N’hésitez pas à lire les « précisions avant de commencer » présentes dans le premier article du top !
100. La Cité de la Peur (Alain Berbérian, 1994) :
Autre comédie française culte de ce classement, « La Cité de la Peur » est pour moi comme pour tant d’autres, une mine à moments et répliques légendaires. Si je l’ai vu relativement tard par rapport à d’autres membres de ma génération, il ne m’a pas fallu longtemps pour prendre le train en marche et partager avec mes amis le délice de lancer ici et là des lignes du film. « Vous voulez pas un whisky d’abord ? », « monsieur est commissaire de police », « meurs, pourriture communiste », « c’est une véritable boucherie à l’intérieur », « barrez-vous cons de mimes », « quand je suis content, je vomi », « prenez un chewing-gum Emile » et bien sûr la plus célèbre d’entre toutes, la tirade sur « on peut tromper », il est extraordinaire de constater à quel point les répliques de « La Cité de la Peur », malgré leur côté franchement décalé et absurde, parviennent à trouver leur place dans nos vies quotidiennes. Bref, le talent d’écriture et l’interprétation tout en merveilleusement « trop sérieux » des « Nuls » est à son apogée et le public, ravi.
La scène : très très difficile de choisir, mais on va dire la scène où Kara’ va chercher Odile à l’aéroport.
99. Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl et Pirates des Caraïbes : Le Secret du coffre maudit (Gore Verbinski, 2003 et 2006) :
On a tendance à l’oublier aujourd’hui (le premier volet est tout de même sorti il y a quinze ans… outch le coup de vieux) mais à l’époque, l’arrivée de « Pirate des Caraïbes » sur les écrans fut une énorme claque en terme de fun et un dépoussiérage bienvenu dans le monde des blockbusters. On découvrait émerveillé ce mélange si réussi entre action et humour, cette musique incroyable, cette histoire réveillant habilement des mythologies si prenantes comme les pirates, ces décors qui nous faisaient voyager dans les Caraïbes et surtout, surtout, cet anti-héros sublime, Jack Sparrow, à la fois merveilleux et ridicule, incarné avec une maestria immense par un Johnny Depp habité. Alors certes, la série s’est perdue dans les suites (seul le deuxième accompagne le premier dans mon classement, car il est à mes yeux le seul à en être digne, même si le troisième comporte sa dose de fun) et « Sparrow » a parfois du mal à quitter un Johnny Depp désormais bien enclin au cabotinage, mais tout de même, quel kiff’. Comme quoi, ce peut être une bonne idée de faire un film sur une attraction de parc.
La scène : la première arrivée de Jack Sparrow au port.
98. Chicken Run (Nick Park et Peter Lord, 2000) :
A travers l’excellentissime « Chicken Run », « grande évasion » des poules ultra-savoureuse, c’est ici l’occasion pour moi de rendre un hommage appuyé et ému aux studios Aardman Animations, ces génies qui, avec de la pâte à modeler et beaucoup de patience, créent du rêve, image par image. Les courts-métrages « Wallace et Gromit » ne pouvant être présents dans ce classement (il a en effet fallu me limiter aux longs-métrages, sans quoi la tâche aurait été trop dure et les longs de « Wallace et Gromit », s’ils restent excellents, n’atteignent pas pour moi le niveau de génie des courts et de « Chicken Run »), voilà les poules en porte-drapeau du travail extraordinaire de ce studio. Car tout de même, continuer le pari de la pâte à modeler à l’heure du « tout numérique », continuer à nous apporter des univers vibrant de singularités, toujours remplis de références passionnés au reste de la culture audio-visuelle, c’est un magnifique courage d’artiste. Alors bravo et merci.
La scène : l’évasion volante.
