parce que ses méchants sont très bons. Puisqu’on parle de Spiderman, on laissera tomber un voile pudique sur l’époque Andrew Garfield (un très bon acteur par ailleurs, no offense, et puis Electro était quand même cool) et on se concentrera sur l’espoir offert par « Homecoming » qui était quand même pas mal du tout.
La scène : la schizophrénie glaçante du Bouffon Vert (excellent Willem Dafoe) dans le miroir.
154. Chicago (Rob Marshall, 2002) :
Aussi incroyable que cela puisse paraître, on peut parfois apprécier un film malgré des conditions de visionnage désastreuses. Bon, pas toujours, cf ma découverte de « Dunkerque » gâchée par les voisins de séance les plus stupides que j’ai jamais rencontré. Mais « Chicago » est un bon contre-exemple car c’est le seul film que j’ai vraiment aimé en le regardant pour la première fois dans un bus. Pourtant probablement l’un des pires contextes pour regarder une comédie musicale, si on mélange petite taille de l’écran et qualité sonore inversement proportionnelle à l’attrait du PS actuellement. Et pourtant, je suis resté fasciné, même sans tout comprendre, particulièrement grâce au visuel et aux numéros des chansons, au point de passer un excellent moment. Les audacieux parallèles entre cabaret rêvé et vie en prison réelle, notamment, se révèlent hypnotisant. A revoir dans de bonnes conditions pour confirmer ou infirmer, un jour, peut-être.
La scène : « When you’re good to mama ».
153. American History X (Tony Kaye, 1998) :
Film choc au sens fort du terme, « American History X » vous attrape à la gorge dès son ultra-violente première scène (dites les mots trottoir et mâchoire à quelqu’un qui a vu le film, vous verrez sa réaction). Le film suit la trajectoire de deux frères l’un, néo-nazi emprisonné pour meurtre (excellent Edward Norton) sur le difficile chemin de la repentance, l’autre séduit par l’idéologie défendu par son ainé. A travers des aller-retours entre passé (en noir et blanc) et présent (en couleur), le film montre habilement la construction et la déconstruction de la haine chez des individus et porte un grand coup de projecteur sur l’extrême violence des mouvements suprématistes américains. Avec les événements de Charlottesville, c’est tristement d’actualité…
La scène : l’ouverture du film, inoubliable.
152. Premier Contact (Denis Villeneuve, 2016) :
« Premier Contact », réalisé par un de mes chouchous actuels, le canadien Denis Villeneuve, met le projecteur sur une question au final peu posé par le cinéma : si les extraterrestres venaient nous rendre visite sur Terre, comment communiquer avec eux ? De cette question passionnante, Villeneuve tire un film à la fois intelligent et prenant, où la profondeur n’évolue jamais vers l’ennui. « Premier Contact » réussit également un exercice généralement périlleux au cinéma : mêler grand moment (fictif ou non) de l’histoire de l’humanité et drame personnel. Ajoutez à cela une photographie extraordinaire et une musique parfaitement adapté au récit, et voilà à mes yeux l’un des meilleurs films de science-fiction récent, voire tout court.
La scène : toute la séquence extrêmement prenante qui va de l’arrivée au camp militaire jusqu’à la première entrée du personnage d’Amy Adams dans le vaisseau extraterrestre.
151. Microcosmos : Le Peuple de l’herbe (Claude Nuridsany et Marie Pérennou, 1996) :
Peut-être le premier documentaire que j’ai vu au cinéma et un véritable choc. Une plongée incroyable dans un univers méconnu et qui a souvent mauvaise presse, celui des insectes. Tout simplement fascinant, « Microcosmos : Le Peuple de l’herbe » déploie sa poésie au rythme de la musique d’une valeur sûre, Bruno Coulais (Bruno on t’aime) et révolutionne le documentaire animalier. Grâce à une technologique spécifiquement prévu pour le film, on est immergé dans ce monde du tout petit de manière incroyable, jusqu’à rester ébahi devant des ravages de gouttes d’eau ou devant un bousier qui pousse sa boule (oui messieurs, dames, parfaitement), tour à tour subjugué, émerveillé, terrifié ou attendri. Ou comment rendre le monde des insectes attractif : un gros pari, remporté de main de maître.
La scène : celle de la sauterelle prise dans une toile d’araignée m’a tout bonnement traumatisé.
On se retrouve vite pour la suite !
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