97. 20 000 lieues sous les mers (Richard Fleischer, 1954) :
Un grand classique VHS de ma jeunesse, m’émerveillant enfant et jeune adolescent et présentant aujourd’hui à mes yeux la douce poésie « vintage » de ces vieux films qui ont su captiver notre jeunesse, ces vieux films avec tout leur rituel : le magnétoscope, les bandes annonces d’avant film qu’on connaissait par cœur, le rembobinage ou l’avance rapide avec les raies sur l’écran, ces cassettes qu’on manipulait avec précaution… Et ici, cette histoire de sous-marin si forte : la tension lorsqu’on pense encore qu’il s’agit d’un monstre marin, l’enterrement sous-marin, ces décors magnifiques, l’orgue du capitaine Nemo, la classe de Kirk Douglas… Un must.
La scène : le très connu combat contre la pieuvre géante, un souvenir très fort pour moi.
96. La Vie est belle (Roberto Begnini, 1997) :
Ce film est extraordinaire ne serait-ce que parce qu’il existe. Il repose en effet sur un pari fou : faire rire au sein des camps de la mort nazis. Le résultat : une comédie qui fait pleurer, un mélodrame qui fait sourire, où un père courage tente de divertir son fils en plein milieu d’un camp, en lui faisant croire que tout ceci n’est qu’un jeu. Film résolument à part, mêlant violence et tendresse, c’est un déchirement qui nous fait du bien, un irrésistible cri d’optimisme et d’amour s’élevant depuis le plus profond de l’horreur. Benigni est merveilleux, la fin nous laisse en larmes comme rarement. « La Vie est belle », de par son risque immense, a instauré un incroyable précédent et a rappelé que oui, envers et contre tout, le rire peut être médecin, le rire peut être sublime, si on l’amène bien. Puissant et nécessaire.
La scène : la découverte du charnier, incroyable ascenseur émotionnel où le spectateur prend en pleine figure le rappel du contexte dans laquelle se déroule l’histoire entre ce père et son fils.
95. L’Illusionniste (Sylvain Chomet, 2010) :
Dès son premier long-métrage, « Les Triplettes de Belleville », Sylvain Chomet a su imposer avec une audace tranquille une patte franchement singulière dans le monde de l’animation. A l’époque, peut-être encore un peu jeune, j’avais été respectueusement intrigué par cette bizarrerie qu’était « Les Triplettes de Belleville » mais pas non plus si transcendé. Des années plus tard, « L’Illusionniste », deuxième long animé du même Chomet, m’emporta en revanche véritablement. Je me souviens encore de cette journée où j’avais convaincu un ami d’aller tenter l’aventure. Nous sortîmes tous deux ravis, émerveillé par ce film d’une immense tendresse, sublimement nostalgique. Basé sur un inédit de Jacques Tati, c’est l’histoire d’un vieil illusionniste qui, se sentant dépassé, tente de continuer sa carrière en Ecosse. Là-bas, une petite fille le prend pour un vrai magicien. Magique, c’est un qualificatif qui convient plutôt bien à ce petit bijou de dessin animé aux images magnifiques, sans prétention et si touchant.
La scène : l’arrivée dans le petit village écossais.
94. 4 mois, 3 semaines, 2 jours (Cristian Mungiu, 2007) :
Une ahurissante claque, aussi froide et implacable que ce titre segmenté et chirurgical. Dans la Roumanie de Ceaucescu, deux jeunes colocataires. L’une doit aider l’autre à avorter clandestinement. Bien sûr, tout ne va pas fonctionner parfaitement, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est donc un film sur l’avortement bien sûr, mais aussi sur le dévouement à autrui. « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » prend aux tripes comme peu de films peuvent le faire, de manière glaciale. Témoignage d’une force immense pour balayer la rhétorique de « l’avortement de confort » et un bon paquet des arguments anti-IVG, le film de Cristian Mingiu sait être choc tout en restant d’une très grande subtilité. A l’image de cette réalisation virtuose de simplicité, maniant magnifiquement l’art du détail. Ainsi, par exemple, dans « 4 mois, 3 semaines, 2 jours », l’arrière-plan n’est jamais anodin. Reste à saluer l’interprétation ultra-puissante des deux interprètes principales, chacune dans leur style, pour incarner ces deux figures de femmes aussi fortes que peu clichés.
La scène : la difficilement soutenable scène avec l’homme chargé de l’avortement.
93. La Belle et la Bête (Gary Trousdale et Kirk Wise, 1991) :
On continue donc ce classement avec un autre petit Disney des familles. On y retrouve tous les ingrédients qui font la force des meilleures œuvres du studio d’animation, comme par exemple une histoire solide aux thématiques universelles ou des personnages secondaires amusants, avec un supplément d’épique et de force qui le place à mes yeux dans le peloton de tête des films Disney. Autres grands atouts de « La Belle et la Bête » : des chansons géniales, même pour les standards de la bande à Mickey, et un univers graphique, certes dans la pure lignée des créations du studio, mais avec un quelque-chose en plus en terme de puissance visuelle. Bref, un classique et pas pour rien.
La scène : « C’est la fête », peut-être ma chanson Disney préférée.
92. Habemus Papam (Nani Moretti, 2011) :
La fumée est blanche : après de nombreux jours de conclave, le cardinal Melville a été élu pape. Mais celui-ci ne veut pas de ce rôle et est pris d’une attaque de panique avant de se présenter à la foule. Le collège des cardinaux, bien que sceptique, accepte de demander l’aide d’un psychiatre. Voilà donc la base du scénario (et quel scénario !) d’ « Habemus Papam ». Porté par un Michel Piccoli absolument extraordinaire, l’œuvre de Nanni Moretti aborde de très belle manière des thèmes pourtant très complexes, sans jamais verser dans la caricature. Film à l’ambition rare mais tranquille, « Habemus Papam » est une petite merveille d’humanité et de subtilité. Où il arrive que, l’espace d’une scène (celle de « Todo Cambia », la sublime chanson de Mercedes Sosa ou celle où on demande innocemment à Melville ce qu’il fait dans la vie), la beauté irradie de l’écran, à tel point que j’en ai été par deux fois ému aux larmes, non pas parce que c’était triste, mais parce que c’était beau.
La scène : difficile de choisir justement entre les deux qui m’ont faites pleurer, la première étant le moment où Melville est élu de manière inattendu et tous les cardinaux applaudissent alors qu’un gros plan sur le visage de Piccoli révèle de si belle manière le trouble intérieur du cardinal, la deuxième étant le moment du tournoi international de volley entre cardinaux, où ceux de l’Océanie, qui ne sont que trois, réussissent finalement à marquer un point. A choisir, je dirai la deuxième, pour son côté surprenant et incroyable d’émotions.
91. La Vie et rien d’autre (Bertrand Tavernier, 1989) :
Philippe Noiret est à mes yeux un acteur immense. Une légende. Un monument. C’est d’ailleurs mon acteur français préféré, toutes époques confondues. Alors comment ne pas aimer « La Vie et rien d’autre » de son vieux complice Bertrand Tavernier, où il fait une véritable démonstration de son talent dans le rôle de ce vieux commandant chargé du recensement des soldats disparus après la Première Guerre Mondiale et troublé par deux femmes à la recherche de leurs amoureux perdus. Extrêmement touchant de rude pudeur, il illumine ce film fort sur l’après de cette boucherie insensée que fut cette guerre. César du meilleur acteur à l’époque, évidemment.
La scène : le sublime monologue final avec la voix chaude de Noiret qui résonne en voix off.
90. Les Nouveaux Sauvages (Damián Szifrón, 2014) :
Revoir un film peut pousser à l’apprécier encore plus. C’est exactement ce qui s’est passé dans mon cas avec « Les Nouveaux Sauvages », juste aimé au premier visionnage et dont je n’ai réalisé le caractère franchement génial qu’il avait à mes yeux qu’en le revoyant avec des amis. C’est une pépite pleine de fureur et de sauvagerie (sans déconner !) enchainant plusieurs fables sur la violence contemporaine quotidienne, non pas celle du crime, mais celle de tous les instants, une violence amplifiée jusqu’à devenir grotesque. C’est souvent hilarant, parfois cruellement jouissif, parfois juste malaisant et même touchant de temps à autre. Comme souvent dans ce genre de films, le côté « film à sketch » rend les segments au final assez inégaux, mais la moyenne est très haute et les meilleurs moments sont franchement extraordinaires (Pasternak, Bombita, l’accident de voiture dans un style tout à fait à part et surtout l’incroyable mariage, bouquet final génialissime). L’autre coup de génie du film est de parler de l’Argentine contemporaine avec des thématiques qui frapperont quiconque connaît bien ce pays, tout en gardant suffisamment d’universalisme pour parler à beaucoup de monde.
La scène : le final du mariage, meilleur segment du film.
89. The We and the I (Michel Gondry, 2012) :
Avant tout connu pour « Eternal Sunshine of the Spotless Mind », Michel Gondry poursuit sa carrière tranquillou depuis, en affirmant film après film une patte faite d’hommages au bricolage, d’effets spéciaux souvent volontairement enfantins, de ton humaniste et de bonnes musiques. En 2012, Mich’ réalise un film passé plus ou moins inaperçu : « The We and the I ». C’est un véritable bijou discret. On y voit le (long) parcours d’un bus ramenant chez des élèves d’un lycée du Bronx pour le début des vacances. Au fur et à mesure que le bus se vide, les comportements évoluent, se font plus sincères. Démonstration implacable mais aussi très touchante du changement des comportements humains selon qu’on soit en groupe ou solitaire (le titre du film annonçant bien la couleur), « The We and the I », porté par ses acteurs amateurs, avec son huis-clos original (puisqu’il s’agit d’un bus, l’intérieur est évidemment connecté à l’extérieur) et sa bande-son géniale, est une pépite de subtilité. Avec en cerise sur le gâteau, un faux Donald Trump en guest du récit mythomane d’un des passagers, savoureux à regarder aujourd’hui.
La scène : l’inattendue nouvelle finale.
88. Le Loup de Wall Street (Martin Scorcese, 2013) :
Quand Scorcese s’attaque au monde de la finance en adaptant l’autobiographie de Jordan Belfort, cela donne un film de fou furieux de presque 3H quasiment sans temps mort, une œuvre sur-vitaminé, une déflagration déguisée en cinéma, une bombe. Une véritable folie, à la hauteur du monde qu’elle dépeint, cette finance démiurgique, en roue libre, où les Jordan Belfort de tous styles s’en donnent à cœur joie. Le seul reproche qu’on pourrait éventuellement faire à ce film, c’est d’un peu noyer sa dénonciation dans la démesure, mais en terme de pur plaisir de spectateur, quel pied ! L’une des meilleures perf’ de DiCaprio pour laquelle il méritait largement plus un Oscar que pour sa démonstration masochiste et baveuse dans « The Revenant ». Manque de bol, cette année-là, McConaughey (présent aussi au générique du « Loup de Wall Street ») faisait très fort dans « Dallas Buyer Club » et le voir remporter le prix n’avait rien de scandaleux. Reste donc à réapprécier cette performance démente de Léo’ non pour les récompenses, mais pour ce qu’elle est : hallucinante.
La scène : celle, culte, où Matthew McConaughey fait sa fameuse musique en se frappant le torse.
87. Aladdin (John Musker et Ron Clements, 1992) :
Un nouveau Disney pour poursuivre, avec donc « Aladdin », le chef d’œuvre de 1992, l’un des plus beaux porte-étendards du « nouvel âge d’or » du studio, auquel les enfants des 90’s dont je fais partie, doivent une enfance dont les classiques sont pour beaucoup estampillés « Mickey » (même si j’ai la chance d’avoir pu m’ouvrir à d’autres dessins-animés comme vous le constaterez tout au long de ce classement). Histoire entraînante, animation chiadé, méchant charismatique, personnages secondaires excellents, tout y est pour passer un super moment. Mention spéciale au délirant Génie, peut-être le meilleur personnage de Disney, ce qui n’est pas peu dire, messieurs dames !
La scène : « Prince Aliiiii, oui c’est bien lui… ». Une chanson qui fait partie de la crème de la crème de la musique Disney.
86. Soyez sympas, rembobinez (Michel Gondry, 2008) :
Autre pépite de l’ami Michou’ Gondry, « Soyez sympas, rembobinez » a de attirer l’attention rien que par son pitch délirant : suite à un accident, l’ami du fils d’un propriétaire de magasin de location efface toutes les VHS dudit magasin. Sans se démonter des genoux, les deux compères décide de masquer la catastrophe en « suédant » tous les films perdus, c’est-à-dire en les tournant avec les moyens du bord. SOS Fantômes, Rush Hour 2… tout y passe pour notre plus grand bonheur, émerveillé que nous sommes par ce bricolage tout à la fois ridicule et magique. C’est évidemment un délicieux hommage au cinéma, qui a lancé la souvent savoureuse mode du « suédage », le remake amateur de films.
La scène : les événements finaux, pleins d’émotions.
85. Spartacus (Stanley Kubrick, 1960) :
A l’heure de dresser la liste des chefs d’œuvres de Kubrick, il ne faut pas laisser de côté « Spartacus ». Porté par la plume d’un Trumbo et la force évocatrice de son inspiration historique, habité par le charisme immense d’un Kirk Douglas et le génie artistique de Stanley, « Spartacus » est un film immense, un sublime péplum bien sûr, mais également bien plus que cela : une épopée aux valeurs superbes, qui malgré tout, semblent ne pas avoir pris une ride. Un film d’une incroyable force mais aussi d’une terrible dureté, où la destinée individuelle vient rejoindre l’histoire pour affirmer, qu’importe les siècles, le combat au nom de l’humanisme. On en sort groggy et pensif. L’épique au service des valeurs, tout « simplement ».
La scène : la scène finale.
84. The Truman Show (Peter Weir, 1998) :
Si aujourd’hui, nous sommes tous familier avec le célèbre pitch du « Truman Show » (pour ceux qui ont passé les vingt dernières années à chasser les manchots en Antarctique, c’est l’histoire d’un mec dont toute la vie n’est en réalité qu’un show TV), il faut imaginer la déflagration que ce film a représentée à sa sortie. Certes, le ton est plus tragicomique que véritablement dramatique au sens âpre du mot, mais cela n’enlève rien au côté incroyablement glaçant de cette histoire, d’autant plus marquante qu’elle reste malgré tout plutôt crédible (ce qui amène d’ailleurs l’écrasante majorité des spectateurs à se poser des questions, quasiment tout le temps seulement pour rire, certes, mais tout de même). Film d’un impact immense, dénonciation ultra bien-vue des dérives de la télé réalité et de la publicité et en même temps plaidoyer touchant pour la liberté de l’homme, avec un Jim Carrey prouvant au monde entier qu’il n’est pas seulement un pitre, certes génial, « The Truman Show » garde, vingt ans après, toute sa force.
La scène : celle où Truman atteint pour la première fois les limites, peintes, de l’immense studio.
83. Mulan (Tony Bancroft et Barry Cook, 1998) :
Au sein des Disney, on commence à toucher à mes chouchous parmi les chouchous. Si « Mulan » me plait autant, ce n’est pas seulement pour l’inénarrable Mushu, pour son héroïne attachante et forte, pour son récit si prenant, pour sa chanson « Comme un homme » qui rentre dans le crâne, pour le charisme des ennemis, pour l’incroyable scène finale mené à un rythme trépidant, pour le fait que Disney casse son stéréotype de princesse pour mon plus grand bonheur, pour l’animation encore excellente, pour les répliques savoureuses… en réalité, si « Mulan » me plait autant, c’est tout simplement pour tout cela à la fois, et quelques autres choses encore.
La scène : le fabuleux combat contre les Huns dans les montagnes.
82. Sound Of Noise (Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson, 2010) :
L’un de mes OFNI (Objet Filmé Non Identifié) préféré, un bijou de chez bijou, dont je serai probablement passé à côté si lors d’un festival de court-métrage organisé par l’association TILT à Marseille (j’en profite pour rendre un hommage extrêmement appuyé à cette association, responsable de projections en plein air mémorables et de découvertes d’une grande somme d’extraordinaires courts-métrages) ne m’avait pas fait visionner « Music for One Appartment and Six Drummers », le court qui a inspiré le long, qui m’avait à l’époque beaucoup marqué. Voyant au hasard d’une critique de presse ou d’Allo Ciné, que sais-je, qu’un film tout entier par la même équipe et sur un principe semblable, sortait confidentiellement dans les salles françaises, j’y ai trainé quelques amis et nous sommes tous sortis enchantés. Le scénario est délirant : une bande de bandits musicaux sème la terreur dans une ville au hasard de concerts improvisés avec des objets du quotidien, comme par exemple dans une banque. Ils sont traqués par un inspecteur qui déteste la musique. C’est iconoclaste, jouissif, c’est un hommage canaille à la liberté de l’art et un manifeste contre le conformisme, c’est méga-punchy, bref on se rrrrrrégale.
La scène : au milieu de toutes les scènes plus marquantes les unes que les autres, je détacherai celle dans la banque, qui lance véritablement le concept du film.
81. Robin des Bois (Wolfgang Reitherman, 1973) :
Disney encore, grand classique de l’enfance again (et oui, je suis un kid d’une génération plutôt biberonné à Disney, faut-il le rappeler ?), au point de demander des tonnes de jouets venus du film au Père Noël (en étant évidemment déçu), voilà donc ce génial « Robin des Bois » animalier, ses personnages savoureux, son air musical entêtant, son histoire entrainante et son état d’esprit très gentiment voyou. Pourquoi « Robin des Bois » aussi haut par rapport à d’autres Disney ? Sans doute parce que pour le gosse que j’étais, il y avait là, outre les ingrédients Disney classiques, quelque chose de très attirant dans cette rencontre entre un monde médiéval qui, comme beaucoup d’enfants, me fascinait et la représentation des personnages en animaux. Voilà pour l’explication partielle, car tout non plus ne s’explique pas dans les coups de cœurs, ce serait un peu dommage.
La scène : la fin du tournoi de tir à l’arc.
80. Match Point (Woody Allen, 2005) :
C’est le premier Woody Allen que j’ai vu de ma vie, autant vous dire que je n’ai pas commencé par un film véritablement représentatif de l’état d’esprit du bonhomme. Mais c’est aussi mon film préféré de ce réalisateur. Thriller sensuel et asphyxiant, au suspense dément, révélant au passage Scarlett Johansson (au passage, hein), « Match Point » est un film à la mécanique implacable, qui emporte son spectateur dans une lente escalade parfaitement maitrisé, le prend soudainement à la gorge pour ne plus le lâcher ensuite. Œuvre amère sur l’hypocrisie et l’arrivisme (le personnage de Jonathan Rhys Meyer agit exclusivement pour sauvegarder son nouveau statut social) c’est un coup d’éclat en forme de thriller remarquable.
La scène : la scène finale.
79. Duel (Steven Spielberg, 1971) :
Dès son tout premier film, Spielberg frappait fort. Très très fort. La réussite de « Duel » est prodigieuse. Rendre passionnant le duel entre un immense camion dont on ne voit jamais le conducteur et un simple quidam au volant de sa voiture ? Pour un bon court-métrage, passe encore, mais pour un long… Entre d’autres mains, tout cela tournait facilement au nanar. Et pourtant, avec trois fois rien, Steven, en exploitant incroyablement bien toutes les ressources de son terrain de jeu (la route) parvient à créer une ambiance incroyable de suspense et de tension, prouvant dès son premier film sa capacité impressionnante à transporter son public. Il ne se passe rien d’hallucinant visuellement, le budget est dérisoire par rapport à n’importe quelle production grand public actuel, et on est tenu en haleine du début jusqu’à la fin par ce combat de David et Goliath routier. Plus qu’un excellent film, une démonstration de cinéma.
La scène : celle avec les gosses dans le car scolaire, révélateur de la relation pas toujours si tendre que Spielberg entretient avec l’enfance.
78. Chantons sous la pluie (Stanley Donen et Gene Kelly, 1952) :
Le classique des classiques de la comédie musicale, et ce n’est pas peu dire que ce n’est pas pour rien. Ultra-divertissant au sens noble du mot, « Chantons sous la pluie » enchaîne les numéros devenu culte avec une aisance superbe, tout en développant, derrière son bon esprit agréable, une histoire loin d’être inintéressante sur une période charnière de l’histoire du cinéma : le passage au parlant, qui brisa véritablement la carrière de certaines stars du muet. De « Good Morning » au cultissime « Singin’ in the rain », en passant par le démentiel « Make ‘em laugh », le public est pris dans une danse génialissime, et ne reprend son souffle que le temps d’être touché par la belle histoire entre les magnifiques Gene Kelly et Debbie Reynolds. Un film enchanteur.
La scène : le véritable génie de « Chantons sous la pluie », c’est Donald O’Connor, il suffit de regarder le moment de « Make ‘em laugh » pour s’en convaincre, et de rester bouche bée et les yeux écarquillés pendant un long moment, face à une performance aussi démentielle (et le mot est faible), qui tint d’ailleurs l’acteur alité quelque temps après au moment du tournage. Haut, très haut, dans le palmarès de mes scènes cultes.
77. Le Livre de la jungle (Wolfgang Reitherman, 1967) :
Oh tiens, un Disney ! Cela faisait longtemps ! Et bien sûr, on parle ici d’abord d’un grand classique de mon enfance, spammé un fort grand nombre de fois par mes yeux de bambins. Pour « Le Livre de la jungle », la base de la recette du succès est la même, mais avec une qualité globale encore au-dessus que ce soit dans les personnages secondaires forts (Colonel Hathi, Kha, le Roi Louie…) et les chansons trop stylés (« Un homme comme vous », « La Patrouille des Eléphants »…). La diff’ ? Ce combat haletant avec Shere Khan (un méchant qui impose), une fin émouvante, le nombre de scènes cultes et surtout Baloo. Vive Baloo. Baloo forever. Le moment où on croit qu’il meurt, j’étais en PLS. Heureusement que c’était faux, putain.
La scène : « Il en faut peu pour être heureux », pardi !
76. Dumbo (Ben Sharpsteen assisté de Norman Ferguson, Samuel Armstrong, Wilfred Jackson, Bill Roberts et Jack Kinney, 1941) :
Nooooon, un Disney ? Incroyable, il n’y en a pourtant pas beaucoup dans ce classement ! Mais blague à part, et sans faire injure aux productions de ce studio déjà évoquées, je dois dire qu’il y a dans « Dumbo » à mes yeux, un petit quelque chose en plus par rapport à elles. Comme un supplément d’âme dans l’histoire si touchante de cet éléphanteau volant, décrié pour ses grandes oreilles, qui cherche sa mère enfermée pour avoir rossé un gamin qui se moquait de son petit. Pour un peu, il y aurait là comme une critique du traitement animalier… Alors certes, dans « Dumbo » les cigognes apportent les bébés, mais l’histoire de ce pauvre éléphanteau moqué qui finit par se servir de son handicap pour imposer le respect, ce moment où sa mère lui chante cette chanson déchirante, « Mon tout petit », toute cette histoire, tout cela me fait un grand quelque chose. On a peine à croire que ce dessin animé date de 1941.
La scène : Le moment des éléphants roses et de leur chanson délirante, « La Marche des Eléphants », une de mes scènes Disney les plus cultes et par ailleurs assez osée pour l’époque.
Les articles précédents :
De la 200éme à la 176éme place.
De la 175éme à la 151éme place.